« Du voyage, Else n’a que très peu de souvenirs, sinon qu’il a duré très, très longtemps. Le train a fait un nombre incalculable de haltes en rase campagne, restant parfois des heures à l’arrêt, sans doute pour laisser passer d’autres convois. Quand on avait soif, il fallait s’adresser au soldat en uniforme posté devant la porte avec un seau d’eau et une louche, et on avait le droit de boire une ou deux gorgées, pas plus. Else trouvait le procédé dégoutant, alors elle a résisté le plus longtemps possible. Jusqu’au moment où la soif est devenu une telle torture qu’elle a bien été obligée de céder. Else croit avoir passé au moins deux nuits ainsi, en proie à une détresse sans nom. La soif, c’était terrible, mais ce n’était pas ça le pire. Le pire, c’était la solitude. Les autres avaient leur famille avec eux. Elle, non ; elle était seule au monde, recroquevillé dans son coin sans personne à qui parler et, surtout, sous le choc de la déclaration de ses parents. Une orpheline, voilà ce qu’elle était. »
Manuella,3ème4