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Critiques de Michaël Sterckeman (24)
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Cent mille journées de prières, tome 1

Louis, 8 ans, est un enfant taciturne et solitaire. Il vit seul avec sa maman dans une petite ville normande. Il ne sait rien de son père, en dehors de ses origines asiatiques. Sa mère, française, ne lui en a jamais parlé. A l’école, Louis l’eurasien est habitué au racisme ordinaire de ses petits camarades qui le traitent de « fils de Bruce Lee ». Il n’a pas d’ami et cela lui convient très bien. Un jour, ne supportant plus de le voir tout le temps seul, sa mère lui offre un canari. Ce nouveau compagnon va devenir le confident de l’enfant jusqu’à l’arrivée d’une famille de réfugiés cambodgiens. Ces gens ont connu son père. Peu à peu, les coins du voile vont se lever et sa mère va devoir lui révéler la vérité...



Un terrible secret de famille, un enfant en souffrance, les stigmates d’une guerre épouvantable... tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce récit intimiste un concentré d’émotion. Avec beaucoup de pudeur, les auteurs dressent le portrait touchant d’un jeune garçon en quête d’identité. L’analyse de ses réactions est fine et sonne juste et la progression du récit, très lente, est d’une grande délicatesse. Si j’avais un reproche à faire, il concernerait les personnages secondaires : pourquoi une voisine acariâtre dont le mari sort de prison pour la terroriser ? Pourquoi un camarade de classe dont le père s’est suicidé ? Pourquoi une grand-mère mourante ? Il y a là comme une volonté d’en rajouter dans le pathos. Comme si absolument tous les protagonistes devaient être en souffrance pour se mettre au diapason de Louis. Il me semble au contraire qu’il aurait été plus judicieux d’équilibrer les choses en offrant ici ou là quelques « respirations » positives.



Graphiquement, Michaël Sterckeman navigue entre un découpage classique en gaufrier plus ou moins régulier et une mise scène onirique qui retranscrit à merveille les angoisses de Louis. L’utilisation d’une bichromie de noir et de gris colle à l’aspect terne et triste de l’existence des différents personnages. Les visages sont peut-être un peu trop figés et manquent d’expressivité mais le dessin reste dans l’ensemble très efficace et accompagne sobrement le récit.



Une belle histoire qui sombre néanmoins par moments un peu trop facilement dans la dramaturgie pure et dure. Mais le personnage de Louis est tellement attachant que mon impression concernant ce premier tome reste largement positive. J’attends donc la conclusion de ce diptyque avec une certaine impatience.
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Voyage avec un âne dans les Cévennes

Septembre 1878, Robert Louis Stevenson prévient sa mère par courrier qu'il projette de faire un long voyage. Départ : Le Monastier en Auvergne, arrivée: Arles, moyen de locomotion: pieds, accompagnant: un âne !

Christian Perrissin adapte le roman de Stevenson "Voyage avec un âne dans les Cévennes" paru de façon confidentielle en 1879. On y suit donc l'auteur écossais qui, de santé fragile et tombé amoureux d'une femme mariée, part avec Modestine, une ânesse, pour un voyage surtout introspectif. C'est l'occasion de faire le point sur sa vie, sa famille, son avenir et Fanny Osbourne, repartie en Californie pour tenter de divorcer de son mari.

Le travail graphique de Michaël Sterckeman est superbe. Ses planches au crayon et à l'encre accompagnent magnifiquement les 230 km de randonnée de Stevenson, ses nuits à la belle étoile, ses rencontres étonnantes, la nature sauvage et Modestine... Avec qui les rapports ne sont pas toujours aisés, entre défiance et affection progressive.

Ce bel album m'a donné envie de partir sur ce chemin devenu depuis le GR70 surnommé  "Le chemin de Stevenson" ! On s'attache autant à l'auteur écossais qu'à cette pauvre bête traînée malgré elle dans ce périple mal préparé. Encore une belle sortie chez Futuropolis !
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Cent mille journées de prières, tome 1

Cent mille journées de prières est un album très touchant et profond. On découvre le quotidien de Louis, ce jeune garçon dont l'identité asiatique lui cause problème à l'école. Il est le seul Eurasien et se promène souvent au son des railleries de ses camarades, qui lui assènent sans cesse le fameux "hey ! t'es le fils de Bruce Lee ?!". Sa vie à la maison n'en est pas plus gaie : sa mère Laurence pleure souvent le soir, mais Louis ne sait pas pourquoi et n'ose pas lui demander. Sans amis à qui se confier, Louis reporte toute son affection sur un oiseau qui vit en cage dans sa chambre. La relation que le petit garçon vit avec son oiseau m'a vraiment touchée : ils se protègent mutuellement et se comprennent, bien que n'appartenant pas à la même catégorie d'êtres vivants.

Cent mille journées de prières explore des sujets sensibles : la question identitaire au stade de l'enfance, la vie d'une famille monoparentale, l'absence pesante d'un père et les lourds secrets familiaux. Les illustrations de Michaël Sterckeman traduisent parfaitement ce sentiment d'insécurité constante qu'a Louis, aussi bien à la maison qu'à l'école, ainsi que sa souffrance de ne pas savoir qui est son père ni ce qu'il fait. J'ai été ravie de pouvoir en apprendre un peu plus sur l'histoire du Cambodge et des Khmers rouges qui est amorcée vers la fin de l'album et de voir cette partie de l'histoire à travers des yeux d'enfants. Cent mille journées de prières est aussi une belle leçon de courage et de tolérance, surtout dans le milieu scolaire. J'ai beaucoup apprécié cette BD, et j'attend avec impatience la sortie du deuxième tome !
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Cent mille journées de prières, tome 1

C'est un récit imagé et intimiste que nous offrent Michael Sterckeman et Loo Hui Phang. A travers des dessins précis où se mélangent le noir et blanc, les auteurs évoquent la souffrance d'un enfant qui tente de comprendre le parcours de ses parents et de saisir ses origines. Un récit qui alterne histoire personnelle et historique sans néanmoins parvenir à une harmonie parfaite. L'histoire de Louis, laissé dans l'incompréhension la plus totale, inquiète autant qu'elle étonne. Un récit dont l'histoire peine à prendre corps et qui s'avère au final une succession de refus sans explications. Dommage.
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Cent mille journées de prières, tome 2

Louis vit en France avec sa mère. Depuis quelques temps, l’enfant pense à son père qu’il n’a jamais connu. Qui est-il ? Comment est-il ? Pourquoi n’est-il pas venu en France en même temps que sa mère ? Autant de questions auxquelles Louis souhaite trouver des réponses.



Dans la première partie du diptyque, nous avions découvert les prémices de la relation que l’enfant va construire avec son canari. Peu à peu, l’animal va prendre la place de confident, sa mort soudaine ne va faire qu’accroître l’importance qu’a pris le volatile dans la vie de l’enfant. Contre toutes attentes, Louis va conserver précieusement et secrètement ce petit cadavre dans sa chambre. Durant son sommeil, l’enfant et l’oiseau se retrouvent. Ces rencontres oniriques sont l’occasion, pour Louis, de lever le voile sur le tabou familial, sa mère refusant de lui parler de son père. C’est donc grâce aux échanges qu’il a durant ses rêves que Louis apprend l’histoire de son pays et découvre qui était son père.



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La seconde partie de Cent mille journées de prières, la tonalité du récit et la teneur des propos qu’il contient donnent une orientation nouvelle (et attendue) au scénario. Un tome très différent de son prédécesseur : l’ambiance, l’importance que prend le personnage de l’oiseau, la nature des réponses qu’il apporte au narrateur… il était tellement nécessaire que l’histoire s’oriente ainsi ! Cependant, même si le choix des auteurs me semble cohérent, j’étais loin d’imaginer qu’ils allaient s’aventurer sur ce chemin périlleux. Il y a une réelle continuité entre réalité et monde imaginaire, une réelle pertinence à ne pas utiliser le personnage de la mère pour transmettre ce témoignage et l’histoire familiale qu’il contient. L’oiseau fait office de tiers neutre et bienveillant. Les auteurs ont eu à cœur de rendre hommage aux Cambodgiens victimes du régime de Pol Pot. Mais avec la présence de cet enfant, le narrateur, il fallait trouver un moyen de transmettre le juste niveau de savoirs sans le heurter, trouver le vocabulaire adéquat pour que l’échange soit à sa porté ; il fallait également transmettre suffisamment de clés de compréhension pour que l’enfant (et donc le lecteur) puisse accueillir ce témoignage sereinement ; dure tâche d’informer sans enfermer son interlocuteur dans un positionnement voulu. A regarder les auteurs faire, à les lire… j’ai eu l’impression que les mots sont venus naturellement.



Ce diptyque provient, en partie, d’une expérience personnelle et des questionnements qui y sont inhérents. Certains d’entre eux sont inscrits dans le premier tome du diptyque, le second tome est celui des réponses que l’on peut y apporter. Ainsi, ce nouvel ouvrage relate l’épisode douloureux que fut le régime khmers rouges au Cambodge : de leur arrivée au pouvoir à la terreur qu’ils ont instaurée, des conditions de détention à – pour les plus chanceux – l’exode vers un pays d’accueil. Loo Hui Phang ne fait pas l’impasse sur la souffrance des Cambodgiens contraints à vivre dans la terreur, sur les conditions de vie dans les camps, sur le devenir de la diaspora cambodgienne… Un peuple qui ne parvient pas à panser ses plaies et préfère oublier ; depuis peu, le génocide cambodgien a été réintégré dans les programmes scolaires mais une grande majorité de jeunes cambodgiens ignorent totalement cet épisode de leur Histoire. La page ne se tourne pas (même si les procès des criminels de guerre se poursuivent, à l’instar du procès en appel de Douch). Tous ces sujets sont ici traités avec tact et pudeur.



(...)
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Voyage avec un âne dans les Cévennes

Après avoir lu le récit de Stevenson, il me semblait en avoir un bon souvenir. Mais… j’avais un peu oublié toutes les astuces déployées pour faire avancer Modestine et que la religion tenait une part importante dans ce périple. Les dessins en noir et blanc de Michael Sterckeman sont bien adaptés à l’ambiance de ce voyage dans des paysages forestiers et montagnards. La libre adaptation du texte a été bien pensée, entre dialogues, monologues et textes en aparté pour plus de compréhension. Une belle découverte.
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Cent mille journées de prières, tome 2

Le premier volet de ce diptyque imaginé par Loo Hui Phang et dessiné par Michaël Sterckeman invitait à suivre le malaise d’un enfant aux origines eurasiennes, quotidiennement victime d’une différence que sa mère refusait d’expliquer. Se heurtant constamment au silence qui entourait ce lourd secret familial, il laissait libre cours à son imagination pour s’inventer des racines et pour trouver lui-même réponse à ses nombreuses interrogations. Cette conclusion va non seulement lever le voile sur la destinée du père de Louis, mais également dévoiler un pan douloureux de l’Histoire du Cambodge.



Indirectement touchée par la guerre civile déclenchée par les Khmers rouges fin des années soixante, Loo Hui Phang s’inspire donc de l’histoire de sa propre famille pour livrer un diptyque qui aborde cette page sombre de son pays. La quête familiale du petit Louis débouche donc inévitablement sur le régime dictatorial des Khmers Rouges et propose des passages aussi didactiques qu’intéressants.



L’album débute néanmoins dans le monde onirique que le petit Louis s’est inventé pour combler le vide laissé par le mystère qui entoure son père. Cette approche qui conduit le jeune garçon à partager ses angoisses et ses peines avec un canari mort peut s’avérer surprenante, mais permet à l’auteur de décrire la souffrance de l’enfant avec énormément de justesse. Au fil des explications, ce voile onirique s’estompe et laisse place à une réalité qui n’a rien de réjouissante, mais qui à le mérite de sortir l’enfant de son cauchemar, abandonnant son mal-être au profit d’une vérité apaisante.



La mise en images très sobre de Michaël Sterckeman conforte le ton intimiste du récit. Un dessin noir et blanc assez minimaliste qui s’inscrit totalement au service du scénario.



Un ancrage historique cambodgien intéressant et une quête identitaire difficile d’accès, mais d’une grande justesse émotionnelle.
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Cent mille journées de prières, tome 1

Louis est un petit garçon de 8 ans, d'origine asiatique. Il vit seul dans une banlieue normande en compagnie de sa mère et ignore qui est son père. Malgré les nombreuses questions sur ses origines, sa mère refuse de lui répondre. Louis, que sa différence de peau éloigne de ses camarades peu tolérants, est un solitaire. Aussi c'est l'oiseau que lui a confié sa mère, fort absente à cause de son métier d'infirmière, pour tromper son ennui qui lui sert de confident. L'animal silencieux, réceptacle de ses peurs, de ses questions et bientôt de ses folles suppositions sur son paternel, devient dès lors, même à travers sa mort, un compagnon mystérieux au pouvoir intriguant qui détiendrait la vérité cachée.



Voilà un très bel album qui se penche sur les secrets de famille et surtout sur le rapport filial d'un enfant à son père.

L'album s'inspire d'une partie de l'histoire familiale de la scénariste Loo Hui Phang. Découvrant sur un tard la disparition et par là-même l'existence d'un oncle, de tantes et de cousins qui subirent le régime sanglant des Khmers rouges, l'auteur revient de manière détournée sur ce sujet.

L'album raconte l'enfance de ce petit garçon qui grandit sans père. Mais au-delà du manque, c'est surtout l'ignorance qui blesse avant tout Louis. Démuni devant ses camarades de classe qui se moque de lui ( et le prennent pour le fils de Bruce Lee), démuni devant sa mère qui évite à tout prix le sujet et semble très affectée à tout évocation, Louis n'a d'autres choix que de s'inventer un père. Il l'imagine héros et construit des histoires à travers une photo qu'il a trouvé. Bientôt, l'arrivée d'amis cambodgiens bouleverse un peu plus la famille. Alors que le racisme ordinaire s'accentue un peu plus dans la population, Louis découvre des bribes du passé de sa mère, sa vie au Cambodge avant qu'il naisse, sa capacité à parler la langue khmer et même des traces de son père qui serait prisonnier au pays. Le voile qui se lève peu à peu sur les origines de Louis ne manquera pas de s'épanouir pleinement dans un deuxième tome attendu.



Cent mille journée de prières, c'est le parcours d"un enfant à la recherche de ses origines, de sa vérité et de sa propre identité. Qui est-il ? D'où vient-il ? Son père est-il un héros ou un criminel ? Un chemin qu'il parcourt seul aidé par son oiseau fantôme et des indices semés ça et là par des adultes incapables de faire face à leur détresse, trop empêtrés dans leur propre souffrance. Le récit est extrêmement poignant et on ne peut rester insensible face à ce petit garçon qui souffre en silence et tente de grandir et de se construire sur une absence et des secrets qui ne lui sont pas accessibles.



Le dessin de Sterckerman est dépouillé et s'épanouit dans un noir et blanc qui renforce l'aspect intimiste du récit. Le dessinateur réussit à transcrire en quelques traits l'angoisse du petit garçon et développe avec succès une partie plus onirique liée à l'oiseau.



Voilà donc un album très fort qui fait la part belle aux sentiments et à la souffrance d'un enfant quelque perdu sans tomber dans un pathos voyeuriste. Les auteurs montrent avec beaucoup de pudeur l'importance des relations filiales et la vérité sur les origines qui aident chacun à se construire personnellement, d'autant plus lorsque l'on est un enfant "différent" qui peine à s'identifier physiquement à ses proches. Un album sensible donc qui semble se diriger un peu plus dans le deuxième opus vers l'histoire dramatique du Cambodge et ses millions de disparus et de prisonniers. On attend la suite !
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Cent mille journées de prières, tome 1

Louis est un jeune garçon solitaire dont les origines eurasiennes sont souvent sujet de moqueries de la part de ses camarades de classe. Vivant seul avec sa mère, il ne sait quasiment rien de son père et aimerait bien percer le secret de cette absence paternelle. Le sujet étant classé tabou, il laisse libre cours à son imagination pour s’inventer des racines… jusqu’au jour où des amis cambodgiens viennent trouver refuge chez eux. C’est pour lui l’occasion de vérifier quelques indices récoltés au fil des années et d’en apprendre plus sur ses origines.



Indirectement touchée par la guerre civile déclenchée par les Khmers Rouges fin des années soixante, Loo Hui Phang s’inspire donc de l’histoire de sa propre famille pour livrer un diptyque qui aborde cette page sombre de l’Histoire du Cambodge. Cette mise en place invite à suivre le malaise d’un enfant dépourvu de repères essentiels et quotidiennement victime d’une différence que sa mère refuse d’expliquer. Se heurtant constamment au silence qui entoure ce lourd secret familial, il est obligé de trouver lui-même réponse à ses nombreuses interrogations. Se servant d’un canari comme principal interlocuteur, Louis partage difficilement ses angoisses et ses peines, tout en développant un monde onirique censé combler le vide laissé par le mystère qui entoure son père. Si le voile concernant ses origines ne se lève que très lentement, c’est avec beaucoup de justesse que l’auteur décrit la souffrance de l’enfant. Passant régulièrement du rêve à la réalité, la narration puise sa force dans les non-dits qui accompagnent le mal-être de Louis.



La mise en images très sobre de Michaël Sterckeman conforte le ton intimiste du récit. Un dessin noir et blanc assez minimaliste qui s’inscrit totalement au service du scénario. L’ancrage historique cambodgien n’étant qu’effleuré lors de cette mise en bouche, la conclusion de cette saga est donc attendue avec grand intérêt.
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Cent mille journées de prières, tome 1

Louis est un petit garçon solitaire. Pas d’amis, pas de frère ni de sœur, il vit seul avec sa mère. Son père ? Il ne sait rien de lui alors il l’imagine et lui donne le visage de ses idoles. Sa mère est infirmière, généralement absente à la maison en raison de ses horaires de travail.



Un jour, elle se rend compte de l’isolement de son fils et décide de lui offrir un compagnon du quotidien. Elle lui achète un canari, l’oiseau meurt rapidement mais un lien fort avait déjà commencé à se tisser entre l’enfant et l’oiseau. Louis fait croire qu’il a enterré l’animal alors qu’il garde en secret son cadavre. Il le sort quand il est seul dans la maison et lui parle. L’oiseau est omniprésent dans sa solitude et dans ses rêves, il rempli ce vide laissé par ce père absent. Qui est-il ? Où vit-il ? Pourquoi n’est-il pas en France avec eux ?



Découverte de deux auteurs pour commencer qui ont ici fait le choix d’un récit intimiste pour raconter cette tranche de vie. On remarquera rapidement la similitude entre le prénom de la scénariste, Loo Hui, et le prénom de l’enfant. D’ailleurs, elle explique en préface que ce récit contient des éléments biographiques. Elle dédie ce livres à ses proches qu’elle n’a jamais connu et qui sont morts suite au génocide cambodgien.



" D’une manière abrupte et inattendue, mon père m’apprit que son frère cadet et trois de ses sœurs, ainsi que leurs familles, comptaient parmi les victimes de la tragédie cambodgienne. En quelques minutes, j’ai vu surgir puis disparaitre une partie de ma famille. Ces morts n’avaient jamais été un tabou. Mon père ne les évoquait pas parce que je ne posais pas les bonnes questions. (…) Mes oncles, mes tantes, mes cousins sont morts sans sépulture, enterrés sans cérémonie. Ce livre est pour eux ".



Cet ouvrage est un bel objet. Du visuel de couverture incitatif et intriguant, au titre parfumé de nostalgie et la vision de cet enfant, enfin, lové sur un immense oiseau. De même, j’ai pris plaisir à toucher le papier de cet album, un Munken Pur 130g. doux, mat et agréable qui met en valeur les dessins de Michaël Sterckeman. Le trait est minimaliste, parfois grossier, assez lisse en apparence. Totalement au service du scénario, j’en ai réellement apprécié la discrétion, l’émotion et la pudeur qu’il dégage.



Quant aux mots de Loo Hui Phang, ils ont une portée impressionnante. A plusieurs reprises, j’ai eu peur que le récit ne devienne morbide et pathétique, mais la souffrance de cet enfant face à l’inconnu est sincère et formulée avec justesse. Un enfant en quête de lui-même, à la recherche de ses origines. Il est démuni face à la souffrance de sa mère qui pleure lorsqu’il la questionne sur son père. Elle élude, elle évite… elle fuit les réponses qu’elle doit lui donner. Pourquoi ? L’intrigue est ménagée et il faudra attendre le second tome de ce diptyque pour avoir les clés de compréhension. Un récit qui donne lieu à de nombreux monologues de Louis dans lesquels l’oiseau est son unique interlocuteur et des scènes de dialogues montrent l’enfant fuyant face à l’Autre mais, peu à peu, Louis va changer.



" Je préfère être seul. En groupe, je me sens stupide ".



Un petit garçon touchant qui ne se connait pas et ne se reconnait pas dans l’autre. Une narration qui oscille en permanence entre le monde onirique de Louis et sa réalité qui le dépasse.



Touchée par cet album. Le ton est juste, le témoignage sincère, l’auteure se dévoile avec pudeur et crée un personnage-enfant très présent, mature. Une suite de diptyque que j’attends déjà…


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Cent mille journées de prières, tome 2

Cette BD m'intéressait surtout par son sujet, qui est assez peu abordé par chez nous en occident. Le génocide perpétré par les Khmers Rouges est encore bien mystérieux pour moi, et c'est assez délicat de se renseigner sur cette période, effacée de l'histoire même du Cambodge.



Cela dit, la BD s'intéresse autant à ce qu'il s'est passé là-bas qu'aux conséquences ici-bas, dans notre France, où le protagoniste se retrouve en but au racisme ordinaire (de par ses origines), au secret de famille sur le devenir de son père et à ses propres interrogations sur ses origines. Fils d'un médecin chinois et d'une française, sa vie est liée au Cambodge, bien qu'il n'y ait jamais mis les pieds avant la fin du récit.

Et c'est bien porté, comme récit. A la fois traitant des difficultés qu'il connait en tant que fils d'étranger, connaissant le racisme ordinaire réservé aux populations asiatiques, mais également aux non-dits dans la famille et aux conséquences de la guerre au Cambodge. L'auteur utilise plusieurs procédés bien vu pour symboliser tout ce qui ronge le héros, entre le trou dans le sol et l'oiseau mort qui sert de passeur de message. Il y a des bonnes idées visuelles et narratives qui rajoutent beaucoup à l'ensemble du récit et le rendent touchant.



Ma note est un peu abaissé par rapport au sentiment général de la narration, et c'est principalement parce que je reconnais des faiblesses au dessin. Surtout dans le deuxième volume d'ailleurs, où j'ai remarqué plus spécifiquement des visages assez similaires et des difficultés à reconnaitre certaines personnes. Sans dire que l'auteur manque de maitrise, j'ai l'impression que certaines planches sont plus confuses, peut-être par manque de temps pour les finaliser (j'ai surtout eu ce ressenti sur les dernières planches). Bref, il manque un petit quelque chose dans le dessin pour que j'adhère complètement à cette BD, qui sait pourtant utiliser des trouvailles visuelles saisissantes.



Une très bonne BD, mais qui a quelques faiblesses m'empêchant de trop bien la noter. Cela dit, elle m'a plu et je serais ravi de la relire d'ici quelques temps, lorsque ma mémoire aura été un peu défaillante et que je souhaiterai me replonger dans les affres d'une guerre sanglante et impitoyable qui se déroula il y a peu de temps, dans un pays appelé le Cambodge ...
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Cent mille journées de prières, tome 1

Cette BD m'intéressait surtout par son sujet, qui est assez peu abordé par chez nous en occident. Le génocide perpétré par les Khmers Rouges est encore bien mystérieux pour moi, et c'est assez délicat de se renseigner sur cette période, effacée de l'histoire même du Cambodge.



Cela dit, la BD s'intéresse autant à ce qu'il s'est passé là-bas qu'aux conséquences ici-bas, dans notre France, où le protagoniste se retrouve en but au racisme ordinaire (de par ses origines), au secret de famille sur le devenir de son père et à ses propres interrogations sur ses origines. Fils d'un médecin chinois et d'une française, sa vie est liée au Cambodge, bien qu'il n'y ait jamais mis les pieds avant la fin du récit.

Et c'est bien porté, comme récit. A la fois traitant des difficultés qu'il connait en tant que fils d'étranger, connaissant le racisme ordinaire réservé aux populations asiatiques, mais également aux non-dits dans la famille et aux conséquences de la guerre au Cambodge. L'auteur utilise plusieurs procédés bien vu pour symboliser tout ce qui ronge le héros, entre le trou dans le sol et l'oiseau mort qui sert de passeur de message. Il y a des bonnes idées visuelles et narratives qui rajoutent beaucoup à l'ensemble du récit et le rendent touchant.



Ma note est un peu abaissé par rapport au sentiment général de la narration, et c'est principalement parce que je reconnais des faiblesses au dessin. Surtout dans le deuxième volume d'ailleurs, où j'ai remarqué plus spécifiquement des visages assez similaires et des difficultés à reconnaitre certaines personnes. Sans dire que l'auteur manque de maitrise, j'ai l'impression que certaines planches sont plus confuses, peut-être par manque de temps pour les finaliser (j'ai surtout eu ce ressenti sur les dernières planches). Bref, il manque un petit quelque chose dans le dessin pour que j'adhère complètement à cette BD, qui sait pourtant utiliser des trouvailles visuelles saisissantes.



Une très bonne BD, mais qui a quelques faiblesses m'empêchant de trop bien la noter. Cela dit, elle m'a plu et je serais ravi de la relire d'ici quelques temps, lorsque ma mémoire aura été un peu défaillante et que je souhaiterai me replonger dans les affres d'une guerre sanglante et impitoyable qui se déroula il y a peu de temps, dans un pays appelé le Cambodge ...
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Cent mille journées de prières, tome 2

Cent mille journées de prières est un roman graphique divisé en 2 tomes qui aborde le génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge à la fin des années 70.



L’histoire adopte le point de vue de Louis, 8 ans, qui vit en France mais qui a des origines eurasiatiques. Louis ne sait rien de son père qu’il n’a jamais connu et il s'invente tout un tas d’histoires … C’est un enfant solitaire.



Pour tenter de rompre sa solitude, sa mère, Laurence, lui offre un canari, qui devient peu à peu le confident de Louis, mais cet oiseau meurt et Louis décide de la garder dans sa chambre, persuadé qu’il connaît son histoire. Peu à peu, cet oiseau mort prend une place centrale dans la narration …



Le style graphique en noir est blanc est assez particulier et un peu « glauque » cela correspond bien à l’histoire mais je n’ai pas accroché. En revanche, cette lecture m’a permis de découvrir cette partie de l’histoire que je ne connaissais pas du tout.
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Cent mille journées de prières, tome 1

Cent mille journées de prières est un roman graphique divisé en 2 tomes qui aborde le génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge à la fin des années 70.



L’histoire adopte le point de vue de Louis, 8 ans, qui vit en France mais qui a des origines eurasiatiques. Louis ne sait rien de son père qu’il n’a jamais connu et il s'invente tout un tas d’histoires … C’est un enfant solitaire.



Pour tenter de rompre sa solitude, sa mère, Laurence, lui offre un canari, qui devient peu à peu le confident de Louis, mais cet oiseau meurt et Louis décide de la garder dans sa chambre, persuadé qu’il connaît son histoire. Peu à peu, cet oiseau mort prend une place centrale dans la narration …



Le style graphique en noir est blanc est assez particulier et un peu « glauque » cela correspond bien à l’histoire mais je n’ai pas accroché. En revanche, cette lecture m’a permis de découvrir cette partie de l’histoire que je ne connaissais pas du tout.
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Cent mille journées de prières, tome 2

Pour comprendre l Histoire effacée !
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Cent mille journées de prières, tome 1

Pour comprendre l Histoire effacée !
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Cent mille journées de prières, tome 1

En noir et blanc, l’album mêle la vie réelle de l’enfant et un univers rêvé par l’intermédiaire de son confident, un canari (vivant puis mort) offert par sa mère. Je trouve un peu dommage qu’il n’y ait pas de traduction des quelques bulles en khmer. La mère dit cambodgien, mais linguistiquement, c’est du khmer, même si désormais ce mot est lourd de sous-entendus, mais le khmer (langue) et les Khmers (peuple) existaient avant les Khmers rouges. Certes, cette non-traduction renforce l’idée d’incompréhension de l’enfant, et la graphie est très belle, mais Cet album aborde deux sujets: un enfant « différent » (métisse asiatique dans une « classe de blancs »), victime de racisme hélas ordinaire, et un lourd secret de famille. Le choix de la mère de vivre seule sa peine, sans parler à son fils, est lourd de conséquences pour lui. Il ne sait même pas de quel pays il est originaire. [la suite sur mon blog]
Lien : http://vdujardin.com/blog/st..
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Cent mille journées de prières, tome 2

Comme dans le tome 1, le canari (enfin le cadavre du canari) est le médiateur indispensable entre la mère qui a enfoui un lourd secret et l’enfant qui a besoin de comprendre qui était son père. Chez lui (au cours d’une longue sieste agitée, transporté sur un champ de cendres), puis dans Phnom Penh aux heures sombres de 1975 et enfin par un retour des années plus tard au Cambodge (dans l’épilogue), le passé émerge peu à peu. «Même avec cent mille journées de prières, on ne peut rien changer », dit le canari (page 77). Le dessin me plaît beaucoup, un dessin à la plume avec des fonds gris plus ou moins foncés qui délimitent les cases. Si j’avais regretté la non traduction des caractères khmers dans le premier tome, ici, les phrases censées être dans cette langue sont écrites en français mais avec une graphie qui fait bien comprendre que l’on change de langue (dans l’épilogue en particulier). Un album à découvrir! Les deux tomes sont un peu différents dans leur approche d’un même thème, sans doute la scénariste a-t-elle évolué en même temps qu’elle avançait dans cette histoire (personnelle?).
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Cent mille journées de prières, tome 1

a tragédie cambodgienne approchée par Loo Hui Phang, à travers l'histoire de Louis, enfant eurasien à qui sa mère dissimule la vérité sur son père, nourrissant tous les fantasmes d'un enfant en souffrance. Lorsque sa mère lui offre un canari, ce dernier devient son confident, d'autant qu'il s'imagine que l'oiseau est le témoin privilégié de tout ce qui se passe dans la maison, et devient détenteur de la vérité sur son père... Un récit onirique et sensible sur la mémoire et les conséquences du génocide khmer sur ceux qui l'ont vécu, et ceux qui, sans l'avoir vécu, sans même avoir conscience de son existence, en subissent malgré tout les effets. Fin et intelligent.
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Adam et Elle, tome 2

Chronique de la conjugalité actuelle, Adam et Elle n'apportera malheureusement rien de plus aux habitués que les centaines de topics qui s'accumulent sur les forums féminins « Affaires de couple ». Pour les autres, tout y est, jusqu'au froid réalisme de la chute, précis et cohérent, plus qu'un documentaire.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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