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EAN : 9782361837198
152 pages
Les Moutons Electriques (26/03/2021)
4.02/5   45 notes
Résumé :
Orphée n'a pas pu ramener Eurydice des Enfers. Ou n'a-t-il pas voulu ? Trahie par son époux, abandonnée à la merci d'Hadès et aux ténèbres du sous-monde, la dryade n'a plus qu'une idée en tête : se venger. Défiant monstres et dieux, Eurydice débute une odyssée dans l'au-delà afin d'accomplir ce qu'aucun mortel n'a jamais réussi, s'échapper du séjour des morts.

Melchior Ascaride est un graphiste aixois installé à Paris, qui travaille principalement pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Profondément misogyne, la mythologie grecque regorge d'histoires sordides dont les victimes sont très majoritairement des femmes : viols, parfois incestueux, meurtres, abus mutilples et variés, injustices manifestes ou plus sournoises.
Les mortelles, les créatures semi-divines, les immortelles, aucune catégorie n'est épargnée.

Rappelez-vous Hélène qui fut enlevée et amenée de force à Troie.
Rappelez-vous Briseis, disputée comme un trophée de guerre entre Achille et Agamemnon.
Rappelez-vous Méduse, violée dans un temple d'Athéna et transformée en Gorgone par celle-ci pour la punir d'avoir profané son temple.
Rappelez-vous Cassandre.
Rappelez-vous Europe.
Rappelez-vous Pandore.
Rappelez-vous Danaé, Léda, Thétis.
Rappelez-vous Ariane, Perséphone, Arachné, Andromede, Médée, Jocaste, Callisto, Egine, Alcmène et toutes les Danaides.

Melchior Ascaride a choisi de reprendre le mythe d'Orphée et Eurydice (notez qu'on le cite toujours en premier, en supposant qu'on nomme la deuxième).
Et si Orphée avait délibérément tourné la tête pour condamner son épouse aux Enfers, qu'au final il n'aimait pas tant que ça, à rester aux Enfers, sa catabase n'étant qu'un prétexte pour en tirer une chanson, qui resterait dans les annales divines et historiques, comme l'histoire d'amour la plus tragique jamais chantée de mémoire d'aède.
C'était intéressant mais pas si convaincant que cela.
Eurydice est en colère et elle soupçonne Orphée de l'avoir abandonnée. Elle soupçonne un mec d'être une ordure finie et comme c'est un homme c'est forcément vrai... Elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'à maintenant mais c'était un manipulateur narcissique... Pour moi, ça ne sonne pas juste. Ce qui devrait être présentée comme une saine colère devient le délire d'une folle, furieuse d'être abandonnée. Je ne pense pas que c'était l'idée poursuivie par l'auteur.
Le problème est qu'on ne connaît pas du tout Orphée.
Et non ! je ne me place pas du côté des femmes, inconditionnellement, par sororité, juste parce que l'homme est présumé coupable jusqu'à preuve du contraire. Et si vous avez un minimum d'esprit critique, vous aussi vous suspendez toujours votre jugement en attendant de connaître les autres protagonistes et leurs versions.
Tout ça pour vous expliquer pourquoi j'ai été mal à l'aise avec ce personnage d'Eurydice et ses revendications vengeresses. C'est bancal, et comme l'histoire repose entièrement là-dessus, j'ai dû apprendre à faire l'équilibriste : me dire que je ne comprenais peut-être pas le message, que je le comprenais sans doute de travers ou bien que ce n'était pas grave si je n'y adhérais pas complètement.

Après, il y a des tas de choses que j'ai aimé dans ce livre, à commencer par l'écriture très riche de l'auteur.


J'aime autant vous prévenir que si vous n'êtes pas familier avec la mythologie grecque, ce récit peut vous apparaître comme particulièrement difficile à appréhender.
Si vous aimez les styles d'écriture dépouillés, simples et sobres, peut-être que ce texte vous paraîtra inutilement ampoulé.
Si vous êtes tenté malgré cela, sachez que c'est un roman graphique, que ça vaut le coup d'oeil. En plus, c'est court. Se faire sa propre opinion au lieu d'écouter la mienne...

Bisous mes petits choux.

Lecture effectuée en préparation des Ukronies du Val 2023







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Ariane abandonnée par Thésée après lui avoir sauvé la vie. Mégara tuée par Héraclès lors d'un accès de folie. Les Danaïdes condamnées aux Enfers pour ne s'être pas laissées assassiner passivement par leurs époux et cousins. Méduse métamorphosée en monstre pour avoir été violée par Poséidon… La mythologie grecque regorge de femmes bafouées et violentées, souvent punies pour des crimes qu'elles n'ont pas commis ou pour avoir simplement refusé de se soumettre au sort atroce qu'on leur réservait. Eurydice s'inscrit dans la lignée de ces héroïnes tragiques réduites au rôle de victime. Tentant de fuir Aristée qui la poursuit de ses assiduités, la dryade se fait mordre par un serpent et décède le jour même de ses noces avec le musicien Orphée. Dévasté par le chagrin, celui-ci entreprend alors de descendre aux Enfers afin de récupérer sa promise. Charmés par sa musique, les gardiens des lieux le laissent un à un passer et un accord finit par être conclu avec Hadès : le dieu des morts laissera partir Eurydice si Orphée parvient à la mener à la sortie sans jamais lui jeter un regard avant d'avoir atteint la lumière. Une formalité, aisément applicable. Et pourtant, au dernier moment, le musicien ne résistera pas à jeter un coup d'oeil à sa bien-aimée, dès lors de nouveau condamnée aux Enfers et à l'oubli, pour toujours. Les interprétations sont légions afin de tenter d'expliquer le geste d'Orphée, mais la grande majorité s'accordent sur deux choses : l'amour profond porté par le musicien à son épouse, et le caractère involontaire de son acte. Deux interprétations que Melchior Ascaride choisit de rejeter dans ce petit roman graphique qui fait suite à deux autres ouvrages du même type parus en 2017 (« Tout au milieu du monde ») et 2019 (« Ce qui vient la nuit »). Loin de l'épouse éplorée dépeinte par le mythe, l'Eurydice mise en scène ici a tout de la battante et est bien décidée à se venger. Car la décision d'Orphée n'a rien d'un hasard : il était bien dans son intention d'abandonner la dryade aux Enfers, le seul objectif de sa descente résidant dans la gloire assurée qu'elle lui permettrait d'obtenir ! Résolue à échapper à son destin et à punir l'hypocrite, Eurydice se lance alors dans une quête impossible pour quitter sa prison infernale.

L'ouvrage reprend les mêmes codes que les deux autres précédemment cités : le texte est relativement court (une novella) et est accompagné d'illustrations qui tour à tour complètent ou soulignent l'intrigue. Contrairement aux précédentes oeuvres, en revanche, Melchior Ascaride est cette fois seul aux commandes (quand il était accompagné de Julien Bétan et Mathieu Rivero), mais le résultat est globalement du même acabit, à savoir plutôt positif. L'initiative de l'auteur de faire la lumière sur le caractère clairement misogyne de quantité de mythes et histoires dont on nous a abreuvé plus jeune sans pour autant les questionner est louable et s'inscrit évidemment dans le contexte actuel de libération de la parole féminine et de déconstruction d'un certain nombre de pratiques et modes de pensée. Sur sa route, Eurydice croisera d'autres figures féminines n'ayant pas été épargnées et souhaitant s'émanciper du rôle qu'on leur a injustement attribué. Un vent de fraîcheur qui permet de dépoussiérer des mythes qui paraissent aujourd'hui un peu trop surannés. Que les amateurs de mythologie grecque se rassurent, l'ouvrage lui rend malgré tout hommage en mettant en scène quantité de personnages ou figures emblématiques, qu'il s'agisse des habitants originels des Enfers chargés d'épauler Hadès dans son quotidien (le passeur Charon, le démon Eurynomos, Perséphone...) ou des héros ou héroïnes malheureux que la tragédie a précipité dans ces lieux infernaux (Thésée, Tirésias, les Danaïdes…). Parmi les bémols on peut mentionner la plume de l'auteur qui est sans doute un peu trop ampoulée, notamment dans la première moitié. Les sempiternelles imprécations d'Eurydice à l'encontre de son époux, des gardiens des Enfers et des dieux finissent notamment par devenir lassantes car répétitives. de même, on peut regretter un début un peu monotone, l'intrigue se réduisant à des rencontres entre une héroïne enragée et des personnages ou créatures moqueuses sans que rien de bien notable ne se passe. La seconde partie se fait heureusement plus palpitante et permet de mettre en lumière, au-delà du simple cas d'Eurydice, la misogynie criante des mythes évoqués. Les illustrations, elles, sont à l'image de ce que fait d'ordinaire Melchior Ascaride, épurées, et c'est cette simplicité qui leur donne justement leur charme. Après le rouge et le jaune, c'est ici le bleu qui prédomine, avec, cette fois, des personnages représentés avec plus de détails que les simples silhouettes auxquelles l'artiste nous avait jusqu'à présent habitué.

« Eurydice déchaînée » est un roman graphique intéressant qui permet de questionner la place des femmes dans la mythologie grecque et l'injustice dont ses grandes figures féminines sont victimes. En dépit de quelques maladresses dans l'écriture et d'un démarrage un peu poussif, l'ouvrage veut le coup d'oeil et propose une réinterprétation moderne et féministe de l'une des histories les plus tragiques de la mythologie grecque.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Eurydice est un personnage de la mythologie grecque, une dryade. Eurydice rencontre Orphée, héros, fils de la Muse Calliope (dont la spécialité est la poésie épique) et peut-être d'Apollon (dieu des arts, du chant, de la musique et de la poésie, entre autres). Orphée est donc poète et musicien, et sort d'un milieu privilégié lorsqu'il épouse Eurydice, aux origines plus modestes (c'est une dryade, elle se réclame d'un chêne). Peu après leurs épousailles, fuyant les avances importunes d'un berger, Eurydice est mordue par un serpent et meurt.
Orphée, éploré, décide d'aller la chercher dans les enfers. Il devient ainsi l'un des rares héros à y être descendu de son vivant, et à en être revenu. Il obtient de Hadès la permission de ramener Eurydice avec lui, c'est-à-dire à la vie, à condition qu'elle marche derrière lui, et qu'il ne se retourne que lorsqu'ils seront revenus à la lumière. Ils y sont presque lorsque, n'entendant plus les pas de son aimée, Orphée se retourne et… renvoie ainsi Eurydice dans le royaume des morts.
C'est sur cette aventure et le chagrin qu'il éprouve (? déploie ?) ensuite, qu'Orphée bâtit sa célébrité et sa carrière de musicien poète.

L'auteur, Melchior Ascaride (je me demande si c'est un nom de plume…) est graphiste, il travaille pour la maison d'éditions « Les moutons électriques ». Il a conçu son livre comme un objet, pas seulement une collection de mots sur des pages collées ensemble. Cet objet est humble par sa taille, la qualité de son papier, et le nombre restreint de ses couleurs. Mais cet objet a une reliure cousue ! Et cet objet est intéressant. Quand on lit, on rencontre des illustrations qui rappellent la bande dessinée, mais aussi d'autres respirations : des changements de mise en page, de disposition et de couleur du texte. L'oeil est plaisamment chatouillé.
Melchior Ascaride dédie son texte aux « innombrables bafouées De Grèce ».

Que raconte-t-il ?
A tous ceux qui ont été effarés par la quantité de viols et d'unions forcées que l'on trouve dans la mythologie grecque, par ailleurs si captivante, qui ont été déçus que Thelma et Louise règlent leur histoire, comme tant d'autres héroïnes, en se suicidant, il propose d'autres possibilités.
Eurydice se révolte. Elle refuse de se laisser avaler par la mort . En suivant, elle remet en cause « tout le système », et enrôle au passage les danaïdes et Perséphone ; ainsi l'auteur, qui est un homme, ajoute à ce combat féministe cet ingrédient trop rare : la solidarité féminine. Il y met même des personnages masculins qui prennent conscience !
Évidemment, cette révolte féminine ne fait qu'amener le chaos. La dernière phrase dévoile la catastrophe suprême : « Que la théomachie commence », c'est-à-dire le combat contre les dieux.
Peut-être faudrait-il envisager d'apposer sur la couverture un avertissement pour prévenir les lecteurs du caractère séditieux de ce texte.

Le texte est à la première personne, il sort de la bouche d'une Eurydice enragée qui a décidé de rejeter le sort qui lui est imparti. N'ayant lu ni Homer, ni aucun autre Grec de l'époque, je me permets juste d'avancer l'hypothèse que l'auteur a tenté de donner à son texte un souffle homérique, en tout cas très lyrique, quoique sans les vers. Eurydice nous interpelle de manière véhémente. L'écriture est nourrie d'une profusion de comparaisons – pas toutes heureuses -, d'adjectifs, d'adverbes, de questions, d'exclamations, et de vocabulaire, dont une richesse de mots d'origine grecque, comme il se doit. Ce ton peut empoigner dès les premières lignes, mais aussi paraître indigeste aux amateurs de sobriété. Les dialogues paraissent très décalés. J'ai néanmoins savouré les insultes, comme par exemple « Que la gale te ronge ! ».
J'ai pris plaisir à lire ce court roman.
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Après plusieurs livres en collaboration, Melchior Ascaride a décidé de se lancer seul avec Eurydice déchaînée signant texte et dessins. Ce roman graphique est paru en mars chez les Moutons électriques dans la collection la « Bibliothèque dessinée » fondée et codirigée par Melchior Ascaride. Cette collection est consacrée aux romans courts et à faire le lien entre littérature et bande-dessinée. Comme son titre l'indique, le roman est une relecture du mythe d'Eurydice et Orphée.

Le mythe d'Orphée et d'Eurydice est d'une des plus belles et triste histoire de la mythologie grecque. Eurydice est une dryade, compagne d'Orphée, poète et musicien. le jour de leurs noces, elle est poursuivie par Aristée et en voulant s'enfuir meurt mordue par un serpent. Orphée décide de tout faire pour la ramener et va aux Enfers, le royaume d'Hadès pour la chercher. Une seule condition lui est imposée: Orphée ne devra pas se retourner et regarder Eurydice avant d'être sorti des Enfers. Malheureusement, à quelques mètres de la sortie, Orphée ne pourra résister à la tentation de jeter un oeil vers Eurydice, la condamnant ainsi à rester aux Enfers pour toujours.

C'est là que débute le roman de Melchior Ascaride. Eurydice refuse de croire que Orphée n'a pas agi involontairement. Il voulait avoir de quoi faire une belle chanson et l'a intentionnellement abandonnée aux Enfers. C'en est trop pour elle, elle ne pourra pas le supporter et veut se venger d'Orphée mais aussi des Dieux qui lui ont laissé ce sombre destin. Sombre destin qu'elle partage avec de nombreuses femmes, déesses ou mortelles, mais toujours à la merci des hommes, toujours victimes, il est plus que temps de se rebeller!

Le roman raconte comment Eurydice va tout faire pour traverser les Enfers et arriver à son but. Sur cette route semée d'embuches, la dryade fera de nombreuses rencontres de Eurynomos, à Tirésias ou encore Charon. Les connaissances de l'auteur sur les mythes grecs apparaissent nombreuses et variées. Melchior Ascaride s'amuse à dépoussiérer les héros et dieux grecs en montrant surtout la grande misogynie de la mythologie grecque faisant écho à notre société et aux combats féministes. La seconde partie du roman est d'ailleurs plus représentative de cette misogynie au delà du cas d'Eurydice. On pense à Ariane abandonnée par Thésée, à Perséphone enlevée de force par Hadès….Si le début du récit est une suite de rencontres et de plaintes d'Eurydice, la suite devient un véritable pamphlet et une belle démonstration des injustices flagrantes dont sont victimes les femmes dans les mythes grecs.

Le livre est entièrement en bichromie bleu – noir, elle montre ainsi la froideur du royaume d'Hadès. Comme dans les précédents ouvrages de la Bibliothèque dessinée, Melchior Ascaride alterne texte et dessins, les illustrations complétant ou soulignant des passages de l'intrigue. Les personnages sont un peu plus détaillées que dans les précédentes oeuvres et on note également des effets plus proches de la bande dessinée.

Eurydice déchaînée marque ainsi de belle manière les débuts de Melchior Ascaride en tant qu'auteur. Il choisit de raconter la suite d'un mythe grec bien connu, celui d'Orphée et d'Eurydice en le déconstruisant et en faisant d'Eurydice une battante prête à tout pour se venger. Eurydice devient la porte parole des figures féminines opprimées luttant contre la misogynie si présente dans les légendes grecques.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Le mythe d'Orphée et Eurydice est sans doute l'un des plus connus, mais une piqûre de rappel n'est jamais de trop. le jour de ses noces avec le poète Orphée, la dryade Eurydice est poursuivie par Aristée qui tente de la violer. En voulant lui échapper, elle se fait mordre à la cheville par une vipère et meurt. Désespéré, Orphée décide de descendre aux Enfers pour la sauver. Grâce à son talent, il parvient à attendrir Hadès qui accepte de lui rendre l'âme de sa bien-aimée, mais à une seule condition : Orphée ne devra pas se retourner pour la regarder avant d'avoir regagné le monde des vivants. Orphée jure de tenir parole, mais le doute et l'impatience finiront par triompher. A peine remonté à la surface, il se tourne pour contempler Eurydice. Cette dernière, encore sur le seuil des Enfers, se retrouve à mourir de nouveau, et cette fois pour toujours.

Ce mythe bouleversant a été immortalisé de nombreuses fois par les poètes, peintres, compositeurs et réalisateurs. Toujours, ces artistes se concentrent sur la peine d'Orphée et son destin funeste après la perte de sa femme. Mais qu'en est-il d'Eurydice ? Que devient-elle après l'erreur de son époux ? La pauvre dryade n'est qu'un personnage fonction dans le récit, la motivation de la quête du poète, puis la raison de son désespoir. Elle est sa muse, celle qui le rend tragique, et pourtant on ne retient que lui. Celui qui, s'il avait eu du courage, serait resté aux Enfers en compagnie d'Eurydice. Melchior Ascaride fait donc le choix de donner la parole à cette victime, d'inventer une suite après l'échec d'Orphée, de réinventer le destin de cette dryade sacrifiée à l'erreur et la cupidité des hommes. Son Eurydice est pleine de colère. Elle crie vengeance. Elle fera tout pour l'obtenir.

Avant d'être auteur, Melchior Ascaride est avant tout illustrateur. Cette roman graphique étant publié dans la collection Bibliothèque dessinée, il nous offre un parfait mélange entre texte et images. Ces dernières le complètent, voire même lui donnent un sens, permettant de sauter aux yeux des lecteurs dans toute sa colère, son désespoir, son horreur. Les Enfers dépeints par Ascaride sont froids et lugubres, peuplés de fantômes et démons, de forêts désincarnées et de douleurs incarnées. Les teintes pâles et bleutées créent une ambiance d'outre-tombe où Eurydice, telle une dame blanche, erre en quête de vengeance. Sa discorde impacte le texte qui s'anime, s'inverse, se dédouble et se désordonne au fil de ses cris. Cette novella est donc un voyage visuel dans les entrailles d'Eurydice et celles de l'humanité.

Car Eurydice, victime qui ne souhaite plus se taire, n'est pas une simple femme. Par sa quête, elle devient toutes les femmes. Celles qu'on oublie, celles de qui on se moque, celle qu'on bafoue et qu'on tue. Son odyssée lui fera croiser le chemin d'autres victimes ou bourreaux en repentir, dévoilant enfin la vérité sur ces femmes injustement punies par l'histoire, comme Méduse, quand leurs peines ne sont pas manipulées en « histoire d'amour », comme Perséphone. Il y a une sorte de jouissance de voir enfin ces héroïnes obtenir justice à travers Eurydice. Car après tout, le nom de cette dernière signifie bien « la justice sans bornes ».
Lien : https://moonlightsymphonyblo..
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critiques presse (2)
Syfantasy
28 septembre 2023
Le talentueux Melchior Ascaride offre avec "Eurydice Déchaînée" un récit épique mettant l'accent sur la puissance des sororités ainsi que sur le rôle des femmes bafouées dans la mythologie grecque.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
SciFiUniverse
31 août 2021
Un récit violent, lyrique portée par la rage d’Eurydice abandonnée aux Enfers par son époux. Redécouvrez le mythe d’Orphée du point de vue de son aimée. Melchior Ascaride rend ici justice aux femmes de la mythologie grecque, héroïnes malmenées ou bafouées. Un roman illustré par l’auteur pour un bel objet !
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
"- J'ai dit, et moi? La question s'est-elle frayé un chemin jusqu'à ton esprit momifié, mon roi? Ou plutôt devrais-je dire mon oncle? T'es-tu enquis de mon avis lorsque tu m'arrachas à ma Sicile? Quand tu es allé auprès de Zeus demander la permission de me conserver captive, ai-je été sollicitée? Alors que toute la Grèce manqua mourir pendant que l'Olympe statuait sur la légitimité de ton rapt, qui suggéra de me demander? Ne t'embarrasse point à répondre, tu te ridiculiserais.
Tu as ravi une déesse à son sol pour ton propre plaisir, remué les cieux pour aboutir à tes fins, et jamais, jamais, ne t'es-tu appesanti du fardeau de mon consentement.
Tout cela pour mettre ta nièce dans ton lit!
Eurydice a raison , Hadès, tu n'es qu'un porc, doublé d'un couard!"
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"Certainement jamais les ténèbres des Enfers n'auront connu bande plus vivante que la nôtre. Cinquante femmes chantant à tue-tête, riant, lançant injures et menaces à la lignée de Cronos. Quelle fresque! Ô Orphée, si tu ne t'avérais pas si médiocre, tu pourrais assister à une marche digne de mille chansons. Car nul, de la Lybie aux lointaines terres de l'Indus ne posa jamais les yeux sur de si rigolardes va-t'en-guerre."
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Tu t'en es retourné là où l'herbe verdoie et le vent charrie la douce fragrance des acanthes quand, moi, je foule une pierre noire et ne respire qu'une brume aigre. Égoïste. Sans doute reviens-tu avec une épopée qui traversera les âges. Voici l'unique dessein que tu tramais, n'est-ce pas ? Jamais le désir de m'exhumer, de me restituer aux vivants, ne couva dans ton esprit. Tu n'aspirais qu'à une chanson. Probablement la plus belle et la plus triste jamais composée. Le conte des contes, qui te porterait aux nues et attiserait la prompte convoitise d'Apollon? Les aèdes te jalouseront et les rois se bousculeront pour t'inviter à leur cour afin que tu leur chantes le tragique destin de ta douce prisonnière du sous-monde. Personne ne t'oubliera, toi l'éploré? La victime affligée d'amour, l'époux coupable d'avoir trop désiré. Peu t'importera que moi, captive des ombres, n'aie pour banquet que des charognes et pour musique des hurlements. Compose tes vers, langue de crapaud, bientôt ils te dévoreront.
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Je renvoie ma colère aux tréfonds du spectre de mes entrailles et laisse place à cette voix douce et apaisante qui n’a plus franchi l’enceinte de mes lèvres depuis bientôt une éternité. Je fouille dans ma mémoire fracassée des éclats d’instants imprégnés de tendresse et d’amour. J’en appelle à ces liens de sang et de femmes contre lesquels la haine et la malice se montrent sans pouvoir. Je dis les mots qu’un jour j’aurais souhaité entendre. Et pour un temps, la vie investit de nouveau la cité morte.
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Car c'est là le sort des femmes de Grèce, n'est ce pas ? Vivre en silence, mourir en silence, et attendre, docile et muette d'un jour naître à nouveau et que tout recommence.
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Vidéo de Melchior Ascaride
A l'occasion du Festival Hypermondes qui s'est déroulé à Mérignac, Melchior Ascaride vous présente son ouvrage "Eurydice déchaînée" aux éditions Les Moutons électriques.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2506199/melchior-ascaride-eurydice-dechainee
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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