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Critiques de Maurizio Gribaudi (7)
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1848, La révolution oubliée

Le titre de cet ouvrage est bien trouvé. Coincée entre 1789 et la commune de Paris, la révolution de 1848 fait pâle figure.



Hélas, je ne pense pas qu'il contribue à sortir cet événement de l'oubli. En décalage avec l'histoire universitaire, ce livre choisit de multiplier les regards contemporains : George Sand, Lamartine, Daniel Stern, Tocqueville... Certes, on vit la révolution par les yeux de quelques acteurs. Mais leur langue a un peu vieilli.



L'intérêt de ce genre d'extraits est de comparer des points de vue divergents, puis de dresser un bilan analysant les principaux désaccords. Or les auteurs ne le font pas suffisamment, c'est bien dommage.
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1848, La révolution oubliée



Un livre qui nous parle d’aujourd’hui.

En 1848, à Paris, vont s’affronter deux visions de la République. Celle de l’ordre contre celle de la justice sociale.

L’une est opportuniste. Quelque que soit le régime. Monarchie ou empire, du moment que la propriété est respectée.

L’autre est le moteur de l’histoire. Celle du peuple qui souffre. De la classe ouvrière naissante. Qui bouscule et renverse. Qui initie mais ne concrétise pas.

Victor Hugo, Karl Marx, Gustave Flaubert, Georges Sand, Tocqueville, Larmartine, et bien d’autres sont témoins ou protagonistes des évènements de 1848.

La France s’agite sur des banquets populaires car le droit de vote est restreint à ceux qui paient et qui possèdent. La monarchie de juillet, compromis libéral de la monarchie constitutionnelle est dans la tourmente. Devant une situation incontrôlée, le 23 février, Guizot, le chef du gouvernement démissionne. Le roi Louis Philippe tente d’appeler le maréchal Bugeau, conquérant de l’Algérie aux pratiques sanguinaires. L’apprenant, le peuple prend mouche et précipite la chute de la monarchie.

Ce sont les habitants des quartiers populaires de Paris qui se déversent aux tuileries, tout en retenue. Le roi fuit. Un gouvernement provisoire se créé et proclame la République. La révolution débute dans un esprit de camaraderie et d’espoir.

Les mois qui suivent verra l’affrontement de deux Républiques. Celle de l’ordre, portée par les Républicains du « lendemain » (ancien monarchistes) et celle des clubs et des ouvriers qui la veulent sociale car répondant aux besoins du peuple. Du travail et des salaires. L’impossible !

Le livre suit les événements quasiment jour par jour pour exposer l’usurpation d’une révolution et l’appropriation d’une République grâce à la France rurale tenues par les notables car prescripteurs auprès des paysans.

Un livre pour comprendre que la classe qui possède n’a peur que d’une chose, la peur du partage.

Un livre qui termine par une guerre civile et un bain de sang de la bourgeoisie et des possédants venus massacrés de leurs mains, un peuple de Paris en insurrection face au vol de ses espérances. Les chiffres vont de 4 000 à 10 000 morts. Bien plus que la terreur de 1793.

Une révolution à oublier pour les anciens monarchistes, devenus républicains opportunistes puis laquais de l’empire.

Une révolution à oublier aussi pour le camp des progressistes devant les occasions manquées ou tout était possible.

PS : Vous y découvriez aussi un Victor Hugo des plus méprisables pour les miséreux. Comme quoi les personnes peuvent (aussi) changer en bien.

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1848, La révolution oubliée

Un excellent livre d’hIstoire qui allie l’érudition universitaire au sens du récit romanesque.

Les auteurs ont pris le parti de donner la parole aux contemporains journalistes, écrivains, hommes politiques pour raconter au jour le jour les bouleversements de l’année 1848 et l’éphémère seconde république qui a suscité des espoirs vite étouffés dans le peuple.

Magnifiquement illustré ce bel ouvrage sur papier glacé éclaire une page mal connue de notre histoire de France qui s’est refermée sur le triomphe de la bourgeoisie toute prête à accueillir le Second Empire et l’industrialistation du pays qui conduira a la modernité.

On croisera au fil des pages Lamartine bien sûr mais aussi George Sand passionnée par les débats politiques animant son temps, Alexis de Tocqueville dont les commentaires apparaissent très pertinents mais aussi les déshérités ceux qui vont mourir sur les barricades de juin au nom de leur idéal, ceux qui se battront pour que la fraternité l’emporte...

Un beau livre à lire ,relire et offrir à tous ceux qui aiment l’histoire et s’interessent a ce siècle quia connu tant de changements politiques et économiques.
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Paris ville ouvrière

Le projet ouvrier d’une République démocratique et sociale



Les histoires sont le plus souvent écrites par les « vainqueurs », les dominants. La norme, la référence reste leur norme, leur référence. Il convient donc de toujours (re)examiner les réalités, pour rendre visible ce que cette vision occulte, disqualifie, détruit. Contrairement aux visions idéalisées et linaires, il s’agit de prendre en compte la totalité des rapports sociaux, leurs imbrications et leurs contradictions, de mettre en avant celles et ceux, travailleurs et travailleuses, ouvriers et ouvrières, toujours dénié-e-s comme sujet politique.



Il est donc regrettable que Maurizio Gribaudi ne parle que quelques fois des femmes, « reconnaître une centralité des femmes qu’elles possédaient depuis toujours dans l’espace ouvrier, tout en légitimant leur prise de parole dans l’espace public ». Nous ne saurons rien des ouvrières, assimilées aux ouvriers ou non considérées comme ouvrières…



La critique de l’auteur sur l’homogénéisation artificielle, politique en somme, des situations, est importante. Il nous invite à passer au crible les modèles de représentation, de contextualiser les idées et les productions de cette histoire, de réintroduire dans Paris, des pans gommés ou dénigrés. Bref d’ouvrir les angles morts, de faire une place à « Cette présence ouvrière et artisane qui s’inscrit pour la première fois de manière si massive et si intimement relié au tissu urbain constitue certainement une des dimensions qui marquent la spécificité de ce moment historique » Présence agissante, naissance de l’associationnisme militant, naissance d’une culture politique ouvrière…



Paris ouvrier en révoltes, en révolutions, 1830, 1848 et répression « sous le plomb de la république bourgeoise » avant que les pioches du préfet Haussmann détruisent « les nœuds les plus importants de cette matrice de démocratie qu’étaient les quartiers du centre-ville, avec leurs ruelles et passages, leurs immeubles vermoulus dans lesquels se nichaient l’atelier et la fabrique, la gargote et le marchand de vin, l’appartement et le garni ».



La première partie traite de « La progressive cristallisation d’un mythe ».



Première Chapitre 1 : Après la révolution, une société qui s’interroge.



Maurizio Gribaudi analyse les diverses lectures et représentations de la ville de l’Empire et de la Restauration, les regards sur les espaces populaires, les notions d’insalubrité et de santé, la construction d’un récit sur la ville, les écarts entre représentations et pratiques urbaines, les rapports entre passé et présent, les marchés, les métiers…



Chapitre 2 : La rupture des années 1830.



Juillet 1830, « l’entrée des ouvriers sur la scène publique parisienne » et la « grande victoire de la bourgeoisie ». L’auteur parle des hygiénistes et du choléra, des paroles de savants, des quartiers les plus pauvres, des rapports de force à l’intérieur des structures de pouvoir, du début sur l’urbanisme moderne, des craintes des couches les plus conservatrices de la bourgeoisie, du romantisme et du gothique, de la « culture des boulevards et du dandysme littéraire », des estampes et des caricatures, de décor…



Chapitre 3 : Le regard sur la ville s’appauvrit.



Maurizio Gribaudi analyse les discours des hygiénistes, « l’insalubrité morale », la question des déplacements de la population, les liens construits entre criminalité et espace populaire, les stéréotypes, la place du commerce, de l’agrément, du luxe et les modèles esthétiques, le misérabilisme et la philanthropie, les représentation iconiques, « Commence à se développer une vision qui constituera l’un des éléments les plus stables de la grammaire dans les représentations iconiques de la ville : celle qui relie l’espace des anciens quartiers du centre-ville aux sentiments de désolation, d’obscurité, d’humidité, de marginalité ».



Dans la seconde partie, « Derrière l’écran du mythe, les autres modernités parisiennes » l’auteur essayera de se « rapprocher du bâti jusqu’au niveau des immeubles, de la parcelle, des ateliers et des logements, pour mieux comprendre les physionomies de ceux qui y vivaient et y travaillaient ».



Chapitre 4 : L’impact de la Révolution.



La confiscation et la vente des biens de l’Eglise et des émigrés entamée en 1789 se poursuit jusqu’à la Restauration. Maurizio Gribaudi parle des transformations et des opérations spéculatives, de la concentration et du morcellement des biens, de la naissance de l’industrie du recyclage intensif des déchets de la ville, de l’essor démographique, de l’eau et de ses utilisations, de l’artisanat industriel, de la conjoncture scientifique, technique et professionnelle, « la vitalité d’un environnement industriel caractérisé par la présence d’un ensemble tout aussi large que fragmenté d’activités industrielles extrêmement spécialisées, dont le savoir professionnel s’inscrit à la fois dans la tradition artisanale et dans le renouveau qu’elles ont connu au contact des nouvelles découvertes de la chimie et de la mécanique savante ».



Chapitre 5 : Une autre modernité.



L’auteur insiste sur les métamorphoses du bâti, l’installation de « grappes d’activités ouvrières et artisanales, la densification des quartiers du centre-ville, l’ouverture de nouvelles voies de communication, les changements dans la structure de la propriété et dans les formes de stratification sociale, les ateliers, les fabriques, les administrations, les nouveaux assemblages sociaux et professionnels, la « croissance spectaculaire des activités hébergées dans les anciens quartiers du centre-ville »…



Chapitre 6 : Horizons populaires.



Maurizio Gribaudi décrit les formes de la fabrique collective, la réalité des espaces, la concentration industrielle, les lieux de restauration et de loisir, les réaménagements des ruelles, passages, cours et escaliers, les tramages urbain et social, les solidarités, les découpages « à l’intérieur d’un espace qui est celui de la proximité et qui est largement interne aux frontières des anciens quartiers de la ville populaire »…



Troisième partie : « L’horizon perdu de l’autre modernité parisienne ».



L’auteur examine particulièrement la « montée vers la politique », une réflexion politique « qui dialogue avec le mouvement républicain, mais qui le dépassera par sa profondeur et sa maturité », le projet de « République fondée sur le principe associatif et de démocratie directe ».



Chapitre 7 : La « montée vers la politique ».



Maurizio Gribaudi parle des formes de sociabilité ouvrière, des sociétés de secours mutuels, de la place de l’oral, des chants, des goguettes et guinguettes, de la loi Le Chapelier, des coalitions et des grèves, de la « très grande agressivité patronale », des luttes…



Chapitre 8 : 1830 – 1848, quatre ans de luttes.



« Déclenchée par la bourgeoisie, la révolution de Juillet fut peut-être la première révolution prolétarienne du XIXe siècle ». L’auteur souligne la place des ouvriers sur les barricades, la présence républicaine, la « géographie des coalitions et celle des émeutes »… Il montre « la perspective inédite d’un protagonisme ouvrier qui se voudra non seulement économique, mais aussi politique », « la nécessité d’élargir les coalitions au-delà des groupes directement impliqués, de s’organiser collectivement et, surtout, de penser des formes alternatives de production, notamment à travers le système associatif ». Maurizio Gribaudi parle de la défense des droits du travail, de projets d’ouverture d’ateliers directement gérés par les ouvriers, des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1930), de la ville en mouvement, des coalitions et des émeutes, d’une « réelle jouissance libératoire dans le défoulement d’une haine qui couvait depuis trop longtemps », de l’acharnement de la répression…



Chapitre 9 : 1940, la décennie socialiste.



L’auteur insiste sur « la nécessité de casser la spirale néfaste du « libre marché » pour devenir maîtres de leur propre travail », la question du marchandage et du placement, l’égalité réelle et concrète, les grèves et les coalitions, les assemblées ouvrières, les formes de démocrate sociale en germe, « la profonde portée politique des demandes ouvrières », la théorie et l’expérience pratique, la place des quartiers, « les quartiers « misérables » du centre-ville ouvrier sont en même temps le référent et le facteur déterminant d’un savoir sur la société d’une précision et d’une puissance rares »le programme d’une « République démocratique et sociale »



En conclusion, Maurizio Gribaudi revient sur l’insurrection de 1848, le « projet politique d’une construction sociale fondé sur l’égalité réelle de tous les citoyens, sur des nouvelles formes d’organisation du travail et sur le partage d’une vision de la République en devenir », sur la violence inédite de la répression… Il s’agit « d’un affrontement très clair entre deux idées totalement différentes de ce qu’est une société démocratique et de ce qu’est une République ».



Les lecteurs et les lectrices comprennent alors mieux les futures percées haussmannienne, et « avec quelle précision les pioches du préfet se sont acharnées sur les centres névralgiques de la nouvelle modernité ouvrière »



Un livre passionnant, richement illustré… la mémoire des révoltes et des révolutions, les ancrages dans les lieux, les pratiques et l’actualité de cetet histoire occultée pour penser l’émancipation…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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1848, La révolution oubliée

En introduction, les auteur-e-s interrogent les séquences historiques enseignées aux élèves de l’État français et soulignent que celles-ci « n’aident pas toujours à comprendre que la notion de république est bien loin d’avoir suivi un cours tranquille. »



Contre la réduction institutionnelle de 1848 à la révolution de février, Maurizio Gribaudi et Michèle Riot-Sarcey analysent « Deux temps contrastés dominent la courte histoire de la révolution de 1848 : la joie de février et l’incroyable carnage de juin ». A la valorisation du résultat, il et elle décrivent le processus et les « espoirs des insurgés ». Contre une exposition des faits détachés de leur historicité et une fausse continuité toujours reconstruite, il convient en effet d’opposer que « l’événement est porteur de possibles dont la signification est le plus souvent perdue. »



Les auteur-e-s choisissaient une « écriture de fiction » pour nous parler de cette révolution oubliée, en utilisant de nombreuses sources, y compris littéraires.



Contre l’universalisme tronqué, Maurizio Gribaudi et Michèle Riot-Sarcey n’oublient pas « les quolibets qui accompagnent la campagne en faveur des votes de »tous et toutes » », les positions majoritaires critiques des socialistes à l’égard du vote des femmes et « l’aversion singulière de Proudhon à l’encontre de toute candidature au féminin. »



Février est aujourd’hui « paré de la couronne républicaine », « détaché de la guerre »servile », au profit d’une République lavée de tout soupçon insurrectionnel ». L’histoire officielle consacre l’oubli du « droit des ouvriers de s’occuper de leurs propres affaires en mettant en œuvre la souveraineté populaire » ou pour le dire autrement du « gouvernement direct des travailleurs ».



Contre les visions unilatérales et les valorisations sans nuance de la république, très prégnantes y compris dans une certaine gauche, il convient de se souvenir à la fois du « Temps des possibles », du chemin « De la république sociale à l’impossible république » et de « L’insoutenable émeute » de juin 1848. La force subversive de la république démocratique et sociale était et reste incompatible avec la république tout court.



A compléter les textes sur le même sujet parus dans Contretemps (N°6, Paris juin 2010, Editions Syllepse) : 1848 Au commencement était l’espoir (Maurizio Gribaudi et Michèle Riot-Sarcey) et Karl Marx, Fredrich Engels et les révolutions de 1848 (Michaël Löwy)



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Paris ville ouvrière

Paris transformé suite à la vente des biens nationaux en quelques dizaines d'années. Transformation géographique mais aussi sociale : c'est passionnant, facile à lire et abondamment illustré par de nombreux schémas, gravures et tableaux.
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Paris ville ouvrière

Il est des livres plus ou moins ambitieux. Celui-ci l’est assurément, puisqu’il aspire à renouveler en profondeur notre connaissance du Paris du XIXe siècle et de l’entrée du pays dans la modernité.
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