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Citation de laulautte


Il s’agissait de l’institution d’une Sainte Pénitencerie, sorte de chancellerie du péché qui délivrerait les bulles d’absolution moyennant des taxes d’enregistrement perçues au profit du Saint-Siège. Les prêtres estropiés pourraient obtenir quittance à raison de quelques livres par doigt manquant, le double pour un œil perdu, autant pour l’absence d’une ou deux génitoires. Celui qui se serait amputé lui-même de sa virilité devrait payer un prix plus fort. Des malfaçons ou accidents physiques, Duèze passait aux irrégularités morales. Les bâtards qui avaient caché leur situation de naissance en recevant les ordres, les clercs qui avaient pris la tonsure bien qu’étant mariés, ceux qui se mariaient secrètement après l’ordination, ceux qui vivaient non mariés en ménage de femme, ceux qui étaient bigames, ou incestueux, ou sodomites, tous étaient imposés proportionnellement à leur faute. Les nonnes qui auraient paillardé avec plusieurs hommes au-dedans comme au-dehors de leur couvent seraient soumises à une réhabilitation particulièrement coûteuse.*
- Si l’institution de cette pénitencerie, déclara Duèze, ne fait pas rentrer deux cent mille livres la première année, je veux bien…
Il allait dire « je veux bien être brûlé » mais s’arrêta à temps.

* L’Eglise romaine n’a jamais, comme ses adversaires l’ont souvent prétendu, vendu d’absolution. Mais elle a, ce qui est tout différent, fait payer aux coupables le prix des bulles qui leur étaient délivrées pour attester qu’ils avaient reçu l’absolution de leur faute.
Ces bulles étaient nécessaires lorsque, le délit ou le crime ayant été publics, il fallait fournir preuve d’avoir été absous pour être de nouveau admis aux sacrements.
Le même principe était appliqué en droit civil pour les lettres de grâce et de rémission accordées par le roi et dont l’inscription aux registres donnait lieu à la perception d’une taxe. La coutume en remontait aux Francs, avant même leur conversion au christianisme.
Jacques Duèze (Jean XXII), par son livre des taxes et par l’institution de la Sainte Pénitencerie, devait codifier et généraliser cet usage pour l’Eglise, dont il restaura de sorte les finances.
Les membres du clergé n’étaient pas les seuls astreints à ces bulles ; des taxes étaient également prévues pour les laïcs. Les tarifs étaient calculés en « gros », monnaie qui valait environ six livres.
Ainsi le parricide, le fratricide ou le meurtre d’un parent, entre laïcs, étaient taxés entre cinq et sept gros, de même que l’inceste, le viol d’une vierge, ou le vol d’objets sacrés. Le mari qui avait battu sa femme ou l’avait fait avorter était astreint à verser six gros, et sept si l’épouse avait eu les cheveux arrachés. La plus forte amende, soit vingt-sept gros, frappait la falsification des lettres apostoliques, c’est-à-dire la signature du pape.
Les taux montèrent avec le temps, parallèlement à la dévaluation de la monnaie.
Mais encore une fois, il ne s’agissait pas de l’achat de l’absolution ; il s’agissait d’un droit d’enregistrement pour la fourniture de preuves authentiques.
Les innombrables pamphlets consacrés à cette question et qui circulèrent à partir de la Réforme, pour discréditer l’Eglise romaine, se sont tous appuyés sur cette confusion volontaire. [Notes historiques]
[La Loi des mâles]
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