"Nous ne disons pas tout à tous et à tous moments"
Il y a ce que nous gardons pour nous et ce que nous décidons de partager avec autrui en toute liberté.
Selon Arnaud Lévy, "Le secret joue le rôle d'un bien précieux, de quelque chose de l'ordre du privé, du personnel. Les expressions "c'est mon secret", "le secret des dieux", "les secrets d'alcôve" insistent tout à la fois sur la notion d'appartenance et sur celle du privé."
"Le secret est là ce que l'individu possède en propre, ce qu'il a de plus personnel, de plus intime..."
On entend dans le langage courant : c'est ma vie, c'est mon espace de liberté, c'est mon jardin secret ! Le secret est à la fois un lieu, un espace, un univers personnel et aussi une multitude d'idées, de pensées, de fantasmes, de vécus contenus dans ce lieu privé et personnel qui donnent accès à l'intimité. La cache secrète est inaccessible à qui que ce soit d'extérieur et ce qu'elle contient est strictement privé, personnel et confidentiel. Seul le détenteur peut, selon son bon vouloir, confier ses secrets.
"Quand un enfant vous dit : "j'ai un secret", il affirme sa différence : il a ce que vous n'avez pas et qui dépend de lui".
Le secret met une frontière entre nous et les autres. Il nous permet de construire un territoire privé infranchissable, inaccessible aux autres, sans l'accord de celui qui le détient.
Toutes les familles ont leurs codes, leurs lois, leurs règles intérieures mais toutes dépendent des grands lois fondamentales de la vie.
Quand il y a transgression des lois familiales ou des interdits fondamentaux, c'est le silence ! Ainsi se construit le secret.
"La naissance d'un secret implique qu'une loi implicite ou explicite ait été transgressée, ce qui entraîne une dévalorisation de l'image de soi ou de celle de la famille."
Les événements constitutifs de secrets de famille sont ceux qui tombent sous le coup de la loi sociale (le séjour en prison du grand-père par exemple), les événements porteurs de honte (l'abandon d'un enfant, l'homosexualité du tonton...) et les situations trop douloureuses et angoissantes (le suicide, l'internement en camp de concentration, la torture...).
Ces événements vont engendrer des sentiments de honte, de peur, de culpabilité et générer beaucoup d'angoisse et de souffrances.
Ainsi, tout un dispositif se met en place pour taire l'événement ou le nier.
La première règle absolue est le silence : "motus et bouche cousue".
Cette règle s'impose à tous comme allant de soi ! On n'en parle pas, on ne pose pas de question, on évite le sujet par tous les moyens. De nouvelles règles de communication vont s'instaurer pour que le secret soit protégé et reste dans l'ombre.