Mgr Aupetit - La mort : méditation pour un chemin de vie
Elle refait surface cette mort que nous avions refoulée et elle se révèle terrible et impitoyable. La réponse que nous avons eue a été de nous protéger de la mort par tous les moyens. En réalité, nous nous sommes protégés de la vie. La vie est un risque, mais un risque magnifique. Le fameux principe de précaution désormais inscrit dans la constitution revient, au fond, à refuser de vivre vraiment pour ne pas risquer de mourir. Après cette expérience unique, nous devons nous poser la question : la mort n'est-elle pas le révélateur de la vie ?
Cela m'a appris […] que ma valeur véritable, comme celle de tous les humains, ne dépendait pas de ma place dans la société mais du regard que Dieu posait sur moi.
Là où le plaisir est court et demande une réitération, la joie est durable et demeure comme les qualités qui l'ont fait naître. Le plaisir, issu de la sensibilité, est individuel. La joie se communique et s'accroît par le partage et trouve son apogée dans l'amour compris comme don de soi. Le plaisir peut sortir des limites de l'individualité quand il s'ouvre à la communion dans l'amour.
Nous sommes donc passés d'une agonie maîtrisée par le mourant lui-même à une agonie accompagnée par la famille à partir du XVIIIe siècle pour arriver à une maîtrise de la fin de vie par l'équipe hospitalière. Tous les problèmes de la fin de vie et de son accompagnement qui ont cours aujourd'hui viennent de ce déplacement.
Pour avoir souvent côtoyé des patients qui mouraient et leurs familles, je pense qu'on a volé des moments précieux de pardon et de paix en continuant de mentir sur l'état du malade dont personne n'est dupe, ni le mourant ni la famille.
Regarder la mort en face, c'est aussi contempler la beauté de la vie, ce don magnifique qui devrait être pour chacun source d'une immense gratitude et d'une contemplation bienheureuse dès ici-bas.
Cette méditation sur la mort n'a pas d'autre but que d'apprendre à vivre, à vivre vraiment.
L'acceptation de la mort est une condition essentielle de la présence à sa propre vie.