J'ai soulevé la trame du Temps, mêlé mes atomes à la mer. Mon ventre roule dans les plis caressants, ma tête se perd parmi les étoiles d'où Ils sont venus, pour peupler les jardins de ce Système.
Aar a murmuré mon nom, la créature qui devait me concevoir l'entendit. L'écho de cette voix fantastique résonnera longuement dans le silence stellaire, portant le message aux mondes invaincus.
- Artie, tu as fait les choses en grand, mais n'oublie pas à qui tu as affaire. Nous sommes un groupe de rock alternatif. On roule en Ford Mustang et on boit de la bière. On est intègres et ingérables. La limousine, - blanche en plus - c'est humiliant.
Tous les démons de Sable se pressèrent autour d'elle, meute hurlante aux crocs écumeux. Elle avait passé des cargues dans l'étrange sanctuaire capable de se déplacer dans l'océan et dans l'espace au gré des humeurs changeantes de son maître.
Orek Toth y abritait ses effroyables colères, et les tempêtes secouaient les îles, les montagnes tremblaient.
Mes petits doigts plantés dans ce berceau vivant ne voulaient pas lâcher prise, ma voix engluée hurlait sa terreur de la lumière sidérale.
Las ! Je dus céder sous le déferlement incessant des contractions qui secouaient mon fragile habitacle. Les mains froides d'Athan me reçurent, il me leva bien haut en direction des astres rivaux.
Les autres filles avaient lâché leurs occupations pour dévisager aussi les membres du groupe de rock mythique. Megan et Tasia observaient les guitaristes, notamment le soliste, un homme grand, mince, dont les cheveux noirs, ondulés, à peine moins longs que ceux du chanteur, dissimulaient les yeux sombres et l'air distant. Aussi charismatique, il marchait avec élégance, dans son jean de cuir noir et sa chemise gris brillant.
-Alors ? Où en es-tu de tes sombres trafics ?
-Les choses se précisent.
-Mais encore ? Hé, tu pourrais m'affranchir! Si tu crois que je m'amuse dans ce lieu de perdition ! J'ai toujours détesté Rhéa, il n'y a que les renégats, les parasites et les criminels pour traîner par ici.
-C'est pour cela qu'on est là, on ne dénote pas dans ce décor de rêve.
La sono poussée à fond luttait avec le ronflement du moteur. La voix profonde de Jim égrenait les notes nostalgiques de "Morrison hotel" : l'hymne chamanique de "The End" s'achevait, et comme à chaque fois elle se faisait cueillir par l'émotion. Des souvenirs indésirables traversaient son cerveau d'images en kaléidoscope et des éclats de verre invisibles lui piquaient la peau.
Ses bras nus révélaient ses tatouages tribaux et son goût pour le beat binaire. Angie sentit un frisson de nostalgie lui effleurer l'échine, mais se reprit aussitôt.
Il pouvait être quinze heures. Angie repoussa doucement la main qui pesait sur sa poitrine. Jimmy dormait à plat ventre en travers du lit. Elle suivit des yeux la ligne du corps nu alangui, se leva. Il restait à boire sur la table basse. Sans s'habiller, elle prit un verre de champagne tiède, récupéra son portable au fond de la poche du guitariste.
Ne pas penser... Oublier les paroles définitives assenées à la Diva...