C'était vrai : Kit, Dax et moi menions des raids depuis nos dix ans à peine, mais nous avions été toujours plus performants que les enfants de notre âge. Nous étions plus intelligents, plus rapides, plus forts et plus dangereux que quiconque. Jett na parvenait pas à comprendre qu'il n'était pas comme nous.
"- C'est ce que tu ressens vraiment ? Ce que tu as dit à Dax ? demandai-je en ignorant sa question.
Il ouvrir légèrement la bouche avant de se raviser.
- C'est compliqué, asséna-t-il.
- Non, ce n'est pas compliqué, ripostai-je en reculant.
Il se tenait trop proche de moi, et sa présence embrouillait mon esprit.
- Si c'est compliqué.
J'aurai pu hurler.
- Pourquoi ?
[…]
- C'est compliqué parce que je ne peux pas avoir des sentiments pour toi, Grace, finit-il par admettre. S'attacher aux gens rend vulnérable et je ne peux pas me le permettre. Trop de personne comptent sur moi.
- Tu racontes vraiment des conneries."
C'était étrange. Les gestes les plus infimes semblaient me faire de l'effet. Impossible de nier qu'elle exerçait un certain pouvoir sur moi.
Pour l'heure, ils devaient vivre leur vie d'enfant, quand bien même le monde entier venait de s'effondrer.
Dans quel monde vivions-nous pour que les massacres et la vue du sang n'émeuvent plus personne ?
On volait, on mentait, on se battait, tout ça pour survivre. C'était soit ça, soit la mort.
Sous le couvert du bois, le monde semblait avoir perdu ses couleurs. Les verts étaient délavés, les marron sales, le bleu du ciel avait viré au gris. Les sons étaient creux, comme si un trou d'air géant avait aspire la beauté de toute chose. C'était approprié, puisque la beauté m'avait été arrachée.
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C'est chez soi qu'on était censé se sentir heureux et entier. Mon problème n'était pas que j'ignorais où se trouvait mon chez-moi. Mon problème est que je l'avais trouvé, et que je l'avais perdu.
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