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Critiques de Melchior Ascaride (137)
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

Chloé Chevalier nous offre un premier tome de low fantasy sans fantastique et sans merveilleux, presque un huis-clos vu que tout se passe entre les murs du château de Véridienne la capitale du royaume du Demi-Loup. J’ai été très agréablement surpris par la maturité de l’écriture, de la construction et de la narration : c’est très maîtrisé et servi par une plume belle, fluide et agréable (mention spéciale aux flashbacks d’Aldemor : c’était presque la dernière légion dans l’Empire du Milieu !).

La singularité du récit se fait sur le concept des suivants : les princes et princesses de sang sont associé à un suivant né un jour après eux… Par le fait d’un caprice de son père la princesse Malvane a 2 suivantes et non 1 seule pour amener un élément de déséquilibre, mais je n’ai jamais compris pourquoi le prince Aldemor n’en avait pas alors que cela aurait amené de fantastiques potentialités à l’intrigue !



Passé un cap j’avoue avoir lu en diagonal, ce qui m’arrive très rarement pour ne pas dire quasiment jamais, car on est dans tout ce qui ne me parle pas dans mon genre de prédilection :

- j’ai senti très rapidement que Chloé Chevalier est une fan de Robin Hobb en général et de "L’Assassin Royal" en particulier, et malgré tout le respect et tout l’admiration que j’ai pour l’auteure américaine originaire d’Alaska je n’ai jamais été emporté par ce qu’elle a écrit… Il va de soi par contre que je recommande chaudement cet ouvrage à ceux et celles qui l’ont apprécié à sa juste valeur !

- j’ai senti très rapidement qu’on reprenait la méthode GRR Martin, qui la tenait de Tad Williams, de raconter le récit par ses spectateurs et non par ses acteurs (du coup je revoyais Simon de "L’Arcane des épées" crapahuter dans son château sans qu’on sache vraiment ce qu’il s’y passait). Dans la saga du "Trône de fer", le POV qui m’a le moins emballé était celui de Sansa, et ici des POVs qui s’attardent sur le quotidien de 5 adolescentes aristocrates ou dames d’atours alternant amitiés fusionnelles et jalousies mortelles, honnêtetés et fourberies, amourettes et coucheries, j’ai été bien mal servi ! (ah ça oui, c’est quand même girly ! ^^) Le POV d’Aldemor aurait pu tout changer, mais au lieu d’opter pour un Edmond Dantès pour un Martin Guerre on se retrouve avec un prince OSEF qui veut les avantages du pouvoir mais pas ses inconvénients, donc qui veut la couronne mais pas trop tôt pour continuer à prendre du bon temps… Ce n’est clairement pas le genre de personnage qui suscite mon intérêt…

- on est dans l’archétype du tome d’introduction qui se contente de poser l’univers, l’histoire et les personnages donc c’est tout sauf palpitant… Pour l’univers le royaume du Demi-loup est un royaume médiéval random, auxquels on ajoute Plaine Jaunes à l’Ouest, Mers Brumeuses au Nord, Pays Valien et Bas-Val au Sud, et immenses Terres de l’Est appartenant à un gigantesque empire sur lequel le soleil ne se couche jamais… Pour l’histoire au-delà de la classique fin de règne c’est quand même bizarre de se retrouver avec un roi aussi OSEF : son frère meurt dans des circonstances troubles ? Il s’en fout ! Les Chats des Eponas font sécession ? Il s’en fout ! Son fils et héritier disparaît dans un conflit ? Il s’en fout ! Son fils réapparaît avec une poignée d’hommes à la place des 10000 soldats partis en campagne ? Il s’en fout ! Une épidémie menace de décimer la population ? Il s’en fout ! Les ducs de son royaume sont au bord de la rébellion ? Il s’en fout !... Alors on nous dit qu’il y a un lourd secret derrière tout ça, mais il faudra lire le tome 2 pour savoir de quoi il en retourne… (vu que j’étais persuadé que Calvina et Lufthilde cachaient un lourd secret sur leur fuite des Eponas vers Véridienne et que visiblement non en fait, le recours au précédé m’inquiète un peut en fait)

Et puis pour quelles raisons et quels objectifs le roi confie une expédition vers des terres inconnues rassemblant tous les chevaliers du royaume à son fils de 12 ans cela reste du début à la fin un véritable mystère… (et pour des mecs qui n’y connaissaient rien en médecine, j’ai trouvé qu’ils étaient très forts en guerre bactériologique ! ^^)



Les Moutons Électriques réalise encore une fois une bonne pioche (qui ne correspond pas forcément à mes attentes de lecteurs, mais c’est ici c’est franchement une question de goûts et de couleurs ^^), avec un livre objet très soigné et très réussi qui se serait toutefois bien passé des coquilles qui apparaissent dès les premières pages (c’est un problème récurrent chez cet éditeur).
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

La pentalogie de Chloé Chevalier me faisait envie depuis un petit moment, (dont deux sont actuellement sortis), notamment grâce aux bonnes critiques piochées ça et là sur la blogosphère. Mais, il a fallu que ma Librairie préférée invite l’auteure lors d’une soirée spéciale Imaginaire pour enfin me décider à franchir le pas. Lu lors d’un défi littéraire, le fameux weekend à 1000 pages, le premier tome des Récits de Demi-loup, s’est avéré être mon second coup de cœur 2017 !



Résumer le premier opus n’est pas une mince affaire tant l’univers décrit par Chloé Chevalier est dense et étendu!

Véridienne est un royaume divisé en deux entités : Demi-Loup et les Eponas, cette dernière étant subordonnée à la première. A leur tête, un Souverain et son Suivant comme conseiller (un premier ministre en quelque sorte). Ce Suivant n’est pas choisi au hasard, il doit être issu des couches modestes de la population et doit être né le jour suivant la naissance de son Prince ou de sa Princesse. Voilà pour les traditions centenaires.

Or, le règne d’Aldemar en Demi-Loup débute par une entorse à la règle : la naissance de sa fille Malvane, par un curieux concours de circonstances, sera accompagnée non pas d’une mais de deux Suivantes! Cela ne serait-il pas un mauvais présage?

Des années plus tard, la Princesse Malvane et sa cousine Calvina avec leurs Suivantes ont grandi dans l’insouciance mais une mystérieuse maladie mortifère ainsi que les menaces de deux guerres, l’une intestinale et l’autre extérieure, issue des Terres de l’Est, semblent marquer le début de la fin…



Comme je l’ai dit au tout début, l’univers de Chloé Chevalier est dense. Pour un novice, cela aurait pu s’avérer fastidieux. Or, l’introduction s’est faite en douceur. L’auteure a bien pris le temps de décrire ses différents personnages au début du roman tout en leurs donnant des caractéristiques propres. De plus, grâce à un système de blason, il est très facile de s’y retrouver et d’identifier le narrateur à chaque chapitre. Le lecteur suit également les personnages sur plus de vingt ans ce qui permet de s’y attacher plus facilement. Enfin, Chloé Chevalier s’astreint à leur ôter tout manichéisme : s’il est vrai qu’ils sont touchants, force est de constater aussi qu’ils peuvent irriter avec leur défauts si profondément humains. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié Aldemar en roi cynique, son fils Aldemor en Prince érudit et Cathelle, la Suivante de Malvane. Très honnêtement, les Princesses et leurs Suivantes ne brillent pas par leur intelligence mais Cathelle est, me semble-t-il, la moins stupide des cinq!



Si les personnages de Véridienne et leurs relations sociales sont le véritable point fort de ce roman. le worldbuilding, à défaut d’être original, se défend. J’aurais juste une petite carence à souligner : il manque une carte géographique. L’univers est divisé en trois royaumes : Demi-Loups et les Eponas, les Terres de l’Est et les Plaines jaunes. Vous me direz, rien de compliqué à suivre là-dedans ; excepté que les personnages voyagent beaucoup au sein des trois royaumes et chaque terre possède son réseau de villes… Une carte aurait permis au lecteur de s’y retrouver plus facilement.

Passé cela, l’univers du premier tome de Véridienne est intéressant mais reste relativement classique. Le lecteur est plongé dans un récit de fantasy d’inspiration médiévale et aborde les usages et les relations au sein de la cour royale. Néanmoins, ce qui différencie Véridienne des autres romans de fantasy médiévale, c’est que Chloé Chevalier s’attache à décrire avec minutie l’histoire, les us et coutumes, la géopolitique, etc de son univers, rendant chaque élément crédible et logique.



Enfin, le style d’écriture est simple tout en étant fluide. Pour ma part, je possède une affection toute particulière pour le roman chorale depuis que j’ai lu le Trône de fer de Martin. J’adore ce style littéraire : non seulement celui-ci donne beaucoup de dynamisme au récit mais peut être également à l’origine de rebondissements grâce à la confrontation de différents points de vue des personnages. Chloé Chevalier utilise aussi de nombreux supports tels que des lettres, des archives ou des journaux intimes pour agrémenter son récit. J’aurais d’ailleurs juste un élément à relever : lors d’une lettre adressée à Cathelle, le Prince Aldemor relate tous les faits qui se sont déroulés entre eux. Cela ne m’a pas paru vraiment judicieux: car outre le fait d’informer le lecteur sur les évènements, je ne vois pas quel intérêt aurait eu le Prince à remémorer à la Suivante ce qu’elle connaissait déjà…



En conclusion, le premier tome de la trilogie des Récits de Demi-Loup, Véridienne, est une réussite car il possède de nombreuses qualités : les personnages particulièrement bien fouillés, constituent la force principal du roman ; l’univers très dense n’est certes pas original mais l’auteure s’est attachée à le rendre crédible ; enfin, le style d’écriture est plaisant et le style « roman chorale » rend le tout dynamique. Ce sera donc avec un immense plaisir que je poursuivrai l’aventure avec le tome 2, les Terres de l’Est et que je Rencontrerai l’auteure, jeudi soir.
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Désolation

Le hasard vient de me faire comprendre la différence entre "roman graphique" et "bande dessinée". Je croyais que "roman graphique" était un euphémisme chic pour donner un peu plus de dignité culturelle à la bonne vieille bande dessinée, mais pas du tout. "Désolation" de Jean-Philippe Jaworski et de Melchior Ascaride est un bref volume où se trouvent une nouvelle de Jaworski déjà publiée ailleurs (dans le recueil "Le sentiment du fer"), et des illustrations du dessinateur. Celui-ci ne répète pas en images le récit déjà fait en mots, mais s'efforce de restituer l'ambiance en recourant à de larges à-plats et à des formes à peine figuratives, qui empiètent sur le texte, lui servent de fond ou de marge. Les montagnes deviennent de gigantesques visages, les rêves et angoisses des personnages s'incarnent en traits larges et parfois caricaturaux tracés sur un décor volontairement sommaire. Les dessins et silhouettes des personnages sont eux aussi à peine figuratifs, extrêmement stylisés, rappelant les marionnettes en ombres chinoises de Bali, et en somme la relation entre texte et image est très innovante et très originale. Ne parlons pas du récit, qui emprunte à Tolkien nains, montagnes et gobelins, mais au profit d'une fable sociale et ethnique inattendue. La langue de cette nouvelle est mesurée dans sa richesse, les quelques mots rares sont empruntés aux institutions militaires mérovingiennes et anglo-saxonnes, mais sans excès. Quelques fautes de français ("un souci", "réaliser que") gâchent un peu l'ensemble, comme une montre-bracelet au poignet d'un figurant de cinéma.
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

Chloé Chevalier faisait cette année partie des trois nouveaux auteurs dévoilés par le collectif des Indés de l'Imaginaire qui semblait véritablement enthousiasmé par ce premier ouvrage. Et force est de reconnaître qu'ils ne se sont pas trompés. On y découvre un royaume du Demi-Loup gravement ébranlé par la propagation d'une épidémie insidieuse et dont la stabilité politique se trouve également menacée, non seulement par des ennemis extérieurs mais aussi et surtout par des querelles intestines. A Véridienne, la capitale du royaume, les héritiers du trône vivent toutefois dans une méconnaissance presque totale de la gravité des événements, trop occupés avec leurs propres drames d'enfants. Ces héritiers, ce sont en fait deux Princesses et leurs trois Suivantes, ces petites filles censées être nées un jour après leur souveraine dont elles sont presque les égales et qu'elles devront guider et conseiller jusqu'à la fin de leur vie. L'auteur revendique Robin Hobb comme source de son inspiration, et il y a effectivement de cela dans « Véridienne », non seulement dans la manière dont elle dépeint le quotidien de la cour et de ses membres dans ce qu'il a de plus trivial ou au contraire de plus extraordinaire, mais aussi et surtout dans la façon qu'elle a de rendre ses personnages attachants.



Puisqu'il marque le commencement d'un cycle, ce premier tome fait évidemment essentiellement office de présentation : l'intrigue se met doucement en branle et les personnages ne sont pas encore confrontés à des situations véritablement tragiques (quoique...). Cela permet à l'auteur de se focaliser avant tout sur le développement de la psychologie de ses protagonistes qui, pour la plupart, nous relatent ces événements plusieurs années après les faits et portent donc sur leur comportement un regard plus avisé et surtout plus critique. L'alternance de points de vue est (comme souvent) appréciable, même si l'auteur n'oublie habilement pas d'entretenir la frustration de son lecteur en ne nous dévoilant jamais les faits du point de vue des deux princesses dont les pensées nous demeurent donc un mystère. L'univers, tout juste esquissé, est lui aussi convainquant. Si on pourrait regretter l'absence d'une carte, les explications fournies par l'auteur nous permettent malgré tout de nous faire notre propre idée de la géographie du Demi-Loup et des territoires adjacents. Le principal attrait de l'ouvrage en matière de construction d'univers réside toutefois dans l'histoire et les traditions du royaume du Demi-Loup que les personnages nous dévoilent peu à peu. Le style de l'auteur est quant à lui particulièrement agréable, à la fois fluide et évocateur (la narration par le prince Aldémor de son expérience dans les marécages des terres de l'Est est notamment très saisissant).



Après Stefan Platteau dont le premier roman édité l'an passé avait été un vrai coup de cœur, les éditions Les Moutons Électriques sont parvenus à débusquer une nouvelle petite pépite de fantasy francophone. Chloé Chevalier s'en sort remarquablement pour un premier essai, et c'est avec beaucoup d'impatience que j'attends de découvrir ce qu'elle nous a concocté pour la suite.
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

Le royaume du Demi-Loup, un royaume avec deux souverains, deux frères et une coutume particulière : à la naissance d'un membre de la famille royale, on recherche dans le royaume un bébé nait le lendemain qui sera arraché à se famille et deviendra son suivant. Un Suivant sera comme un double, ils vont grandir ensemble, recevoir la même éducation et il pourra même prendre la tête du royaume. On suit dans ce récit le roi de Véridienne, son fils et cinq princesse et leurs Suivantes. C'est assez particulier car en plus d'une trame politique plutôt intéressante, on va suivre l'évolution des cinq demoiselles de l'âge de onze ans à celui de vingt ans : leurs amitiés, disputes et même ce qu'elles mangent, leur quotidien en somme. Et bizarrement ce n'est pas ennuyeux ! ça devient même intéressant quand les amours s'en mêlent et les caractères s'affirment. J'ai vraiment envie de lire la suite, j'aime beaucoup le monde construit.

Pioche dans ma PAL octobre 2023

Challenge Mauvais genres 2023

Auteure sfff 2023
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Eurydice déchaînée

Ariane abandonnée par Thésée après lui avoir sauvé la vie. Mégara tuée par Héraclès lors d’un accès de folie. Les Danaïdes condamnées aux Enfers pour ne s’être pas laissées assassiner passivement par leurs époux et cousins. Méduse métamorphosée en monstre pour avoir été violée par Poséidon… La mythologie grecque regorge de femmes bafouées et violentées, souvent punies pour des crimes qu’elles n’ont pas commis ou pour avoir simplement refusé de se soumettre au sort atroce qu’on leur réservait. Eurydice s’inscrit dans la lignée de ces héroïnes tragiques réduites au rôle de victime. Tentant de fuir Aristée qui la poursuit de ses assiduités, la dryade se fait mordre par un serpent et décède le jour même de ses noces avec le musicien Orphée. Dévasté par le chagrin, celui-ci entreprend alors de descendre aux Enfers afin de récupérer sa promise. Charmés par sa musique, les gardiens des lieux le laissent un à un passer et un accord finit par être conclu avec Hadès : le dieu des morts laissera partir Eurydice si Orphée parvient à la mener à la sortie sans jamais lui jeter un regard avant d’avoir atteint la lumière. Une formalité, aisément applicable. Et pourtant, au dernier moment, le musicien ne résistera pas à jeter un coup d’œil à sa bien-aimée, dès lors de nouveau condamnée aux Enfers et à l’oubli, pour toujours. Les interprétations sont légions afin de tenter d’expliquer le geste d’Orphée, mais la grande majorité s’accordent sur deux choses : l’amour profond porté par le musicien à son épouse, et le caractère involontaire de son acte. Deux interprétations que Melchior Ascaride choisit de rejeter dans ce petit roman graphique qui fait suite à deux autres ouvrages du même type parus en 2017 (« Tout au milieu du monde ») et 2019 (« Ce qui vient la nuit »). Loin de l’épouse éplorée dépeinte par le mythe, l’Eurydice mise en scène ici a tout de la battante et est bien décidée à se venger. Car la décision d’Orphée n’a rien d’un hasard : il était bien dans son intention d’abandonner la dryade aux Enfers, le seul objectif de sa descente résidant dans la gloire assurée qu’elle lui permettrait d’obtenir ! Résolue à échapper à son destin et à punir l’hypocrite, Eurydice se lance alors dans une quête impossible pour quitter sa prison infernale.



L’ouvrage reprend les mêmes codes que les deux autres précédemment cités : le texte est relativement court (une novella) et est accompagné d’illustrations qui tour à tour complètent ou soulignent l’intrigue. Contrairement aux précédentes œuvres, en revanche, Melchior Ascaride est cette fois seul aux commandes (quand il était accompagné de Julien Bétan et Mathieu Rivero), mais le résultat est globalement du même acabit, à savoir plutôt positif. L’initiative de l’auteur de faire la lumière sur le caractère clairement misogyne de quantité de mythes et histoires dont on nous a abreuvé plus jeune sans pour autant les questionner est louable et s’inscrit évidemment dans le contexte actuel de libération de la parole féminine et de déconstruction d’un certain nombre de pratiques et modes de pensée. Sur sa route, Eurydice croisera d’autres figures féminines n’ayant pas été épargnées et souhaitant s’émanciper du rôle qu’on leur a injustement attribué. Un vent de fraîcheur qui permet de dépoussiérer des mythes qui paraissent aujourd’hui un peu trop surannés. Que les amateurs de mythologie grecque se rassurent, l’ouvrage lui rend malgré tout hommage en mettant en scène quantité de personnages ou figures emblématiques, qu’il s’agisse des habitants originels des Enfers chargés d’épauler Hadès dans son quotidien (le passeur Charon, le démon Eurynomos, Perséphone...) ou des héros ou héroïnes malheureux que la tragédie a précipité dans ces lieux infernaux (Thésée, Tirésias, les Danaïdes…). Parmi les bémols on peut mentionner la plume de l’auteur qui est sans doute un peu trop ampoulée, notamment dans la première moitié. Les sempiternelles imprécations d’Eurydice à l’encontre de son époux, des gardiens des Enfers et des dieux finissent notamment par devenir lassantes car répétitives. De même, on peut regretter un début un peu monotone, l’intrigue se réduisant à des rencontres entre une héroïne enragée et des personnages ou créatures moqueuses sans que rien de bien notable ne se passe. La seconde partie se fait heureusement plus palpitante et permet de mettre en lumière, au-delà du simple cas d’Eurydice, la misogynie criante des mythes évoqués. Les illustrations, elles, sont à l’image de ce que fait d’ordinaire Melchior Ascaride, épurées, et c’est cette simplicité qui leur donne justement leur charme. Après le rouge et le jaune, c’est ici le bleu qui prédomine, avec, cette fois, des personnages représentés avec plus de détails que les simples silhouettes auxquelles l’artiste nous avait jusqu’à présent habitué.



« Eurydice déchaînée » est un roman graphique intéressant qui permet de questionner la place des femmes dans la mythologie grecque et l’injustice dont ses grandes figures féminines sont victimes. En dépit de quelques maladresses dans l’écriture et d’un démarrage un peu poussif, l’ouvrage veut le coup d’œil et propose une réinterprétation moderne et féministe de l’une des histories les plus tragiques de la mythologie grecque.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Eurydice déchaînée

Profondément misogyne, la mythologie grecque regorge d'histoires sordides dont les victimes sont très majoritairement des femmes : viols, parfois incestueux, meurtres, abus mutilples et variés, injustices manifestes ou plus sournoises.

Les mortelles, les créatures semi-divines, les immortelles, aucune catégorie n'est épargnée.



Rappelez-vous Hélène qui fut enlevée et amenée de force à Troie.

Rappelez-vous Briseis, disputée comme un trophée de guerre entre Achille et Agamemnon.

Rappelez-vous Méduse, violée dans un temple d'Athéna et transformée en Gorgone par celle-ci pour la punir d'avoir profané son temple.

Rappelez-vous Cassandre.

Rappelez-vous Europe.

Rappelez-vous Pandore.

Rappelez-vous Danaé, Léda, Thétis.

Rappelez-vous Ariane, Perséphone, Arachné, Andromede, Médée, Jocaste, Callisto, Egine, Alcmène et toutes les Danaides.



Melchior Ascaride a choisi de reprendre le mythe d'Orphée et Eurydice (notez qu'on le cite toujours en premier, en supposant qu'on nomme la deuxième).

Et si Orphée avait délibérément tourné la tête pour condamner son épouse aux Enfers, qu'au final il n'aimait pas tant que ça, à rester aux Enfers, sa catabase n'étant qu'un prétexte pour en tirer une chanson, qui resterait dans les annales divines et historiques, comme l'histoire d'amour la plus tragique jamais chantée de mémoire d'aède.

C'était intéressant mais pas si convaincant que cela.

Eurydice est en colère et elle soupçonne Orphée de l'avoir abandonnée. Elle soupçonne un mec d'être une ordure finie et comme c'est un homme c'est forcément vrai... Elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'à maintenant mais c'était un manipulateur narcissique... Pour moi, ça ne sonne pas juste. Ce qui devrait être présentée comme une saine colère devient le délire d'une folle, furieuse d'être abandonnée. Je ne pense pas que c'était l'idée poursuivie par l'auteur.

Le problème est qu'on ne connaît pas du tout Orphée.

Et non ! je ne me place pas du côté des femmes, inconditionnellement, par sororité, juste parce que l'homme est présumé coupable jusqu'à preuve du contraire. Et si vous avez un minimum d'esprit critique, vous aussi vous suspendez toujours votre jugement en attendant de connaître les autres protagonistes et leurs versions.

Tout ça pour vous expliquer pourquoi j'ai été mal à l'aise avec ce personnage d'Eurydice et ses revendications vengeresses. C'est bancal, et comme l'histoire repose entièrement là-dessus, j'ai dû apprendre à faire l'équilibriste : me dire que je ne comprenais peut-être pas le message, que je le comprenais sans doute de travers ou bien que ce n'était pas grave si je n'y adhérais pas complètement.



Après, il y a des tas de choses que j'ai aimé dans ce livre, à commencer par l'écriture très riche de l'auteur.





J'aime autant vous prévenir que si vous n'êtes pas familier avec la mythologie grecque, ce récit peut vous apparaître comme particulièrement difficile à appréhender.

Si vous aimez les styles d'écriture dépouillés, simples et sobres, peut-être que ce texte vous paraîtra inutilement ampoulé.

Si vous êtes tenté malgré cela, sachez que c'est un roman graphique, que ça vaut le coup d’œil. En plus, c'est court. Se faire sa propre opinion au lieu d'écouter la mienne...



Bisous mes petits choux.



Lecture effectuée en préparation des Ukronies du Val 2023















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Désolation

Attirée par la quatrième de couverture et la perspective de découvrir un nouvel auteur, j'étais impatiente de découvrir cette adaptation d'une nouvelle de Jean-Philippe Jaworski en format graphique dans un univers à la Tolkien.



Effectivement, des nains partent en expédition dans une montagne puis dans un endroit sombre et profond dans lequel se trouve un dragon. Et on trouve aussi des gnomes et autres créatures. Jusque là on peut se dire que la référence au créateur de la Terre du Milieu était pertinente.



La langue de l'auteur est assez riche, mais le tout manque de fluidité et à cause de cette impression je n'est pas été transportée plus que ça; bien que j'ai trouvé le dernier tiers plus accrocheur que les deux premiers. Mais pas de quoi en garder un souvenir impérissable... Notamment parce que je m'attendais à ce que les apparitions du dragon soient moins anecdotiques !

Certes, il faut tout de même rendre à César ce qui lui appartient : les illustrations de Melchior Ascaride sublime cette nouvelle à l'ambiance pesante avec ces nains gouailleurs, vulgaires et prêts à en découdre.
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Tout au milieu du monde

Il y a quelques mois sortait chez Les Moutons Électriques un petit ovni littéraire, fruit de la collaboration entre deux auteurs, Julin Bétan et Mathieu Rivero, et un illustrateur, Melchior Ascaride (également directeur artistique de la maison d'édition). Composé d'une centaine de pages, l'ouvrage est certes court mais séduit par l'originalité de son fond aussi bien que de sa forme. Dans un univers à l'ambiance protohistorique, le lecteur fait la connaissance d'Amouko, le chamane de la tribu des Yervara qui rencontrent depuis quelque temps des problèmes de plus en plus alarmants venant menacer leurs moyens de subsistances. Pour le vieil homme, la cause de tous ces malheurs est évidente : le village a besoin d'une nouvelle relique qui favorisera le retour de la fertilité. Seulement pour la trouver, il faudra se rendre dans un lieu mythique fort éloigné des terres habituellement arpentées par la tribu. Ils sont trois à prendre la route : le chamane, son apprenti Ushang, et enfin une jeune chasseresse du village, Soha. Mais la route est longue jusqu'au ossuaire des géants et les trois aventuriers vont tomber sur bien des obstacles... Les trois auteurs nous livrent ici une belle fable, cruelle mais chargée de significations, et qui prend parfois des aspects de mythe fondateur. L'ouvrage baigne dans une ambiance très particulière due à l'influence en terme de décor et d'ambiance de la période préhistorique, mais aussi à l'importance accordée au rêve et au monde des esprits. Le récit alterne ainsi entre passages purement oniriques, suscitant bien souvent l'émerveillement du lecteur, et scènes d'action plus dynamiques (voire même carrément épiques) au cours desquelles les personnages se retrouvent confrontés à de terribles créatures venant entraver leur avancée.



Le charme de ce petit roman graphique tient aussi et surtout à la façon dont se mêlent ici le texte et les images, car si la collaboration entre un auteur et un illustrateur n'est effectivement pas si rare, celle-ci se limite malgré tout souvent à une « simple » alternance entre dessin et récit. Or c'est tout l'inverse qui se produit dans « Tout au milieu du monde » où les deux supports se mélangeant allègrement tout au long de l'ouvrage, le texte venant par exemple s'enrouler autour du dessin tandis que celui-ci change constamment de place et de taille. Il arrive même à plusieurs reprises que le texte s'efface complètement au profit du dessin comme c'est le cas dans les vingt dernières pages où Melchior Ascaride se retrouve seul aux commandes pour nous raconter la fin de l'histoire d'Amouko et de ses compagnons. On a donc affaire à une mise en page tout sauf figée ce qui donne à l'ensemble un côté très dynamique auquel le lecteur ne peut qu'être sensible. Les couleurs qui dominent dans l'ouvrage sont exactement les mêmes que celles présentent sur la couverture : le rouge, le noir et le blanc. Les personnages ne nous apparaissent ainsi que sous forme de silhouettes sombres qui se détachent d'un fond blanc ou rouge, un peu à la manière d'un théâtre d'ombre (cet aspect m'a personnellement aussitôt fait pensé au travail réalisé par Michel Ocelot sur le très beau film d'animation « Princes et princesses »). Melchior Ascaride opte comme souvent dans ses couvertures pour un style très épuré qui permet au lecteur de saisir immédiatement l'essentiel de l'action sans pour autant jamais réduire l'intensité émotionnelle de la scène. Le texte est lui aussi très agréable à lire, à la fois soigné et fluide, et contribue à donner à cet univers cette ambiance onirique si singulière.



Pari osé mais réussi pour Julien Bétan, Mathieu Rivero et Melchior Ascaride qui signent avec « Tout au milieu du monde » un roman graphique atypique dans lequel l'image et le texte cohabitent en toute harmonie pour donner vie à une fable étonnante et originale. A découvrir !
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

Un début très prometteur pour cette saga au Royaume du Demi-Loup.



Chloé Chevalier signe ici son premier roman publié chez les Moutons Électriques. Cette jeune auteure a un talent incontestable. Sa plume toute en finesse et en délicatesse nous plonge dans les intrigues d'un univers tout à fait original et jubilatoire. Si comme elle le dit, elle emprunte ses influences à la remarquable Robin Hobb, je n'ai pas ressenti la lassitude ni l'ennui que j'avais quelques fois pendant ma lecture de l'Assassin Royal (qui rappelons-le compte quand même 13 tomes!)



Ce livre est vraiment magnifique. Les rabats qui le composent sont chacun estampillés des armoiries des deux domaines composant le Demi-Loup : Véridienne ayant le loup pour symbole et celui des Eponas représenté par un chat. Ce petit côté Game of thronesque n'est pas pour me déplaire. La couverture accroche immanquablement le regard. Ce château stylisé et ces tons rouge sang n'augurent rien de bon...



Il s'agit de mon premier livre de chez Les moutons électriques, mais je vais à l'avenir étudier de plus près leur catalogue rempli de merveilleuses tentations.



Ce qui fait toute la singularité de Véridienne est sa structure narrative, découpée en plusieurs témoignages. Le récit prend la forme de journaux intimes, de faits rapportés principalement par les Suivants et les Suivantes du Royaume mais également par le jeune prince Aldemor.

Chloé Chevalier invente un nouvelle catégorie sociale, qui rend son roman attractif et développe notre curiosité. Car si dans les romans de Fantasy les domestiques -plus ou moins caricaturaux- sont monnaie courante, le thème de suivant/suivante est assez novateur.

Au Royaume du Demi-Loup, chaque prince ou princesse nouvellement né, est respectivement lié à son suivant ou sa suivante. Ce dernier doit impérativement être né un jour après l'enfant royal. Il sera destiné à suivre le futur roi ou la future reine tout au long de sa vie, et bénéficiera d'une relation privilégiée et d'un statut quasi-égal. Les suivants ou suivants ne sont donc pas de simples domestiques. Ils bénéficient des même privilèges que leur majesté, ils suivent des cours et doivent savoir manier les armes pour assurer la protection de l'héritier. En effet, la relation entre un noble et son suivant est intime, plus que de l'amitié, ils sont liés pour toujours. le suivant doit être prêt à donner sa vie si la situation l'exige. Les enfants des suivants font aussi partie de l'ordre de succession au trône. Lorsqu'un suivant se marie, il doit avoir le consentement de son souverain et contracte pour ainsi dire un mariage à trois personnes.

Ce concept de suivant est donc on le voit soumis à des restrictions et des lois précises. Mais on se rend vite compte que dans la famille du roi Aldemar, les traditions ne sont pas vraiment respectées à la lettre. Ce qui va créer comme on se doute, des tensions et des problèmes de taille. le premier problème étant le partage du Royaume du Demi-loup. Autrefois gouverné par un seul et même roi, par un caprice du sort, il est désormais scindé en deux parties. Ce qui n'est pas sans créer des tensions entre les deux contrées. D'autre part, le roi Aldemar a ouvert les hostilités en envoyant son tout jeune fils alors âgé de 12 ans à la guerre. En plus de ne pas avoir endossé la responsabilité lui-même, il a fait pire en envoyant Gim, son propre suivant, pour se déculpabiliser. le jeune prince, inexpérimenté et terrorisé par des conditions de vie extrêmes, va finir par commettre l'irréparable. J'ai eu d'ailleurs beaucoup de peine à la lecture du récit d'Aldemor. Il ne méritait vraiment pas ça, et l'injustice qui l'accable m'a émue. Je pense qu'Aldemor est de loin le personnage qui m'a le plus touchée dans cette histoire. Finalement, j'ai eu assez peu d'empathie pour les cinq jeunes femmes -les deux princesses et leurs suivantes- les trouvant trop capricieuses et immatures pour leur condition. Il est clair que leurs privilèges ne les ont pas aidé à garder la tête froide et à rester humbles. Je me doutais que Calvina finirait par reprendre le dessus sur Malvane vu tout ce qu'elle lui a fait subir par le passé. Si les princesses m'ont à plusieurs reprises agacée avec leur comportement puérile, les trois suivantes, Cathelle et Nersés de Véridienne ainsi que Lufthilde des Eponas ont à l'âge adulte, eu un comportement plus avisé. A noter que ce premier tome retrace en grande partie les souvenirs de Nersès et de Lufthilde. Ce sont elles les narratrices omniscientes, elle se partagent les souvenirs à tour de rôle, sauf bien sûr lorsque c'est précisé autrement. Par exemple, à certains moments la narration est entrecoupée par des lettres ou des messages faisant intervenir d'autres personnages. Cette non linéarité permet d'assembler à notre façon le puzzle conséquent que constitue l'histoire de Véridienne.



Chloé Chevalier imagine un univers dense ayant sa propre histoire, sa propre géographie, son propre climat et bien sûr ses propres codes et traditions.

L'on se doutait bien que cinq jeune filles réunies sous un même toit -deux princesses, trois suivantes- risquait de faire des étincelles. Surtout lorsqu'une des princesses Malvane, enfreint la tradition en n'ayant pas une mais deux suivantes !

Les relations entre les cinq filles connaissent des hauts et des bas, et nous devenons les spectateurs de leurs tourments amoureux, politiques, relationnels et j'en passe. Les deux princesses Malvane et Calvina sont deux tornades d'impulsivité et j'ai plaint à plusieurs reprise leur entourage qui doit en permanence les supporter et les modérer.



J'ai vraiment aimé suivre les intrigues politiques et amoureuses de cette cour vraiment particulière. Si Véridienne, est un château plutôt froid et sinistre le domaine des Eponas est (ou était) plutôt chaleureux et confortable. Mais le contraste ne s'arrête pas là, vous le verrez bien assez tôt. Chaque personnage a son propre vécu, sa propre histoire et j'ai pris plaisir à connaître tout ce petit monde et à faire connaissance avec des personnalités sympathiques mais aussi troublantes. J'espère que le second tome ne tardera pas trop à sortir car les dernières lignes laissent entrevoir une révélation de la plus haute importance. Même si je pense avoir deviné de quoi il s'agit, j'ai hâte de confirmer tout ça avec la suite !



Je vous invite donc à découvrir le Demi-Loup et Véridienne qui mérite vraiment d'être connu et partagé !

Bonne lecture et surtout, clémente vous soit la pluie ;)





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Fumée

Le terme Roman Graphique est parfois galvaudé, qui renvoie souvent à des B.D. « littéraires » et avec beaucoup de textes sortant des phylactères. Ici nous avons très clairement affaire à un roman graphique (ou roman illustré), car l’équilibre est respecté entre le texte et les illustrations.

J’étais curieux de connaître les Moutons Electriques (l’éditeur), mais je reste un peu sur ma faim. Pourquoi ? D’abord l’écriture m’a parue trop parodique, ampoulée, lourde de métaphores, overdosée de qualificatifs : « La rampe poisseuse d’un escalier nauséabond à la moquette miteuse » … j’en passe et des meilleurs.

En ce qui concerne le genre, on navigue entre le polar noir (euphémisme !) et le conte gothique : Dans un Paris glauque des 50’s, un flic usé qui trimbale ses souvenirs sordides de guerre d’Algérie, recherche Nicotine, une fée poursuivie par un trafiquant d’arme, et une horde de cavaliers rouges. On est donc assez loin du polars à papa, réaliste et pragmatique, ici le mélange est osé, voire détonant.

J’ai bien aimé le chapitre où le narrateur évoque Nora, une ancienne collègue qui pour en sortir des indices « testait » les lits où avaient séjourné des suspects, car : « Quand les gens refusent de parler, alors il faut interroger les objets et les lieux ».

L’objet-livre m’a beaucoup plu aussi : Format = 1 empan de haut x 17cm de large. Un belle couverture, qui vous rappelle sans doute un paquet de Gitane. Et une dynamique efficace entre le scénario et les illustrations minimalistes, plus les trois couleurs : Noir, blanc et bleu fumée de clope.

Une petite lecture concise, qui plaira aux amateurs du genre.

Allez, salut.

P.S. : Pour ce joli cadeau, merci à la fabuleuse M.C.B. et donc aux moutons électriques (qui rêvent peut-être de Nicotine aussi ;-).

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Tout au milieu du monde

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman graphique, un peu OVNI littéraire, qui offre une histoire qui, certes, parait classique dans les grandes lignes, mais qui arrive à trouver sa propre voix. La plume des auteurs, Julien Bétan et Mathieu Rivero, y joue déjà un grand rôle, proposant un style soignée et envoûtant qui offre au récit une certaine poésie qui fait qu’on se laisse porter par les aventures des protagonistes. L’univers construit, ne manque pas de se révéler attrayant, proposant une Fantasy protohistorique offrant une certaine richesse en jouant sur ce qui est présenté mais aussi sur les non-dits, tout en offrant quelques réflexions intéressantes. Mais surtout ce qui le rend encore plus dense c’est le travail graphique qui vient clairement cohabiter avec le texte. Illustré par Melchior Ascaride, proposant un travail épuré, il se révèle franchement réussi et marquant. C’est cette cohésion entre l’aspect graphique et le récit qui rende l’objet très réussi. Alors après je regretterai tout de même un certain manque de profondeur dans les personnages ainsi qu’un sentiment de trop peu une fois la dernière page tournée, mais au final rien de trop bloquant tant l’ensemble a réussi à me captiver.





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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome de cette série qui, certes, se révèle un tome d’introduction, mais évite de se perdre nous proposant ainsi de lier son intrigue à l’évolution des personnages, passant de l’enfance à l’âge adulte avec tout ce que cela occasionne. L’auteur offre ainsi une intrigue « humaine » qui se révèle efficace et entrainante, le tout sur un rythme posé, lent. L’univers développé ne manque pas d’attrait, avec une politique décadente et surtout des coutumes vraiment intéressantes et originales comme cette idée de Suivant(e)s qui offre une complexité supplémentaire aux jeux de pouvoirs. Les personnages sont l’un des points forts du récit, se révélant complexes, humains, entrainants et captivants que ce soit les personnages principaux comme secondaires. Je reprocherai une légère difficulté parfois à reconnaitre la narratrice tant chacun parait avoir le même style, et un certain retrait qui fait qu’on a un peu de mal à complètement s’accrocher à elle. Je regrette par contre que le fil rouge mette un peu de temps à se dévoiler, mais bon rien de trop dérangeant. La plume de l’auteur se révèle fluide, vivant et efficace et je lirai sans soucis la suite de ce cycle.





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Fumée

La plume de Nicolas Texier, je l'ai découverte avec son roman de fantasy antique, Les Ménades. Mais changement de décor pour son dernier livre qui investit le terrain d'une fantasy plus urbaine. Mieux encore, il a embarqué le talentueux Melchior Ascaride dans son aventure car Fumée a la particularité d'être un roman graphique.



Au regard du produit fini, on peut se dire que le mariage entre les deux a bien pris pour nous embarquer dans un road trip fantasmagorique et un tantinet brumeux.



Dans Fumée, on suit les investigations d'un inspecteur de la Sûreté chargé d'enquêter sur la disparition d'une certaine Nicotine. En remontant la piste de cette mystérieuse fée, un faisceau d'indices va le conduire à investiguer du côté d'un trafiquant d'armes et à fréquenter les quartiers les plus chauds. L'affaire s'annonce donc épineuse, d'autant que se frotter à un gros poisson n'est pas exempt de danger. Mais notre inspecteur est trop têtu pour abandonner en cours de route, n'est-ce-pas !



Fumée prend cadre dans le Paris des années 50 que l'on arpente aux côtés de cet inspecteur qui nous balade des locaux du 38 quai des Orfèvres aux quartiers les plus glauques de la capitale en faisant quelques détours de l'autre côté du périphérique.



De ce Paris sombre et cru surgit le merveilleux sous la forme de créatures féeriques ou mythologiques qui apparaissent comme autant de chimères après lesquelles court le personnage principal de ce livre. Le caractère surnaturel s'harmonise bien ici aux codes du roman noir qui nous plonge dans la réalité sociétale d'une France traumatisée et précaire sous la coupe du crime organisé.



Sous la plume de Nicolas Texier, l'onirisme se pare d'atours improbables avec une fée de la cigarette aux prises avec les mafieux du coin et pourchassée par une bande de djinns chevauchant des canassons qui semblent sortis tout droit de l'enfer. Éthérée comme la fumée qu'elle dégage, elle demeure longtemps insaisissable autant pour l'inspecteur de la Sûreté que pour ses mythiques poursuivants. Mystérieuse et envoûtante, Nicotine est comme ces drogues dures dont on ne peut se sevrer que dans la douleur. Ainsi, la retrouver tourne à l'obsession pour notre inspecteur, quitte à se faire tabasser par des truands sans scrupules ou à risquer sa carrière auprès d'une hiérarchie sceptique.



En outre, cette enquête prend vite le goût d'une descente aux enfers pour notre inspecteur qui ne peut s'empêcher d'avoir des réminiscences de cette expérience traumatisante que fut la guerre d'Algérie. En effet, chacune de ses avancées le conduit à faire remonter à la surface de douloureux souvenirs à propos de sa jeunesse perdue qui lui promettait un doux mariage pour laisser place à l'horreur implacable de la violence des combats et aux exactions inhérentes à la guerre, perpétrées sur des peuples innocents. Comme pour conjurer le sort, et peut-être trouver sa rédemption, il ne peut ici abandonner l'idée de sauver Nicotine des griffes du danger qui la menace.



Fumée dessine les contours d'un univers sombre et violent que l'on découvre à travers le regard tragique et pessimiste que le personnage principal porte sur la société.



Or, quoi de mieux que de voir celui-ci prendre vie grâce aux illustrations de Melchior Ascaride qui accompagnent ingénieusement le texte autant pour lui donner vie que pour le compléter. Dans Fumée, on retrouve bien la patte de cet artiste qui aime jouer avec le texte en proposant une narration originale combinant écriture et graphisme. Plus que de se contenter d'illustrer des moments forts du récit, Melchior Ascaride vient le compléter par des détails ou des informations visuelles supplémentaires notables. Ainsi, le texte et le visuel entrent en parfaite résonance et donnent à la lecture tout son relief. D'autant que la bichromie noire et bleue s'accorde parfaitement au ton enténébré de cette odyssée... suite sur Fantasy à la Carte




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Désolation

En route pour une expédition naine au cœur de terres interdites et abandonnées depuis des siècles. En route pour les profondeurs de la terre, où règne une menace ancestrale. En route pour la désolation du dragon.

Accrochez-vous bien pour partir aux côtés de Hjalmberich, de son escadron de guerriers nains et de leurs esclaves gnomes, car cette aventure démarre sur les chapeaux de roues… et il faudra raccrocher pas mal de wagons en route ! On comprend néanmoins assez vite que cette troupe est une expédition de ravitaillement un peu désespérée qui n’a d’autre choix que de traverser le territoire d’un terrible dragon pour secourir ses alliés assiégés depuis plusieurs semaines. Nous voilà en route pour Wyrmdale.

Cette nouvelle illustrée est sans conteste une lecture plaisante et originale, visuellement assez bluffante et qui se termine en apothéose. Elle est servie par la plume équilibrée de Jaworsky, qui alterne entre un style narratif subtil, presque délicat, et des dialogues diablement dynamiques.

Néanmoins, tout va un peu trop vite… La faute au genre de la nouvelle en lui-même qui impose une certaine concision ? Toujours est-il que le lecteur aura tôt fait de se perdre dans le foisonnement de l’univers dans lequel il débarque.

On plonge dans un récit rythmé, à l’intrigue efficace, mais ce monde est tellement riche et l’auteur semble vouloir partager tellement de détails qu’il noie le lecteur sous un flot d’informations et de termes nouveaux en un temps record. À tel point qu’il en devient même difficile de situer les personnages principaux qui sont tantôt désignés par leur nom, leur grade, leur titre, etc, mais ne sont quasiment jamais introduit ou présentés posément (il n’y a notamment aucunes descriptions physiques auxquelles se raccrocher pour ne pas se mélanger les pinceaux). Petit bémol donc, côté écriture.

L’univers graphique d’Ascaride, quant à lui, est une invite plus aisée, mais aussi plus efficace, à plonger dès les premières pages dans l’environnement guerrier, sauvage et abrupt de la nouvelle. Les illustrations sont incisives, précises, et les couleurs -uniquement des nuances de gris et du orange- sont toujours choisies avec justesse pour mettre en exergue les points les plus importants du récit.

Quelques belles doubles pages sont consacrées uniquement à l’illustration et elles s’insèrent avec justesse au milieu du récit textuel, tantôt en mettant en place de brefs répits et en invitant le lecteur à la contemplation, tantôt au contraire en accentuant le rythme et la pression. Sur les autres pages, texte et graphismes s’enlacent de façon plutôt esthétique mais qui complexifie parfois un peu trop la lisibilité.



Une aventure plaisante donc, qui a ses défauts mais aussi pas mal de qualités et dont le dénouement est pour moi le plus gros point fort. Pour ma part, pas sûre que j’aurais autant accroché si je l’avais lu sans les illustrations qui sont une vraie plus-value au texte de Jaworsky.
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Désolation

Une caravane de nains et de gnomes, avec des mules. Il s'agit de ravitailler une ville amie assiégée. En passant par un chemin frappé de tabou et d'interdit : des mines abandonnées, hantées par des fantômes mais surtout par un dragon. Et par des ennemis bien plus tangibles : des gobelins, plein, beaucoup trop.

Pas d'héroïsme superflu : les nains ont peur et ont une mission à accomplir. Sans compter que les gnomes, esclaves des nains, semblent savoir des choses sur les mines que les nains tentent, eux, de nier.

C'est un bel hommage à Tolkien, tant dans les lieux (comment ne pas penser à la Moria ou à la Montagne solitaire du Hobbit, sans compter le tire), qu'évidemment les personnages des nains et des gobelins, inspirés directement de la saga. Les nains sont grognons, durs à la bataille, courageux mais pas inconscients. Mais pas très tolérants. Les Gobelins sont moches, méchants et pas solidaires pour un sou.

L'intrigue est bien menée, le suspens est maintenu jusqu'au bout et franchement, on ne la voit pas arriver.

Et pour ne rien gâcher, mais pour embellir le tout : les illustrations en orange et noir de Melchior Ascaride. Sublimes et inventives !
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

C'est grâce à la chronique plus qu'enthousiaste de Supy que j'ai demandé Véridienne au dernier Masse Critique de Babelio. Décidément, les Moutons Électriques comblent l'accro à la fantasy que je suis et nous offrent ici un excellent roman, un premier tome prometteur avec lequel j'ai passé un excellent moment. J'ai eu bien du mal à le lâcher une fois commencé, et si je crie au coup de cœur, je crie aussi de désespoir de ne pas avoir la suite sous la main !



Le roman nous présente donc le royaume de Demi-Loup, lequel vit des temps difficiles alors qu'un mal mystérieux se propage et crée une hécatombe dans la population. La situation politique elle-même n'est pas au beau fixe. Le fils du Roi est parti en guerre, une guerre interminable qu'il mène depuis ses douze ans, et ce peu de temps avant que le frère du Roi ne meure et que sa famille ne soit chassée de son domaine.



Nous retrouvons donc la famille royale rassemblée à Véridienne, capitale du Demi-Loup. Ici, nous suivons principalement les deux Princesses, filles du Roi et de son frère, ainsi que leurs Suivantes. Ces dernières sont des jeunes filles nées le jour suivant celui de la naissance de chacune des princesses, d'où leur nom de Suivante, mais ne sont en aucun cas leur servantes. Elles sont leurs égales, leurs conseillères, et entrent même en ligne de succession directement après elles. J'ai trouvé cette idée très intéressante, surtout le fait que les Suivantes (ou Suivant, si l'enfant royal est de sexe masculin) soient tout simplement des filles du peuple catapultées aussi haut dans la hiérarchie du royaume.



Le récit est raconté d'une façon très originale, avec une alternance de points de vue entre les Suivantes et le prince Aldemor, le jeune homme parti en guerre, sous forme d'extraits de carnets, de journaux intimes, d'échange de courriers... mais sans que jamais le récit ne tombe du côté purement épistolaire (et heureusement car j'ai ce genre en horreur.) Le tout est extrêmement bien raconté, et chaque changement de point de vue est annoncé par une petite illustration représentant l'un des narrateurs. La seule chose que je reprocherais au roman est le fait que le petit rappel des illustrations en question avec le nom correspondant au narrateur associé soient placé à la fin du roman, il aurait été plus utile au début. Mais ce n'est pas vraiment un problème, du fait que chacun des narrateurs ait une personnalité si affirmée qu'en seulement quelques lignes le lecteur saura de qui il s'agit sans même se poser la question.



L'histoire, quant à elle, est difficile à définir. Nous apprenons surtout à connaître les jeunes Princesses et leurs Suivantes, avec une légère frustration de ne pas avoir le point de vue des premières et seulement le ressenti qu'ont leurs Suivantes à leur égard. Une grande partie du récit est donc consacré à leur apprentissage, l'évolution de leurs caractères respectifs, les amitiés et les inimités et bien sûr les premières amours et déconvenues sentimentales... Mais sans jamais tomber dans le mièvre, du fait que les narrateurs reviennent sur les faits des années après les avoir vécus, avec une maturité et une vision des choses différentes.



Ainsi, c'est un premier tome assez peu dans l'action, qui sert surtout à apprendre à connaître les protagonistes, à découvrir des personnages tout sauf manichéens auxquels il est plus facile de s'attacher qu'autre chose, et ce malgré leurs énormes défauts qui les rendent au contraire humains et crédibles. J'ai pour ma part été plus que satisfaite de la façon toute naturelle qu'avait l'auteur de raconter les événements, permettant au lecteur de découvrir comment le Demi-Loup fonctionnait, ainsi que son Histoire. Enfin, j'ai été conquise par le style de Chloé Chevalier qui, s'il reste égal tout au long du roman, change tout de même de façon subtile en fonction du narrateur. Si je vais bien sûr lire la suite, je serai aussi au rendez-vous pour les prochains romans de l'auteur ! J'ai eu un vrai gros coup de cœur pour cet excellent roman que je recommande à tout bon lecteur de fantasy attaché à la psychologie des personnages. Je vais maintenant grommeler dans mon coin en attendant la suite, qui promet d'être tout aussi palpitante. Merci encore aux Moutons Électriques et à Babelio pour l'excellent moment que j'ai passé grâce à eux, et merci aussi à Supy de m'avoir poussé à lire cet excellent roman !


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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

"Véridienne" de Chloé Chevalier est un premier roman au ton introductif. Un récit à quatre voix plante le décor et met en place les coutumes, la politique, la géographie, l'histoire et les relations entre protagonistes. Un choix qui aurait pu être des plus barbants si l'auteure n'avait pas opté pour la forme particulière du journal intime accompagnées de correspondances. De la sorte, les points de vues glissent sans que l'on ne perde jamais le fil du récit.



Des idées originales comme la coutume des "suivant(e)s" que j'ai beaucoup aimé ou encore la particularité de la Preste Mort et l'utilisation des blasons pour identifier le narrateur. Des personnages réalistes, à la psychologie travaillée, évoluant au gré des ans et des évènements. On ne s'ennui pas, bien que quelques passages puissent paraître un peu long.



Les "récits du Demi-Loup" sont prometteurs. La suite est des plus tentantes au vu de la situation dans laquelle Chloé Chevalier abandonne ses personnages et des dernières déclarations du couple royal de Véridienne. Ajoutons à cela la qualité de l'édition qui est pratique à lire et agréable à l'œil. Il manquerait peut-être une petite carte pour aider à mieux visualiser les contrées du Demi-Loup est des pays qui l'entourent.



Merci à Babelio et aux éditions "Les Moutons électriques" pour ce bon moment de lecture que j'espère réitérer à la sortie du second tome.
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

On est sur de la Low fantasy, dans le sens ou il n’y a pas de magie dans ce monde, c’est juste un monde différent et une société différente.



Et je trouve ce récit à la fois original et classique.

Le ton est très moyen-ageux, quand les gens n’avaient pas vraiment de moyen de communiquer sur des thèmes comme le stress post traumatique. On retrouve un petit coté qui fait penser à l’époque de la « chanson de geste ». Le livre qui s’y rapproche le plus que j’ai lu est surement La Chanson d’Arbonne de Guy Gavriel Kay. On est vraiment dans le même type d’ambiance.



Je dirais même un truc qui va étonner surement les gens qui connaissent un peu GG Kay : Pour moi pour Véridienne est même limite plus lent que La Chanson d’Arbonne niveau rythme et intrigue. En plus il y a encore moins de magie que dans les GG Kay vu qu’ici on est dans un récit qui pourrait tout à fait être historique si on voulait (si on le recadrait dans notre monde).



On suit la vie d’un famille par ses enfants, qui grandissent au fil du tome. Cette famille est composée à l’origine de deux frère, dont l’un est le roi et l’autre un noble très puissant, de leurs deux suivants, et de leurs femmes et enfants. Le roi à deux enfants, un fils qui a perdu son suivant très jeune, et une fille qui a deux suivantes. Et son frère, qui dirige la plus grosse région limite autonome du royaume, a aussi une fille qui a une suivante.



Pour info un suivant est un bébé né un jour après l’enfant royal, dans le royaume. Ce bébé est arraché à ses parents et devient un membre à part de la famille royal, un ami et conseiller pour l’enfant royal. Le suivant peut même lui même prendre le trône si jamais son lié meurt sans héritier, ça c’est déjà fait dans le passé. Il est un peu le « double » de la personne auquel il est lié et a une place entière dans la famille royale et la politique.



Le fils aîné du roi, Aldemor, part à la guerre comme général à 12 ans (à ces époques la on devenait un homme très tôt) car l’empire voisin commence à faire des raids chez eux et qu’il faut s’en occuper. Ce qui va évidemment le changer du tout au tout. Il va partir et ne pas revenir pendant 15 ans d’une campagne désespérée et perdue d’avance. Pendant ses 15 années ses sœurs/cousines (qui avaient 4 ans quand il est parti) vont grandir. C’est principalement les filles qu’on suit en direct, via leurs suivantes qui sont chargées de faire le récit au jour le jour de ce qui se passe dans leur vie.



On suit donc principalement 5 jeunes femmes qui passent d’enfant à adulte. Avec leurs relations, les jalousies, incompréhensions, disputes, failles, mais finalement une vie insouciante dans la haute société sans aucune responsabilité sauf de grandir et de laisser leurs parents tranquille.



Petit à petit elles vont s’aimer, se détester, partir dans des directions différentes, bref, comme un groupe normal de 5 amies quoi. Mais avec en plus le fait que parmi elles il y a l’héritière du trône et donc elle a un peu l’ascendant sur les autres qui doivent supporter ses façons de faire et ne jamais la contrarier ouvertement.



Du coup c’est vraiment une intrigue de cours. Tout le récit est du rapporté, chaque suivante racontant ce qui s’est passé et on tourne régulièrement de l’une à l’autre pour voir les différents point de vue de chaque situation.



Finalement une fois dedans j’avoue que j’ai eu du mal à le lâcher. C’est pas passionnant mais c’est bien prenant, on aime voir comment va évoluer toute la petite famille et ce qu’elles vont devenir une fois adulte.



Si je devais donner un défaut, c’est le fait qu’à l’écrit chaque suivante se ressemble vraiment. Elles n’ont pas de « voix » particulière, même pour parler des choses personnelles. A chaque fois que le point de vue change, c’est juste le contexte qui nous fait deviner de laquelle il s’agit, car rien qu’à l’écriture c’était impossible de les distinguer. Alors que pourtant quand une décrit les autres dans son récit, la elles sont vraiment différentes. Ce qui donne un effet un peu bizarre.



Le quotidien des 5 jeunes femmes, qui sont maintenant adulte, fini par être bouleversé par le retour d’Aldemor, grand frère/cousin prodige qui est tout cassé intérieurement et qui a du mal à se faire à son retour à la cour. N’ayant pas de suivant c’est lui qui écrit ses propres archives. Et du coup elles ont bien plus de personnalité que celles des suivantes des filles.



On est clairement pas sur une histoire joyeuse mais j’ai bien aimé l’évolution des personnages. Mon seul petit regret était le manque de profondeur de la réaction de certaines personnes au retours d’Aldemor.



Il a quand même sauvé le royaume alors qu’il avait 12 ans, mais non on s’en fou un peu j’ai l’impression. Son traitement par les autres et l’indifférence des autres personnages vis à vis de ce qu’il a pu faire pendant les 15 ans de bataille m’a vraiment fait grincer des dents. Mais grincer les dents parce que c’est réaliste aussi. Ils sont plus intéressés égoïstement parce ce que le jeune homme peur leur apporter au présent dans leurs combines et affaires.



Le roi est vraiment un personnage complexe. On a un peu du mal à le cerner des fois. Il a clairement été traumatisé par quelque chose, et ça l’a totalement détraqué. C’est un roi qui préfère enterrer les problèmes pour ne plus y penser. Il se fiche de tout on a l’impression, et pourtant il a des fulgurances à certains moments qui font comprendre qu’il a bien plus de connaissances de la situation qu’on pourrait l’imaginer nous, vu du point de vue des suivantes des filles. Et aussi qu’il y a des secrets qu’on ne connait pas encore et qui pourraient expliquer la situation globale.



Un exemple de ce qui se passe : Aldemor reviens et le grand conseil des nobles va se réunir pour en apprendre plus sur la situation. On attends donc pas mal de temps que tous arrivent du fin fond du royaume. J’imaginais que le roi aurait eu les rapports d’Aldemor sur sa vie pendant 15 ans avant le conseil, qu’il s’intéressait un minimum à son fil. Mais en fait non, il découvre donc 15 ans de la vie de son fils en même temps que tout le royaume, et ce des mois après son retours.



On a aussi limite l’impression que vu qu’une grosse partie de l’armée est partie il n’y a plus personne au niveau militaire qui reste dans le royaume lui même, et que l’armée ne c’est vraiment pas renouvelée en 15 ans. Par exemple qu’on n’a recruté ni formé personne depuis pour prendre le relais. Ce qui prouve bien la mauvaise gestion et le « je m’en foutisme » du roi.



En tout cas je me demande vraiment comment l’ensemble va pouvoir évoluer maintenant. C’est sur qu’ils ne pourront pas continuer à se tourner les pousses et faire comme si rien ne se passait. Le royaume est totalement dans le chaos
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Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

Rholala comme j'ai aimé ce roman ! Je suis toujours émerveillée de voir que je peux encore et toujours éprouver des coups de cœur aussi intenses. D'aucun vous diront que cela reste de la Fantasy classique, et bien voilà, je dis haut et fort que j'aime la Fantasy classique ! Et puis, est-ce si classique que ça ? Cette relation qui lie un Prince à son Suivant est quand même une idée originale je trouve. À la naissance de chacun de ses enfants, le roi doit partir sillonner son royaume à la recherche du Suivant, celui qui sera né le jour d'après. C'est ancestral, cela s'est toujours fait, c'est la règle du Royaume du Demi-Loup. Et comme toute bonne règle, elle est faite pour être transgressée parfois...



Ainsi, à la naissance de sa fille Malvane, le roi Aldemar, las de chercher et de ne pas trouver, va lier sa fille à Nermès, née le jour d'après le suivant. La cérémonie du lien aura déjà eu lieu lorsqu'ils vont trouver Cathelle, une vraie Suivante. Qu'à cela ne tienne, Malvane aura deux Suivantes. Et ce déséquilibre va être un peu le fil rouge de ce roman, car on va le retrouver à toutes les étapes de la vie des protagonistes. Ce lien entre le Prince et son Suivant s'avère un lien encore plus fort qu'un amour filial ou fraternel, bien plus solide qu'une profonde amitié. C'est vraiment spécial et unique à Véridienne, une marque déposée en quelque sorte, estampillée Chloé Chevalier.



La suite sur le blog ;)
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