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Citation de Kichigai


La poussière qui monte du port ternit la
limpidité du ciel. Le soleil, flamboyant sur
la mer glauque, semble voilé d'une gaze lé-
gère. Son reflet arrive comme brisé sur les
flots, dont la surface est sans cesse troublée
par les coups de rames, par le remous des
hélices des navires à vapeur, par l'étrave des
felouques turques ou des voiliers, sillon-
nant, sans relâche, l'étroit bassin. Captives
entre les granits de la côte, écrases par les
charges qu'elles supportent, les vagues dont
la crête écumante est souillée d'impuretés,
déferlent contre les vaisseaux et les quais.
On dirait qu'elles murmurent et se battent
entre elles…

Une harmonie puissante, mère du travail
universel, emplit les airs, une harmonie faite
du grincement des chaînes, du roulement
des wagonnets chargés de marchandises, de
la chute gémissante des lames de fer sur les
pavés, du sifflet aigu ou grave des navires
à vapeur, des appels des débardeurs, des
marins et des douaniers. Cette clameur se
prolonge, semble s'attarder dans le ciel,
comme prise de la peur de disparaître en
s'élevant.

Inlassablement, la terre exhale de nou-
veaux bruits, toujours les mêmes, des gron-
dements sourds qui ébranlent le sol, des
sifflets stridents qui vibrent dans l'air brû-
lant, alourdi de poussières.

De tout cela, pierre, métal, bois, des vais-
seaux et des hommes, monte un cantique
ardent, éperdu vers la divinité de l'Argent.


pp. 9-10.
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