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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Oliver bouillait. Serait-il possible que… ?

Il fallait qu’il sache, et pour cela, il n’y avait qu’un moyen. Il respira lentement, il ne s’agirait pas de bafouiller :

— Hello Miss ! Are you the translator ? (Bonjour Mademoiselle, êtes-vous l’interprète ?)

Elle bondit sur son siège et son livre tomba. Oliver le ramassa et en profita pour regarder la couverture « Produire la richesse autrement – Usines récupérées, coopératives, microfinances… Les révolutions ». Watt ! Une Communiste ?

Surprise, elle s’était levée et le regardait. Elle porta la main à son crucifix et s’écria en français :

— Madrededios ! Ce n’est ni Ken, ni Quasimodo ! C’est un ange !

Oliver douta de ce qu’il venait d’entendre. Il pensait pourtant assez bien maîtriser sa langue. De toute manière, il était censé n’y entendre goutte. Il questionna :

— Sorry, What whas that ? (Désolé, qu’avez-vous dit ?)

Elle lui saisit la main et la serra vigoureusement en se présentant :

— Mr Whitaker ? Je m’appelle Dolorès Rodriguez !

Elle avait de magnifiques yeux noirs et son sourire était lumineux. Elle parlait anglais avec un amusant accent chantant nota-t-il. Mais elle lui avait saisi la main sans qu’il la lui tende, ce qui signifiait qu’elle n’avait aucune manière. Si l’on ajoutait son allure débraillée et ses lectures malsaines, c’était inacceptable !

Il la toisa et assena, glacial :

— Votre tenue est indécente, négligée et sale !

Elle se raidit :

— Ma tenue n’est pas indécente ! répliqua-t-elle irritée. Elle est adaptée aux fortes chaleurs !

Elle tira rageusement sur sa blouse chiffonnée :

— Je ne suis pas négligée, juste un peu froissée car j’ai dormi en route. Mais c’est de votre faute ! Votre dragon m’a empêché de travailler hier et j’ai passé toute la nuit sur ma thèse. Quant à être sale…

Elle s’examina et découvrit qu’une tache de gras maculait sa tunique :

— Merde !

Elle le regarda et se pinça les lèvres, gênée :

— Sorry ! Un petit incident pendant le voyage !

Elle frotta vainement le tissu :

— Saleté de… Je suis désolée, ajouta-t-elle avec vivacité, mais ce sont des choses qui arrivent ! De toute manière, mon sac de vêtements est resté dans le coffre de votre carrosse, donc il vous faudra faire avec.

Oliver bouillait. Jamais aucun employé n’avait osé lui parler de la sorte !

— Mais… Mais enfin, ces couleurs psyché… psychédéliques ! Lorsque vous êtes assise, on voit vos…, votre…gorge ! Ce.. lampan… pantalon est trop moulant, on devine… Cela vous arrive de vous coiffer ! De vous maquiller ! De faire des manucures ? Quant à vos chaussures ? Elles n’ont même pas de talons ! Et toute cette quincaillerie ? Vous vous prenez pour un arbre de Noël ?

Elle le foudroya de ses prunelles d’ébène :

— Ce pantalon est un legging, agréable à porter et adapté pour la saison. Mon top vert, n’est pas trop ajusté. Il descend bas sur mes hanches, ce qui masque un endroit où je vous interdis de poser les yeux. Mon décolleté est tout à fait correct ! À moins, Monsieur le Puritain, que l’on ne lorgne dedans ! Le maquillage par cette chaleur risque de me faire ressembler à un panda. Je ne tiens pas à empoisonner mes ongles avec les produits nocifs qui sont dans les vernis ! Quant à me payer une manucure ? Vous vous croyez dans Gossip Girl ? Mes chaussures sont jolies et confortables et je ne porte jamais de talons hauts. Ils ne sont que des pourvoyeurs d’entorses. Ma quincaillerie, comme vous dites, me plaît ! Et comme nous sommes dans un pays de liberté, je n’ai rien à faire de votre avis sur ce sujet ! Surtout quand vous arrivez en portant un costume en laine par ce cagnard. Et qu’en outre, vous n’avez pas la politesse d’ôter vos lunettes de soleil à la Tom Cruise pour m’adresser la parole !
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Oliver leva les yeux au ciel, il savait qu’un sermon allait suivre :

— Le premier Whitaker américain a débarqué à Plymouth au milieu du XVIIe siècle et un de mes aïeux a traversé l’atlantique sur le Mayflower.

Oliver ironisa :

— Un collatéral au sixième degré !

Il consulta de nouveau sa montre et marcha vers le fauteuil placé à côté de sa mère. Il se munit de la cravate encore nouée abandonnée sur l’assise, élargit la boucle avant de la passer à son cou et se dirigea vers sa salle de bains privative. Il y entra en laissant la porte ouverte.

— Peu importe insista-t-elle, c’est un de mes aïeuls, donc un des tiens, cela suffit.

Voyant que son fils l’ignorait. Elle se leva et le poursuivit jusqu’au seuil de la salle d’eau où elle s’arrêta et reprit en agitant son index :

— Tu es impossible Oliver ! N’oublie pas qu’à chaque étape de la formation de ce pays…

— Un Whitaker s’est illustré avec honneur, ânonna Oliver en ajustant sa cravate devant le miroir. Je connais ton antienne mère. Je l’entends depuis tout petit.

Il se tourna vers sa mère :

— Mais, tu sais, j’ai grandi depuis. J’ai un peu lu et fait quelques découvertes. Par exemple, je sais que pendant la guerre d’indépendance, Réginald Whitaker a d’abord soutenu les Anglais avant de se découvrir, lorsque le vent a commencé à tourner, un amour opportun pour la démocratie.

— Ce qui compte, c’est que contrairement à toi, il a compris où résidait l’intérêt de la famille ! ajouta-t-elle, d’un ton pincé. C’est à lui que l’on doit la création de la première banque Whitaker et le début de la fortune familiale !

— Fortune qu’il a édifiée en prêtant de l’agent à une toute jeune nation qui s’en servit pour acheter des fournitures de guerre ! Argent qu’il a récupéré avec intérêt dès que les Français nous ont fait parvenir des subsides !

Elle haussa les épaules :

— À t’entendre, on dirait que la famille est responsable de la Révolution française !

— Je n’irai pas jusque-là, mais ce que je sais, c’est que pendant la Guerre Civile et celles qui ont suivi. La banque Whitaker prêtait à l’Etat Fédéral de l’argent qui servait à acheter du matériel fabriqué dans les usines Whitaker ! Ce qui ne nous a pas empêchés d’être ruinés en 1929 !

— Encore une fois, un Whitaker a saisi l’opportunité quand elle s’est présentée et nous avons retrouvé la prospérité. Et pour toi, continua-t-elle, l’opportunité consiste à te marier avec une descendante de colons hollandais afin d’encrer un peu plus la maison Whitaker dans l’histoire de ce pays !

— Et d’intégrer de nouveaux réseaux susceptibles d’être utiles aux ambitions politiques de Père, ironisa Oliver en retournant s’examiner dans la glace.
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Ils arrivèrent promptement chez le père de Dolorès. Celui-ci, qui devait les guetter, apparut aussitôt sur le seuil et écarta ses bras pour accueillir sa fille qui s’y jeta. Il la serra contre lui, puis se recula pour l’examiner. Ce qu’il découvrit ne lui fit pas plaisir. Il leva les bras au ciel :

— Oh ! Pute borgne ! Y me l’a fait pleurer ! Je vais te l’estriper et l’escagacer que même sa mère elle le reconnaîtra pas !

Ses imprécations rameutèrent les oncles :

— Qu’est-ce qui l’a dit le José ? La petite a pleuré ? Il est mort !

— Y va se prendre un taquet qui va lui noircir l’autre œil !

— Un taquet ! C’est tout, il faut le pendre avé ses tripes !

Yacine, qui cherchait à entrer avec Samira, hurla pour se faire entendre :

— Putain ! Escapez-vous ! Vous l’esquichez, elle va finir par manquer d’air !

Penauds, Ils reculèrent jusqu’au centre de la pièce. Yacine et Samira purent ainsi accompagner leur amie jusqu'à un fauteuil où elle s’assit :

— Maintenant, vos gueules ! brailla Yacine. M’est avis, que ce gadjo , y ce comporte pas comme un patron !

— C’est sûr ! affirma Ange, qui arrivait tranquillement du jardin.

Il posa son postérieur sur le bras du siège où Dolorès était assise et commença à replier le tissu de ses manches avec application :

— Mais patron ou pas, on ne va pas laisser un estranger traiter la petite de cette manière. C’est une question d’Honneur !

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