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Citation de michelcombebellin


DIEU ET MOI, HISTOIRE D’UNE COLOC MOUVEMENTÉE

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre... et devint mon colocataire. Durant de longues années. Au début, c'était l'entente cordiale, nous étions cul et chemise, bite et surplis. Puis, les choses se sont gâtées : Dieu devenait bruyant, envahissant, fouinant dans mes affaires. Il n'avait qu'un mot à la bouche : « Faut pas ! ». Même lorsque je quittais l'appartement, j'avais l'impression de le retrouver partout : à la télé, sur le Net, chez mon libraire, dans les dépêches, dans les croisades, les bombes, les tortures planétaires, surtout les attentats... Un méga squatter universel ! J'ai alors décidé de rompre, en douceur.
Comme on n'a plus le droit d'expulser quand vient l'hiver, j'ai résilié le bail au printemps. En fait, j'avais hébergé Dieu par amitié, par faiblesse ; nous nous étions rendu quelques menus services durant ma jeunesse, c'était un grand ami de la famille, surtout de maman qui en avait fait son surnaturel Amant... Parti sans laisser d'adresse. Bon vent ! Je me suis senti soulagé, enfin seul. Trop seul peut-être. Je tentai une annonce pour retrouver un locataire, plutôt une colocataire. Le texte, je me souviens, était fort alléchant, dans la rubrique « bonnes affaires » : Abbé défroqué souhaitant se mettre en ménage avec Belle du Seigneur échangerait bon dieu vivant contre bon vieux divan. Aucun succès. Pas une seule réponse. Il n'empêche, j'avais dit adieu à Dieu, je respirais. Je croyais respirer...
En fait, Il s'est incrusté chez moi. Toujours son œil de cyclope ! Partout Son gibet mortifère ! Et des poils de vieux bouc en veux-tu en voilà, partout sur le canapé ou dans le lavabo ! Partout une odeur rance, des traces de moisi, des relents d'interdit, du plomb dans les tapisseries. Je me sentais mal, pas esseulé, surtout pas, mais intoxiqué. Certaines nuits, j’en venais même à flipper. J'ai alors tout essayé, en commençant par Le débaptiser. Comme DIEU, c'est non seulement pompeux mais aussi passe-partout, ça court les rues et les geôles depuis la nuit des temps, bref je L'ai surnommé FLIP-FLOP. En toute simplicité. Ce sobriquet, qui fleure la gaminerie (« Éternel homme enfant ! » se plaint mon fils cadet), est familier, marrant et surtout moins impressionnant. Par ailleurs, presque aussi variée que les arcanes de la Sainte Trinité, la polysémie de mon nom de guerre est très riche dans la langue de Shakespeare : salto arrière, bascule électronique, sandale de plage et… retournement de veste, tiens donc ! En réalité, le DIEU omnipotent n’est qu’un gueux omniproutant : il bégaie et il pète. Un formidable flop, encore plus fort que le bide de Christine Boudin avec son Chrétiens, de l’audace pour la politique ! Bref, comme disait Pépin, “il était un petit dieu, pirouette cacahuète”, et c’est formidiable, non ? Donc, FLIP-FLOP.
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