Docteur Kebab avait donné son nom à son établissement, un boui-boui respectable construit à la sueur de son front. Cartes postales d’Ankara et d’Istanbul, azulejos criards en frise sur le mur, mobilier en plastique, raï et musique traditionnelle en fond : rien ne distinguait cette gargote d’une autre et pourtant, on y cuisinait les meilleurs plats turcs de la ville. Doc était mort et ses trois neveux s’acquittaient convenablement de la tâche qui leur incombait, si l’on n’était pas trop regardant. Certaines lettres de l’enseigne en néon ne brillaient plus, d’autres clignotaient dans la nuit aux reflets mouillés.