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EAN : 9782226052957
244 pages
Albin Michel (07/03/1991)
3.9/5   21 notes
Résumé :
Cessant le travail, les débardeurs, en bandes tapageuses, s'en furent, à travers le port, achetant des victuailles aux marchandes des quais, établies en plein air, et cherchant des coins ombragés pour déjeuner par terre. C'est alors que survint, parmi eux, ce vieux loup sauvage qui avait nom Grichka Tchelkache. Maintes fois, il avait eu maille à partir avec la police. Chez les habitants du quartier du port, il était considéré comme un ivrogne invétéré, doublé d'un v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ces récits tirés du vécu de Gorki, sont traités à la façon de contes dont la morale semble primer sur le réalisme. Je les ai lu sans déplaisir, mais sans y adhérer vraiment tant ils semblent plus théoriques que réels.

Tchelkach: Sont ici mis en scène un voleur et un paysan déraciné autour du fruit d'un larcin commun, illustrant l'asservissement à l'argent et la difficulté à s'en libérer. Compte tenu de la versatilité des personnages, la démonstration m'a paru bien théorique.

Mon compagnon: Un pseudo prince en errance et un vagabond altruiste unissent leur destin le temps d'un voyage. le noble, Chakro, exploite de façon outrancière son compagnon, qui à la façon d'un chrétien idéal lui passe tout. Les deux personnages sont si excessifs et caricaturaux, qu'ils m'ont laissé dubitatif, surtout quand on sait que le récit serait autobiographique. Un texte bien écrit mais peu réaliste.
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S'agissant de littérature russe, il est parfois peu aisé d'être en mesure de dater des écrits et de surcroît dresser une bibliographie à peu près correcte d'un auteur pourtant célèbre. C'est le cas pour GORKI : la liste de ses nouvelles semble un vrai casse-tête à dénicher (si vous la possédez, faites signe !), quant aux dates de rédaction, n'en parlons pas. Ces quatre longues nouvelles pourraient bien avoir été écrites au début du XXe siècle (mais ce pourrait être aussi à la fin du XIXe), et un thème principal les relie, une figure : le vagabond.

« Malva » met en scène un fils qui n'a pas revu son père depuis cinq ans. Il va lui rendre visite en compagnie de sa maîtresse tandis qu'un vagabond surgit et qu'un triangle amoureux se forme. Misère des petites gens russes sur fond de romantisme très XIXe siècle, cette nouvelle d'aspect classique use des images caractéristiques de la romance. C'est pour mieux laisser à la place à « Konovalov », une nouvelle exemplaire et fascinante. Dès le début on sait que le personnage central est retrouvé pendu. C'est un de ses amis qui dresse le parcours de cet homme à qui il a lu de si nombreux extraits de romans à voix haute. Konovalov, cet ivrogne errant curieux de tout, qui va faire basculer la vie du narrateur. « En lui commençait à parler l'instinct du nomade, son éternel désir de liberté sur lequel on empiétait ». Nouvelle exemplaire et émouvante sur l'amitié et le refus de parvenir, sur l'honnêteté, le sens de la vie, elle est très impressionnante par sa force, sa puissance. Elle nous fait subitement comprendre pourquoi plus tard Panaït ISTRATI fut désigné comme « Gorki des Balkans ».

Ivrogne l'est aussi chez « Tchelkache », héros de la troisième nouvelle. Voleur également. Au gré des interrogations et rencontres de son personnage, GORKI compose une nouvelle interrogeant la valeur du travail et le rôle de l'argent dans la société, du matérialisme. Nouvelle puissante qui brandit à bout de bras le mot « Liberté ». La dernière nouvelle, « Mon compagnon », la plus brève, est en partie maritime et se dessine en dialogue entre un ancien prince et un sans-le-sou, qui finissent par sympathiser malgré une certaine hostilité au départ du récit. Cette nouvelle est un hommage appuyé à l'entraide, à l'humanisme, à l'altruisme.

Les trois premières de ces quatre nouvelles pourraient aujourd'hui être rangées dans la catégorie « novellas » tant elles sont riches et amples, longues aussi. Elles mettent en scène plus que de simples vagabonds paumés, mais bien de véritables révoltés porteurs d'un idéal de vie utopiste et débarrassé de tout superflu. C'est peut-être ce qu'il faut lire de Gorki en priorité pour bien comprendre ce qu'il fut dans sa jeunesse, ces nouvelles étant en partie autobiographiques. le problème est que, bien qu'ayant été abondamment rééditées en France dans la première partie du XXe siècle, elles le furent pour la dernière fois, si mes informations son correctes, en 1991, autant dire un bail. Je vous invite à les chiner, ainsi vous serez au coeur de la raison qui a amené GORKI à écrire, à devenir le porte-parole des sans-voix.

La traduction est signée Ivan STRANNIK. J'ai personnellement lu ce recueil dans une vieille édition de 1966. La même année et chez le même éditeur, parut un autre recueil de nouvelles, « En prison ». Il reprend la figure du vagabond, mais se fait bien plus varié quant à la palette des sujets traités par GORKI. Onze nouvelles plutôt courtes y sont proposées. Si vous avez l'occasion, arrêtez-vous sur la dernière nouvelle, « Par une nuit de tempête », où des personnages créés puis tués par GORKI dans ses fictions, viennent demander des comptes à l'auteur alors en pleine crise. Nouvelle d'une force monumentale.

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Ma première lecture de Gorki. Ces trois nouvelles sociales et poétiques m'ont marqué par le souvenir que l'on peut garder de chacun des personnages. C'est une peinture sociale de cette Russie de l'exclusion, de la pauvreté qui nous saisit à travers ces nouvelles. J'ai particulièrement aimé la dernière nouvelle dans laquelle Lenka et son Grand-père sillonnent les villages à la recherche de quelques roubles. L'orgueil blessé de Lenka devant le comportement servile et parfois vil du Grand-Père est très touchant. La fin est également très triste et montre que ces exclus restent à l'écart y compris lors de leur mort.
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Les pages se lisent vite, la langue est un peu monotone (certes) mais il y a tout de même quelques « expressions » ou métaphores agréables par leur ironie.
Ainsi, si la lecture m'a tout de même parue monotone, car personnages un peu simple, langue un peu simple, rebondissements un peu simple… Ça n'en a pas été le ressenti principal dans le sens où, cela illustre un moment de la vie, de la société en Russie.
Principale problématique : se nourrir, nourrir sa famille, errer vers les ports à le recherche de quelques kopeck pour décharger les bateaux, finir dans une taverne et se faire traîner dans de mauvais coups. Mais au-delà de tout ça, l'auteur dépeint un monde réel, avec une grande franchise d'ailleurs. Il questionne là tout un peuple, toute une partie de la population. Il questionne leurs réactions, leur passé mais aussi leurs rêves. Et ce sont toutes ces dimensions, en si peu de pages (il y a trois récits dans ce recueil) qui créé un mélange touchant et réflexif.
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Des nouvelles très différentes malgré leur thématique commune. Une belle lecture.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La poussière qui monte du port ternit la
limpidité du ciel. Le soleil, flamboyant sur
la mer glauque, semble voilé d'une gaze lé-
gère. Son reflet arrive comme brisé sur les
flots, dont la surface est sans cesse troublée
par les coups de rames, par le remous des
hélices des navires à vapeur, par l'étrave des
felouques turques ou des voiliers, sillon-
nant, sans relâche, l'étroit bassin. Captives
entre les granits de la côte, écrases par les
charges qu'elles supportent, les vagues dont
la crête écumante est souillée d'impuretés,
déferlent contre les vaisseaux et les quais.
On dirait qu'elles murmurent et se battent
entre elles…

Une harmonie puissante, mère du travail
universel, emplit les airs, une harmonie faite
du grincement des chaînes, du roulement
des wagonnets chargés de marchandises, de
la chute gémissante des lames de fer sur les
pavés, du sifflet aigu ou grave des navires
à vapeur, des appels des débardeurs, des
marins et des douaniers. Cette clameur se
prolonge, semble s'attarder dans le ciel,
comme prise de la peur de disparaître en
s'élevant.

Inlassablement, la terre exhale de nou-
veaux bruits, toujours les mêmes, des gron-
dements sourds qui ébranlent le sol, des
sifflets stridents qui vibrent dans l'air brû-
lant, alourdi de poussières.

De tout cela, pierre, métal, bois, des vais-
seaux et des hommes, monte un cantique
ardent, éperdu vers la divinité de l'Argent.


pp. 9-10.
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Il faut être né dans une société policée pour avoir la patience d'y vivre toute sa vie et n'avoir jamais le désir de quitter cette sphère de conventions pénibles, de petits mensonges vénéneux consacrés par l'usage, d'ambitions maladives, d'étroit sectarisme, de diverses formes d'insincérité, en un mot ,de toute cette vanité des vanités qui gèle le coeur , corrompt l'esprit et qu'on appelle avec si peu de raison la civilisation.
Je suis né et j'ai été élevé en dehors de cette société et, pour cette raison qui m'est précieuse, je ne puis accepter sa culture par fortes doses sans bientôt éprouver la nécessité de sortir de ce cadre et de me reposer des complications multiples, des raffinements maladifs de ce genre d'existence.
(Konovalov)
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Parfois le mensonge explique mieux que la vérité ce qui se passe dans l'âme.

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.Vois-tu, quelquefois l'ennui me prend. Un tel ennui mon ami, un tel ennui que je ne puis plus vivre, absolument plus. [...] Alors quand cet ennui m'a pris, je lui dis, à elle" : "Vera Mikhaïlovna, laisse-moi partir, je ne puis plus! " [...]
Et [... ] je l'ai quittée... à cause de l'ennui! Quelque chose me traîne je ne sais où!
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[…] Le souvenir,
ce tortionnaire des malheureux, rend la vie
aux choses inertes elles-mêmes et mêle des
gouttes de miel au poison jadis absorbé afin
que l'homme qui se souvient n'ait plus que
la mémoire de ses fautes et cessant de nour-
rir toute espérance en l'avenir se désole
dans l'amour exclusif et stérile du passé […]

p. 71.
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Videos de Maxime Gorki (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maxime Gorki
Gorki et ses fils, correspondance (1901-1934) , traduit du russe et préfacé par Jean-Baptiste Godon, est paru aux éditions des Syrtes.
Près de dix mille lettres de la main de Maxime Gorki sont conservées par les archives de l'Institut de la littérature mondiale de Moscou. La présente correspondance inédite entre l'écrivain et ses fils représente 216 lettres échangées entre 1901 et 1934.
Plus d'info sur https://editions-syrtes.com/produit/gorkietsesfils/
Nos remerciements à la Bibliothèque russe Tourguenev à Paris pour avoir gracieusement accueilli le tournage.
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