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Citation de Partemps


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Tout ce qui est présent, comme ce qui s’absente, se caractérise par cette emprise.
La distance dépend de l’emprise. L’emprise repose dans la proximité. C’est céder
à la facilité que de croire que la distance consiste, de notre point de vue, en un faceà-face [25]. La distance ne semble alors atteinte que dans le vis-à-vis, assurée en
l’objectivé qui fait face (Gegenständige). Mais l’objectivé n’est que le dernier terme,
l’ultime reste de ce qui se tient à distance (Abständige). À peine ce qui est présent
devient-il l’objectivé de la représentation que l’absence de distance commence,
quoique de manière encore imperceptible, à imposer sa domination. En cet objectal (Gegenständlichen), nous avons posé devant nous ce qui nous concerne. C’est
ainsi que cela nous demeure éloigné, comme nous en demeurons loin. Si c’est
d’abord, en apparence, par elle que ce qui est présent peut nous faire encontre,
cette représentation objectale est pourtant déjà, en son déploiement même, une
attaque portée à l’encontre de ce qui nous concerne. Dans l’apparence de pur
présent qu’offre l’objectivé, ce qui est objectif (Objektive), se dissimule l’avidité
(Hab-gier) qui pousse la représentation calculante à tout s’accaparer. À ce qui est
ainsi objectivé ressortissent également les conditions au sein desquelles nous avons
rapport à nous-mêmes, nous lançons nos recherches et nous nous analysons. C’est
avec la psychologie et la domination de l’explication psychologique que s’amorce
le nivellement de ce qui est propre à l’âme et à l’esprit dans ce qui, accessible à
chacun à tout moment, marque au fond déjà l’absence de toute distanciation. En
ce qu’il domine, ce qui est objectivé ne préserve pas la distance. C’est bien plutôt
son absence qui sourd déjà en cette domination et se prépare à affluer. Si la distance dépend bien de l’emprise, là où son absence domine, rien ne nous concerne
alors plus en propre. Tout est ramené au trait fondamental de l’équi-valence
(Gleich-Gültigkeit), que toutes sortes de choses se présentent encore çà et là à nous,
tel un éclat perdu. L’emprise de l’équi-valent est ce qui nous emporte dans ce qui
nous est égal, lequel n’est ni loin ni proche, pas plus qu’il ne nous échoie en ce qu’il
s’éloigne ou se rapproche. L’absence de distanciation a ainsi prise sur l’homme de
façon si décisive que cette absence le concerne partout, en son uniformité, de
manière identique. L’uniformité de cette emprise à travers l’absence de distance
consiste en ce que l’homme ainsi épris ne cesse, chaque fois, de succomber de nouveau à la même vacuité. Ce qui déploie ainsi sa présence hors de toute distance
n’en continue pas moins d’avoir prise sur nous et de nous faire face. L’absence de
distance a en effet une position (Stand) qui lui est propre. Sa permanence (Ständigkeit) opère dans l’emprise inquiétante de ce qui est partout équi-valent.
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