Tout l'art de l'éducation réside ici dans le fait d'apprendre à l'enfant à "répondre de ses actes", à tenir compte des compte des conséquences qui peuvent en résulter. Cela va de la tablette de chocolat qu'on ne termine pas pour éviter d'avoir mal au ventre à la fréquentation de l'école pour avoir un métier plus tard. Si l'enfant de 6 ou 7 ans n'a pas une vision précise de ce qu'il voudrait devenir, il vit avec des adultes qui ont pour lui et sur lui des vues à très long terme. Ces vues parentales aident l'enfant à s'orienter progressivement dans le temps et à arranger son présent d'une façon telle qu'il ne compromette pas son avenir. Le contrôle se construit manifestement sur les relations d'attachement.
Pour que le contrôle social soit efficace, il faut qu'il y ait une adéquation entre la gravité de l'acte commis et l'intensité de la réaction sociale que cet acte provoque. Quand la société réagit aux transgressions par des mesures justes et proportionnées, le niveau de contrôle social est élevé. [...] La diminution du contrôle social augmente la possibilité du passage à l'acte délinquant.
L'anomie réfère donc à un état de tension insoluble causé par l'opposition entre les buts proposés par la société et les moyens illégitimes aux yeux de cette société pour les atteindre. [...] C'est la société, ou plutôt le niveau d'anomie de la société, qui produit les dysfonctionnements et les tensions.
La réaction des parents, lors des manifestations d'opposition de leur enfant (nous sommes au stade du "non"), aura une importance capitale. Laisser l'enfant s'opposer sans lui poser de limites, c'est créer chez lui un sentiment de toute-puissance inapproprié et ouvrir peut-être la porte à la délinquance.
On assiste souvent à un double lien scindé où le père et la mère émettent des messages contradictoires. L'enfant est en faute, quoi qu'il fasse: s'il répond à la demande de la mère, il est en faute par rapport au père et inversement. L'enfant risque donc de banaliser les fautes et de se construire une identité de transgresseur: ce n'est pas grave de transgresser puisque, non seulement il n'y a jamais de véritable sanction, mais aussi il est impossible de faire autrement.
Son passé douloureux, l'attachement ténu avec les parents, les signes évidents de rejet, d'abandon, d'expériences pénibles de placements institutionnels, de déficience du milieu familial (alcoolisme,toxicomanie,instabilité affective de la mère, discordes parentales, délinquance paternelle) permettent de comprendre que Martin "agit", extériorise ses souffrances sous forme de passages à l'acte comportementaux dans un premier temps, délictueux par la suite.
Certains meurtres, par exemple, semblent s'expliquer par l'incapacité de certaines personnes de sortir autrement d'une relation affective intense.
Selon lui [Durkheim], c'est la baisse de densité morale observée dans la société moderne qui entraîne l'apparition de traits pathologiques et notamment l'augmentation du taux de suicide (la structure sociale d'une société anomique est très floue; certaines personnes, incapables de comprendre le sens de la vie dans ces conditions, n'ont plus d'autre solution que de se donner la mort).
On constate souvent dans les familles de jeunes délinquants que les parents sont passifs et infligent des punitions injustes, que les relations entre parent(s) et enfant(s) sont dégradées, que la communication entre les membres de la famille est au point mort etc.
Pourcentage de délinquants et non-délinquants selon l'évaluation de l'affection du père pour le garçon (Glueck,1950)
Chaleur : délinquants 40,2% / non-délinquants 80,7%
Hostilité, rejet: délinquants 16,9% / non-délinquants 3,3%