Il nous faut quelque chose qu’on peut mordre, quelque chose qui tienne au corps. Ne sait-on pas que le respect n’est pas l’unique altruisme et qu’à brusquer, on s’expose, on prend, on se donne. Nous en avons assez de ce que nous savons sur nous-mêmes. Qu’on retourne profondément la terre, que tout se retrouve cul par-dessus tête, qu’on exhume toutes les racines, qu’on les tranche, qu’elles jonchent la terre, que tout soit saccagé. Nous en avons assez de ce que nous savons sur nous-mêmes. Nous en avons assez des restaurations, des réhabilitations, des retouches, des remakes, nous avons soupé des savantes restitutions de nous-mêmes. Nous voulons nous perdre, que rien ne nous soit épargné, qu’aucun chemin ne nous ramène au bercail, qu’enfin nous soyons obligés de nous pincer au sang pour constater que nous ne rêvons pas.