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Citation de Crunches


Ce n’était pas ma dernière nuit sur terre : elle avait eu lieu l’avant-veille. Pas la peine de m’apitoyer sur mon sort. J’avais été une fille bien sage toute ma vie et maintenant, j’allais en être récompensée, bordel ! Je n’avais pas du tout l’intention d’errer comme un zombie, à terrifier les gens et à faire comme si j’avais toujours ma place en ce bas monde.
- Dieu, commençai-je tout en essayant de garder l’équilibre. C’est moi, Betsy. Je viens te rendre une petite visite. Prépare la chambre d’ami !
Je sautai alors du toit et combattis l’envie de me mettre en boule avant de percuter le bitume, tête la première, comme prévu. Ce qui ne l’était pas du tout, c’était cette douleur insupportable à la tête et le fait que ne me retrouvais ni inconsciente, ni auprès de mon pote le bon Dieu.
Gémissant, je me pris la tête entre les mains. Lorsque mon mal de crâne commença à se calmer, je me mis debout… pour me faire rouler dessus par un camion poubelle matinal.
Je n’eus que le temps de voir les lèvres du conducteur horrifié articuler « Nom de Dieu ! Madame, attention ! » ou quelque chose dans le genre, avant que mon front ne percute la calandre du véhicule. Je me sentis alors glisser comme un pigeon qui a aurait percuté un pare-brise et tombai par terre, sur le cul. Ça faisait moins mal que la calandre, mais de peu.
Pendant un long moment, je restais allongée sur la route, à me demander sérieusement s’il fallait que je me relève. En définitive, je me dis que je ne pouvais pas rester là pour l’éternité (j’étais de toute façon incapable de reposer en paix où que ce soit) et me redressai lentement. Lorsque, debout, j’époussetai ma jupe de vieille et dégageai les cheveux de mon visage, conducteur fit marche arrière et se tira sans demander son reste. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir : je devais faire peur à voir. Mais avait-on déjà entendu parler d’un camion poubelle en délit de fuite ?

Je ne m’avoue pas facilement vaincue. Me jeter dans le Mississippi se solda par un échec : je découvris que je n’avais plus besoin de respirer. Après une demi-heure dans le fond vaseux du fleuve à attendre patiemment de me noyer, je décidai d’abandonner et de remonter sur la berge. Le plus étrange, c’est que je ne sentais pas le froid alors qu’il ne devait pas faire plus de 5°C et que j’étais totalement trempée.
M’enterrer avec un câble électrique dans les mains n’eut pas plus de résultat (sauf pour mes cheveux – un vrai désastre !).
Je bus alors une bouteille entière d’eau de Javel, mais le seul effet secondaire fut un curieux cas de gorge sèche… J’avais une de ces soifs !
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