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Citation de SeriallectriceSV


Comme tous les Algériens, il avait pour la puissance coloniale des sentiments partagés : il oscillait entre haine et admiration, attirance et rejet. La France avait écrasé les siens et inculqué aux autochtones un profond sentiment d'infériorité, le fameux complexe du colonisé qui tortura des générations de musulmans.
Comment aimer une nation tortionnaire? Comment haïr le pays des Lumières ?
Debussy, Manet, Renoir, Rousseau, Voltaire, Molière et Camus ne rachetaient-ils pas toutes les avanies?
Après l'indépendance, certains Algériens eurent une telle rancœur qu'ils refusèrent d'assumer leur schizophrénie. Ils tentèrent d'extirper tout ce qui rappelait la présence française et sa créativité, allant jusqu'à amputer les seins des cariatides sur les immeubles du front de mer d'Alger.
Le Kader des années cinquante n'était pas extrémiste. Il voulait s'affranchir de la pauvreté par tous les moyens, l'autodétermination en était un. Dans sa stratégie, j'étais un élément important: l'indépendance était lointaine et chimérique, mon amour lui ouvrait les portes de la citadelle coloniale.
De cette ambivalence, je n'avais pas conscience.
Je souffrais du complexe du colonisateur et voulais racheter l'honneur des miens. Il n'avait, m'assurait-il, aucune activité terroriste. Il collectait des médicaments, des pansements pour le maquis, il me demanda de l'aider. J'emplissais mon sac de plage d'alcool, de pénicilline, de coton, de gaze et partais livrer ma cargaison aux quatre coins d'Alger.
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