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Critiques de Michael Hastings (2)
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Machine de guerre

Le reportage embarqué qui coûta sa place en Afghanistan au général McChrystal en 2010, avec son making of. Journalisme et dessous de la guerre : fascinant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/17/note-de-lecture-machine-de-guerre-michael-hastings/



Journaliste de trente ans à l’époque pour le magazine Rolling Stone (après avoir travaillé pour Newsweek), ayant déjà effectué plusieurs reportages au long cours sur la guerre en Irak, Michael Hastings se retrouve embarqué, au printemps 2010, dans un étonnant périple en compagnie de l’état-major restreint, du « cercle des proches », du général quatre étoiles Stanley McChrystal, commandant en chef en Afghanistan depuis juin 2009. Ces quelques semaines d’intimité donneront lieu à un article retentissant en juin 2010, qui entraînera le limogeage du général par le président Obama. Cet ouvrage, publié en 2012 et traduit en français en 2017 aux éditions du Sous-Sol (quatre ans après le tragique décès de l’auteur dans un accident de voiture à Los Angeles) par Christel Gaillard-Paris, constitue le compte-rendu détaillé et la mise en perspective de l’ensemble du matériau ayant été condensé en quelques pages dans Rolling Stone, à l’époque.



« Machine de guerre » (le titre américain d’origine, « The Operators », était peut-être encore plus parlant, même s’il était délicat à rendre en français) est un splendide « making of », qui pousse extrêmement loin un questionnement conduit au fil du récit, à propos de la conduite de la guerre contemporaine en général, et de la manière dont les États-Unis s’y prennent en particulier. On songera sûrement au petit texte (« La conduite de la guerre ») de William Langewiesche, en 2006, qui posait déjà, autour du massacre d’Haditha en Irak, une partie de ces questions fondamentales. Ici, le plus marquant sera sans doute l’omniprésence (à un point difficilement imaginable) du storytelling permanent, du personal branding, des querelles de personnes souvent totalement futiles, des effets de mode et d’annonce – y compris étendus à la matière même de la stratégie ou des opérations -, des convictions affichées dans des buts avant tout de marketing, des décisions cavalières ou à l’emporte-pièce prises pour satisfaire un agenda politique au sens le plus étroit du terme,… (bon nombre de ces symptômes hantaient aussi les analyses de Roger Stahl dans son « Militainment Inc. » de 2010 et l’imaginaire documenté de Ben Fountain dans son « Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn » de 2012) : la morgue et l’assurance, celles des pires cow-boys de cinéma et des rock stars les plus vaines, sont ici saisies sur le vif, dans toute leur désinvolture souveraine – et glorieusement impavide (incluant bien entendu le fait de ne réaliser à aucun moment réellement en quoi ce à quoi Michael Hastings a obtenu leur autorisation d’assister pourrait éventuellement poser problème).



Mais in fine, le plus effrayant peut-être est de songer que le limogeage du brillantissime général (qui s’en est bien remis, merci pour lui, multipliant depuis quelques années les conférences fort rémunératrices et les présences dans les conseils d’administration du complexe militaro-industriel américain) n’est pas intervenu officiellement pour les raisons mentionnées ci-dessus, qui en disent long sur les failles béantes de la conduite de la guerre, justement, mais parce qu’il était pris, la main dans le sac du reportage, à critiquer ou laisser critiquer de manière souvent blessante l’administration Obama, et certains de ses membres-clé tout particulièrement : sanction d’un comportement individuel lu comme une dérive malencontreuse et sanctionnable, et non pas sanction d’un système politico-médiatico-militaire voué à produire des échecs et des drames humains et géopolitiques, encore et encore – et qui confirmera ainsi au passage les beaux jours qu’il avait devant lui, il y a déjà plus de dix ans.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Machine de guerre

Critiqué sur France Inter, j'ai fait confiance à leurs avis positifs, malgré un résumé qui ne m'inspirait qu'à moitié. Clairement, je n'aurais jamais acheté ce livre de moi même, sans qu'il ne m'ait été recommandé et je serais passée à côté d'un vrai bon moment.



Ce livre a inspiré War machine, visible sur Netflix. Michael Hastings, alors reporter pour Rolling Stone, décide de dresser un portrait du Général Stanley McChrystal, en commandant des forces armées en Afghanistan. Il est autorisé à intégrer sa garde rapprochée et partage le quotidien de cette équipe pendant plusieurs mois. Avec une plume et un regard affutés, Michael Hastings livre le récit de cette guerre sans fin : officiers mégalos, scènes orgiaques, manipulations des drones et des stratégies militaires, rien n'est passé sous silence. Cet article qui paraîtra finalement dans Rolling Saône vaudra la destitution de McChrystal.



Le style Hastings nous permet vraiment d'entrer dans le jeu de la guerre sans s'y ennuyer. On en ressort avec une sensation d'en savoir un peu plus sur ce qui se trame en coulisse et d'avoir davantage de cartes en mains pour aiguiser sa pensée critique sur le sujet. L'occasion pour moi de remercier aussi tous ces journalistes engagés qui mettent quotidiennement leur vie en danger pour nous informer, nous éclairer, nous dire la vérité.



Michael Hastings est décédé à 33 ans d'un accident de voiture, en 2013. Il a également écrit I Lost My Love in Bagdad: A Modern War Story, inédit en France qui raconte la mort de sa fiancée à Bagdad.

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