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Critiques de Michael Smith (1)
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Foley : The Spy Who Saved 10.000 Jews

FOLEY : L'ESPION QUI SAUVA 10.000 JUIFS



Le nom de l'industriel allemand Oskar Schindler est mondialement connu grâce au livre de Thomas Keneally "La liste de Schindler" dont Steven Spielberg a fait un film à succès avec un excellent Liam Neeson dans le rôle principal, en 1993. Au contraire, le nom de Frank Foley est virtuellement inconnu, bien qu'il ait sauvé 10 fois plus de Juifs que Schindler. Sans vouloir porter atteinte au courage et mérites de Schindler, la différence en notoriété entre les 2 hommes, réside, outre évidemment l'impact d'Hollywood, essentiellement dans la fonction de Foley à l'ambassade britannique de Berlin, comme chef du service des renseignements de la MI6 ("Military Intelligence", section 6), c'est-à-dire la section militaire.



Si l'on estime qu'environ 1200 Juifs ont eu la vie sauve grâce à Schindler, le nombre des Juifs qui doivent leur survie aux initiatives et efforts de Foley n'est pas connu avec précision. L'auteur, Michael Smith, parle de 10,000, mais en l'absence de statistiques fiables et la réticence habituelle du service des renseignements britanniques à rendre public des documents considérés "top secret", ainsi que le fait que Foley n'ait évidemment pas conservé de papiers dangereux pour lui, il se pourrait même que le total soit supérieur au chiffre avancé par Smith et basé entre autres sur une déclaration au procès d'Adolf Eichmann de Benno Cohn, ancien président du mouvement sioniste en Allemagne. N'oublions pas qu'à la fin de l'année où Hitler devint chancelier, 1933, déjà 65.000 Allemands avaient émigré, la grande majorité des Juifs, qui comptaient alors un demi-million.

Quoi qu'il en soit, le Yad Vashem, ou le mémorial de la Shoah à Jérusalem, a reconnu officiellement l'engagement exceptionnel de Foley. Et plus d'un demi-siècle après sa mort, son pays lui a décerné le titre de "Héros britannique de l'Holocauste".



Mais plus encore que ce score faramineux, la question qui s'impose est : mais qui était exactement ce Foley et comment s'est-il débrouillé ?



Francis (mais appelé généralement Frank) Edward Foley (1884-1958), voulait tout petit devenir prêtre. À ses 14 ans, il était inscrit au collège des jésuites Saint-Joseph de Poitiers. Ville où il obtint son bac (latin et grec). Ayant décidé de poursuivre une carrière académique plutôt que de devenir missionnaire, il commença des études de philosophie à l'université d'Hambourg, où il fut surpris par le début de la 1re guerre mondiale. Comme volontaire, après une formation comme officier, il fut envoyé au front en France jusqu'à ce qu'il y fût très grièvement blessé et rapatrié. Vu sa fluidité en Allemand et Français, et le courage dont il avait preuve lors de sa fuite d'Hambourg à travers l'Allemagne et les Pays-Bas, il fut recruté par les services secrets pour des opérations clandestines en France, Belgique et les Pays-Bas.



Après un bref séjour à Cologne avec les forces d'occupation de la Rhénanie, où il fit la connaissance de Kay Owen qu'il épousa en 1921 et qui lui donna une fille, Ursula, l'an après, il fut promu comme tête d'antenne de MI6 à Berlin avec le titre de "Passport Control Officer" â l'ambassade britannique à Berlin. Sa tâche principale consistait à surveiller les espions russes, qui y avaient établi leur principale "rezidentura" pour l'Europe occidentale, les mouvements d'extrême droite et gauche allemands et éviter que des "étrangers" viennent voler les jobs des travailleurs anglais.

Seulement le ministère des affaires étrangères ("Foreign Office") refusa d'accorder le statut et donc la protection diplomatique à cet "espion".



Dès le début, le contrôleur des passeports Foley s'est ingénié à contourner les règles du Foreign Office pour venir en aide à toutes sortes de gens en situation précaire en Allemagne d'abord et aux Juifs ensuite. Il ne se contenta pas à modifier légèrement passeports et visa ou même à en fabriquer, il est allé aussi loin que de faire sortir des hommes et femmes des geôles et camps teutonique et les héberger chez lui, s'exposant à chaque fois à des réactions brutales de la peste brune.



Un petit exemple concret de la façon de travailler de Foley : en 1935, la jeune Elsbeth Kahn, fille d'avocat, avait introduit une demande d'émigration vers la Palestine et déposé 1000 Livres Sterling à la Reichsbank. Ainsi, elle apprit que son numéro d'ordre était dans les 8000, ce qui revenait à 4 ou 5 ans d'attente. Elle alla voir notre Foley, qui lui remit un visa, avec un montant de dépôt fictif et 6 semaines plus tard Elsbeth était en route pour Haïfa.



Quand, en 1940, l'Allemagne se préparait à traverser la Manche pour conquérir l'Angleterre, la Gestapo avait établi une liste, la fameuse "black list", de tous les Britanniques et autres qu'il convenait d'arrêter tout de suite, le nom de Foley y figura tout en haut.



C'est aussi Foley, qui de retour chez lui, fut le tout premier à interroger le dauphin du Führer, Rudolf Hess, après sa mission insolite en Écosse, en mai 1941.



En effet, Frank Foley éprouvant des difficultés croissantes avec les autorités nazies, ne pouvait plus être maintenu à son poste à Berlin, lorsque Hitler lança sa guerre contre l'Europe occidentale. À partir de 1940 jusqu'à la fin de la guerre, il fut employé par MI6 à démasquer les espions allemands outre-Manche et à essayer de les retourner contre le Reich. En 1945, il retourna à Berlin avec la mission de démasquer des anciens SS, Gestapistes et criminels de guerre.



Quatre ans plus tard, à l'âge de 65 ans, il prit sa retraite bien méritée et s'installa avec sa Kay à Stourbridge, près de Birmingham dans les Midlands, jusqu'à sa mort en 1958. C'est un peu dommage que Frank Foley n'a pas écrit ses mémoires, mais cela n'aurait sûrement pas été une initiative applaudie par MI6. En 2007, un film biographique fut programmé, mais le producteur a été obligé d'annuler son projet à cause du refus de MI6 d'accorder accès à certains documents jugés essentiels. Un procès contre MI6 n'a pas donné de résultats, malgré les efforts de l'avocate du producteur, qui s'appelait Cherie Blair-Booth, épousé de l'ex-premier Tony Blair !



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