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Citation de Apoapo


2. « […] Le critique est dès le départ un partisan. Son esprit et son cœur sont partiaux, particuliers : il ne se libère jamais tout à fait et ne choisit jamais librement ses engagements, mais se débat plutôt pour mettre de l'ordre dans les engagements qu'il a déjà pris. L'universalité n'est pas là où il s'attend à la trouver. Alors qu'il y a peut-être bien […] une valeur universelle à s'opposer à l'oppression, les opprimés ont leurs propres valeurs, leurs propres intérêts aussi, et leurs valeurs et leurs intérêts sont souvent en conflit. Les opprimés ne sont pas les agents désignés d'une transformation historique globale : ils ne sont pas impatients d'accomplir la mission que le critique leur assigne. Les mouvements qu'ils créent, héroïques à leur origine, deviennent par la suite léthargiques, bureaucratiques, corruptibles. Les victoires qu'ils obtiennent sont incomplètes et faites de compromis ; et souvent ils ne gagnent pas. Si les masses peuvent se mobiliser, elles peuvent se démobiliser et se laisser dominer par des élites militantes qui agissent en leur nom – quoique aussi au nom du détachement, de la science et d'un faux universalisme. Dans le meilleur des cas, ni la libération nationaliste ni la révolution socialiste ne sont à la hauteur des normes du critique social ; et parfois les nouveaux régimes sont aussi mauvais que les anciens ; parfois ils sont bien pires. Que fait alors le critique ? » (p. 241-242)
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