Basile, fils de la campagne, s'en est allé labourer le pavé dans les pas de sa nouvelle amie, emballé tant par elle que par ce vent de nouveauté qui fait trembler une France qui s'ennuie. Il ne jurait que par l'ordre de de Gaulle et le voilà enrôlé par une passionaria trotskiste. … Cette idylle qui a poussé sur une plantation de barricades et qui avance sur un chemin non balisé par les codes ne constitue pas le moindre des paradoxes !
Je n'étais ni gaulliste ni marxiste, anarchiste pas plus. Je n'ai rien fait d'exceptionnel, ni fait preuve de bravoure en une quelconque circonstance; respirer l'odeur des gaz lacrymogènes et courir Paris en tous sens comme un forcené est loin d'être héroïque. Néanmoins, me reste en mémoire, comme une hallucination, la chance qui m'a été donnée de vivre ces moments, d'assister à des faits qu'on trouve aujourd'hui dans les livres d'histoire, d'être emporté par une fièvre délirante dont je n'ai jamais plus trouvé la pareille.
"C'était hier que la France vécut ce soulèvement romantique et insensé dont son histoire est pavée. Oui, c'était hier que fleurissaient les pavés de mai dans Le Quartier latin..."