Discussion avec l'assistante sociale.
"Je ne comprends pas pourquoi tu fais une fixation sur les conseils de discipline. Je suis beaucoup de cas de harcèlement, et il y a très rarement des sanctions."
Je répliquais, encore et encore. Du moins, j’essayais. Jusqu’à avoir le dernier mot. Tout cela me semblait d’une puérilité risible. À ce moment-là, je me trouvais encore belle, et de toute façon, il était évident pour moi qu’on ne pouvait juger quelqu’un sur son physique. On n’était évidemment pas sérieux.
Un soir, un vendredi, je rentrais chez moi. Nous étions en juin. C'était la fin de l'année. L'air commençait à s'adoucir. Il faisait beau, il fait toujours beau quand on doit mourir.
Une fois, une seule, j'avais tenté de la dénoncer au professeur. Elle venait de s'acharner sur moi pendant deux heures. J'étais à bout de force. [...] Au début, il m'avait dévisagée, écoutant ce que je disais. Puis, soudain, il avait soupiré bruyamment et il était parti. Exactement comme si je n'existais pas.
Décidément, dans ce collège, entre l'infirmière qui me dit que tout le monde a des pulsions sadiques, l'assistante sociale que la justice n'aide pas les victimes et...
Depuis je me suis repassée le film de chacun de ces instants censés être innocents. La trousse, les coups "pour rire". Si j'avais su...
Partout, il y a l'injustice. Des adolescents sont battus sous les yeux complices des adultes. Des enfants se suicident.
A quoi cela sert, au juste, de vivre ? Vous naissez et vous mourez. Le reste, ce n'est que souffrance. Les gens meurent. Les gens pleurent. Partout, il y a l'injustice. Des adolescents sont battus sous les yeux complices des adultes. Des enfants se suicident
Tu sais que tu as les seins qui pendent ? Pourquoi tu ne mets pas de soutif comme tout le monde ? [...] Je n'avais aucune idée de ce à quoi devaient ressembler mes seins. J'avais onze ans, j'étais à peine formée. Je me sentis humiliée dans mon intimité.
Les dénoncer ? Cela ne ferait que je me comportais comme une incapable, une gamine ne sachant pas se débrouiller seule. Je savais ce qu'ils en penseraient. Une balance. Ce serait ma réputation jusqu'à la fin de mes jours.