-Tout le monde doit savoir, lâcha-t-elle, comme pour justifier sa démarche en me servant.
Elle était un peu comme Samia : tout le monde devait savoir pour éviter que leurs malheurs ne se répètent indéfiniment.
J'étais, pour ma part, assez pessimiste à ce sujet : le monde avait su pour la Shoah, le monde avait su pour le massacre des Arméniens, mais le monde avait une sacrée tendance à oublier... Des exactions analogues – des génocides dans ces cas là – s'étaient produites au Cambodge, au Rwanda, en Bosnie, ou au Darfour, et le monde s'était contenté de détourner pudiquement son regard de ces lieux maudits. Pour ne pas voir, pour ne pas entendre, pour ne rien avoir à dire.