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Citation de SeriallectriceSV


Christine a tenu parole, elle a activé tous ses réseaux pour que je me soigne à Paris. L'ambassadeur de France a téléphoné ce matin, mon passeport est prêt, je peux partir demain, réintégrée dans une nationalité que je n'avais jamais perdue !
- On reste français jusqu'à la mort, vous savez.
- Vraiment, Excellence?
- Absolument.
J'aurais pu parler des harkis massacrés, méprisés, des pieds-noirs abandonnés comme des chiens, des combattants indigènes oubliés, des enfants interdits de séjour sur un sol jadis défendu par leur père, de la jeunesse de Dresde ou de Berlin qui déferle insouciante et heureuse sur les Champs- Élysées : les fils et petit-fils des Waffen SS plus légitimes que les fils et petits-fils des soldats basanés des colonies morts pour la France.
Le droit du sang, seul vrai passeport !
Mais je me suis tue, l'histoire nous a tous broyés et ce maudit cancer me dévore, je n'ai plus la verve d'antan et je n'ai plus de temps. J'ai juste dit: « Merci » et j'ai raccroché. Pour la première fois, je vais trahir l'Algérie, abandonner son destin pour le mien et bénéficier d'un passe-droit lié à mes gènes. Je ne veux pas me faire opérer ici, les hôpitaux sont terribles. Je veux revoir Sofiane, je veux revoir Marc, je veux revoir ma sœur. Je ne veux pas mourir seule à Mustapha, comme mon beau-frère Gérard, clinique chirurgicale A.
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