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Citation de Cielvariable


"Quelque part en forêt de Brocéliande. Printemps mil quatre-vingt-dix-sept"
A présent, mon amour s’en va. Déjà sa silhouette se mêle à la brume qui monte de la terre fraîchement retournée, déjà elle s’enfonce dans les profondeurs de mon souvenir.
Quand reviendra-t-il ? Reviendra-t-il ? Je retiens mes larmes. J’ai peur que la lune n’en fasse des perles de lumière que Luern verrait de loin. Comme s’il allait se retourner. Comme s’il m’aimait…
Mais bien sûr qu’il m’aime ! Seulement il est jeune encore. Il n’en sait rien encore, il n’a pas su voir encore cet amour d’Ana, « sa petite sœur ».
Toujours il m’a appelée « ma petite sœur ».
Luern s’en va et c’est moi qui l’ai aidé à partir. Si je ne l’avais pas fait, il n’aurait peut-être pas osé. Il serait demeuré là, près de ses parents qui seront épouvantés demain quand je leur annoncerai la nouvelle de son départ, qui passeront tout le temps de sa longue absence, à redouter qu’il ne revienne jamais de la croisade, parce qu’il est leur fils préféré, et parce qu’ils n’ont que lui à qui léguer leur héritage puisque Bran est un innocent. Pauvre Bran. Pauvre moi.
C’est vrai, j’ai aidé Luern à partir, mais de toute façon, il s’en serait allé tôt ou tard. C’est mieux qu’il parte maintenant, mieux qu’il ne devienne pas aigri ou stupide comme ces jeunes seigneurs qui passent leur temps à tuer les chats et à jouer leurs serfs aux dés. Luern a toujours eu cette rage de chevalerie en lui, le barde n’a fait que la réveiller. Et ce chevalier aussi. Cet Olivier si fier qui me regardait comme une petite fille, qui ne comprenait pas que je sois familière avec Luern, moi, simple fille de métayer.
J’ai seulement montré à Luern qu’il pouvait réaliser son rêve, que c’était possible, que je m’occuperai de tout en son absence. De ses parents, de tout. C’est vrai, je l’ai aidé à partir. Mais peut-être son départ était-il déjà inscrit dans le livre divin. Ce livre que parfois il m’est permis de lire comme en ce jour de mai où j’eus une si étrange vision.
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