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Citation de Partemps


Notre langue d'aujourd'hui est encore celle que parlent Platon et
Aristote. Notre mode de représentation aussi est encore celui dans
lequel pensent Héraclite et Parménide. Seule la référence à la conscience historique moderne voudrait nous faire croire que ce sont des
personnages qui appartiennent au Musée de l'Histoire de l'Esprit et
dont on peut, si besoin est, et avec l'aide de l'érudition, faire de
nouveau une « exposition ». Parce que nous savons à peine en quoi ·
repose l'essence de la langue, nous croyons naturellement que notre
motocyclette, par exemple, qui se trouve dehors dans le parking de
l'Université, est plus réelle qu'une pensée de Platon sur l'idea ou
d'Aristote sur l'energeia, pensées qui pourtant s'adressent à nous et
nous requièrent dans chaque concept de la science actuelle - et non
là seulement - sans que nous prêtions véritablement attention à une
relation que l'on prend à peine en considération. On continue toujours à croire que la tradition est passée et qu'elle n'est plus qu'un
objet de la conscience historique. On continue toujours à croire
qu'elle est ce que nous avons proprement derrière nous, quand elle
vient au contraire vers nous parce que nous sommes exposés à elle et
qu'elle est notre destin. L'aspect purement historique de la tradition
et du cours de l'histoire appartient à ces illusions lourdes de conséquences dans lesquelles il faut que nous demeurions pris aussi longtemps que nous ne pensons pas encore véritablement. Cette illusion
sur l'histoire nous empêche d'entendre la langue des penseurs. Nous
entendons mal parce que nous prenons cette langue seulement
comme expression - expression dans laquelle les philosophes
proposeraient leurs vues. Mais la langue des penseurs dit ce qui est.
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