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Citations de Michel Clamen (18)


Dans Hector Servadac, nous sommes dans l'ima- ginaire, hors de toute verité plausible. Le choc d'un astéroide ne serait pas, pour la Terre, aussi anodin C'est à une météorite de taille bien moindre qu'on attribue en général le cataclysme dans lequel, il y a 65 millions d'années, les dinosaures ont disparu. Plus que du manque de rayonnement solaire, la stérilité de la Lune vient de son absence d'atmosphère, aspirée jadis par l'attraction terrestre. Quant à l'extinction du Soleil, nous savons maintenant à quoi nous en tenir. À terme, sa fin est inéluctable. Mais il passera par une phase de rayonnement de plus en plus intense. Le Soleil se développera au point d'englober les planètes les plus proches, Terre comprise. Si nos descendants sont contraints de quitter la planète, ce sera qu'il y fait trop chaud et non très froid. L'échéance est lointaine : 4 ou 5 milliards d'années - nous avons le temps de nous préparer ! Pourtant, le thème de l'extinction du Soleil va devenir un des poncifs de la science-fiction. C'est Wells qui le reprendra le premier, en imaginant, grâce à sa Machine à explorer le temps, une visite aux derniers jours de l'humanité.
Bref, Verne, répétant ce que lui disent ses amis, si savants soient-ils, se trompe comme eux quant au sens de l'avenir.
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Des savants pour héros, des récits à base d'inventions, une écoute attentive des nouveautés techniques, voilà qui suffit à asseoir une réputation. Verne était considéré par ses contemporains comme un véritable savant, ils voyaient en lui l'homme qui étonne par la pertinence mystérieuse de ses idées nouvelles. La réalité est plus complexe que cette image. Elle repose sur le recueil de l'information plus que sur la prévision, sur la foi dans le progrès plus que sur l'esprit scientifique.
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Ces savants, comment travaillent-ils ? Osons une réponse peu conformiste : ils ne travaillent pas. Ou plutôt, ils ne travaillent plus. Que Robur soit le père génial de l'Albatros, qui en douterait ? Mais qui connait les conditions dans lesquelles il l'a étudié, construit ? De ses études, de ses recherches, nous ne voyons rien. Les innovateurs verniens se contentent d'exhiber leur création et s'arrêtent, le premier stade accompli.
Qu'on ne s'attende pas à des descriptions du métier d'inventeur, rythmé par les hypothèses, les successions d'essais, les longues déceptions et les soudains traits de génie... Non, rares sont ceux qui travaillent dans la continuité. Verne signale que J. Starr, ancien ingénieur à la mine des Indes noires, «entre dans la catégorie des gens passionnés dont le cerveau est toujours en ébullition», mais on n'en voit guère les effets. Seul Zéphyrin Xirdal innove sans relâche, mais ce farfelu saute d'un sujet à l'autre, sans aucune suite dans les idées.
Il en résulte des chercheurs hors de tout laboratoire, des romans «de la Science» sans aucun lieu scientifique. Pas une visite de labo, pas la moindre incursion dans une station d'essais ou d'expérimentation. Car la cahute où Cyprien Méré cuisine ses diamants mérite à peine ce titre et la chambre de Xirdal, antre de savant Cosinus, encore moins. Quand, par extraordinaire, on voit les savants à l'œuvre, c'est à des calculs ou à des classifications qu'ils s'emploient. Des classements, qui sont le degré zéro des sciences descriptives. Des calculs, tous justifiés par l'uilité immédiat.
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Naïvement, l'auteur ignore qu'en cette fin de XIXe siècle, la spécialisation est en train de devenir une obligation. Il est vrai que les savants authentiques qu'il compte parmi ses amis, sont de vrais touche-à-tout : le grand Arago et son frère Etienne, Henri Sainte-Claire Deville...
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Qu'un romancier n'aime pas I'arithmétique, malgré tous les chiffres qu'il cite, qu'il ne maitrise pas les calculs auxquels il fait allusion, que ses évaluations relèvent plus du pifomètre que du mètre-étalon, qui trouverait à y redire ? On ne lui demande pas ces compétences, on est indulgent envers les ordres de grandeur, les confusions d'unités, les précisions excessives...
En revanche, qu'un auteur qualifié de prophétique - et il l'est certainement sous bien d'autres aspects - n'ait pas perçu l'intérêt du système métrique, une des novations majeures de son époque, voilà qui n'est pas à son actif. Retenons plutôt qu'il a su voir dans la magie des grands nombres un élément de poésie. Il est à notre connaissance le seul créateur à en avoir saisi le pouvoir d'évocation.
Finalement, sans aimer les mathématiques, il 2 mis les chiffres à toutes les sauces, plaisanteries comprises !
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Accueillant aux idées nouvelles, Verne ne les prolonge ni dans la durée, ni dans leurs effets. Les créations verniennes sont des inventions, non des innovations.
Jules Verne n'est pas non plus un scientifique de la science, il ne retient que les résultats, les performances. Là où certains voient un moderniste, nous préférons voir un rêveur. Pas plus qu'Alexandre Dumas n'est historien, ni que les romans de Proust sont des travaux de sociologie, les «romans de la Science» ne relèvent de l'ordre scientifique.
Ces seuls noms mis en parallèle montrent qu'il n'en a pas moins du genie. Mais ce génie est d'une autre nature que celui du «savant». Il consiste à des univers originaux, sans trop se préoccuper des réalités possibles. Que lui importent, finalement, les diverses façons d'aller au fond des mers ? L'essentiel est que quelqu'un y aille un jour et en tire des aventures extraordinaires. Il est là pour nous en faire bénéficier, par anticipation.
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Autant d'assertions que les contemporains pouvaient qualifier de rêveries, autant de vérités prophétiques que l'expérience d'un demi-siècle d'astronautique a validées.
Certes, cette justesse dans les grandes visions ne doit pas cacher des naïvetés dans les détails. Pour se débarrasser de déchets, on n'hésite pas à prendre des libertés et à ouvrir un hublot : «En opérant vivement, c'est à peine si quelques molécules d'air s'échappent.» Ce mépris des précautions élémentaires laisserait pantois nos astronautes, dont la vie est suspendue à un défaut d'étanchéité.
Ainsi va, chez Jules Verne, la prédiction technique. Un siècle après, on reste frappé par la pertinence de certaines anticipations et par l'ingénuité de quelques autres. Car, à pratiquer le délire onirique avec une telle constance, on ne peut viser juste à tous les coups. Des prévisions saisissantes voisinent avec des erreurs formidables.
Nous avons ici I'ambition de séparer le bon grain de l'ivraie, en apportant quelque réponse à cette question : en ce début de XXIe siècle, plus d'un siècle après sa mort, que reste-t-il des annonces de Jules Verne ?
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Verne, un «savant», comme l'ont cru ses contemporains ? Non, simplement un romancier. Mais un romancier qui se dopait aux techniques nouvelles.
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Ainsi, le long des innovations et des connaissances scientifiques nouvelles, Jules Verne promène sa fantaisie vagabonde. Les utopies de poète prennent le pas sur les réalités des sciences. Ce n'est plus l'œuvre d'un vulgarisateur technique, c'est celle d'un artiste. À l'image de ses trains vers la Lune, ses réponses sont des réponses poétiques plus que des réponses scientifiques. De toute façon, le talent du conteur fait miracle : si incroyables qu'elles soient, les aventures deviennent crédibles. Le ton est tel qu'il n'est pas question de mettre en doute le sérieux de ses affirmations. Impossible d'y croire? Il reste au lecteur une voie d'évasion : rêver. Verne a méconnu les difficultés ? Il a prédit l'impossible ? Tant mieux! il nous offre sa fantaisie. Il s'est trompé dans les détails ? Tant mieux! c'est parce que nous connaissons tout de la machine à vapeur qu'elle a cessé pour nous d'être un objet de rêve. L'apport du conteur est ailleurs : alors que d'autres tiennent pour réels tous les possibles, lui tient pour possibles tous les imaginables. Les romans de la Science en deviennent semblables à ces dessins «truqués», qui cachent, sous des dehors anodins, une impossibilité majeure.
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Espace, aviation, explorations en tous genres... on n'en finirait pas d'évoquer Jules Verne, tant son œuvre est multiforme. Si les vingt mille pages des «Voyages extraordinaires» ne sont pas toutes d'égale valeur, chacune apporte sa part, prophéties ou naïvetés, rationalité ou poésie.
De romans de la Science en contes fantastiques, de quasi-reportages en élucubrations, d'innovations futuristes en archaïsmes, une vision commence à se faire jour. Ce qui avait paru novations extraordinaires nous semble maintenant simple utilisation du savoir de l'époque. La «marque de fabrique» reposait sur des images toutes faites, nous avions emboîté le pas à quelques préjugés - écrivain universel, inconditionnel du progrès, prophète sans faille... Cette vision était préfabriquée, il nous faut accepter une réalité plus nuancée.
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Au fil des temps, l'œuvre et l'écrivain lui-même ont connu des appréciations diverses. Pour ses contemporains, «Monsieur Verne est un savant de bon aloi.» Eloge excessif, mais explicable. Les scientifiques ses contemporains sont discrets ; leurs travaux, leurs méthodes restent dans l'ombre. Premier à «raconter la science», I'écrivain bénéficie tout de suite d’un malentendu : on l'admire comme s'il maitrisait la teneur technique de ses romans. Acquise dès Cinq semaines en ballon, cette image durera plusieurs dizaines d'années. Vers la fin de sa vie, de grands scientifiques ont connu la popularité : quand Marie Curie ou Einstein, qui étaient presque ses contemporains, ont accédé à la célébrité, Verne était encore vivant. Cent ans après, le parallèle remet chacun à sa place véritable.
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On objectera à juste titre qu'à l'époque, les scientifiques femmes sont rarissimes. Marie Curie, première physicienne d'envergure, s'exercera qu'à partir de 1890 – Verne a déjà soixante-deux. Mais prenons connaissance d'un texte curieux, sans rapport avec nos romans de la Science. En juillet 1893, à Amiens, Verne prononce le discours traditionnel à la distribution des prix du collège de jeunes filles : «Petites et grandes, prenez garde de vous égarer en courant le domaine scientifique.» L'avertissement est sans équivoque : vous êtes faites pour la maison. Les lettres et les arts, à la rigueur. Mais la Science, ce n'est pas pour vous.
Ce point de vue est conforme aux règles de l'éducation telle que la conçoivent les contemporains. La Jaganda décrit la famille idéale. Dans une exploitation forestière retirée, l'instruction que reçoit la fille, essentiellement de la part de sa mère, est forcément limitée. Son frère, lui, bénéficie d'une éducation très complète, quitte à passer quelques années dans une ville lointaine. Le moins qu'on puisse dire est que notre misogyne n'a pas vu venir la parité. On ne pouvait guère compter sur ses prédictions pour préparer à la femme un avenir plus équitable.
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Cerné par les préjugés de son époque, Verne ne pouvait éviter l'écueil de certaines croyances, présentées sous emballage pseudo-scientifique. Le XIX° siècle n'en a pas été avare. Stéréotypes, racisme, colonialisme, préventions sexistes ou sociales... les préjugés ne manquent pas. Verne ne les reprend qu'à doses modérées, sans aucune virulence ; mais enfin, il les reprend.
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Verne, feru de science et de technique, n'aimait ni l'usine ni les industriels. Aux ateliers qui supposent une fabrication en finesse, longuement mise au point, il préfère, par goût de la démesure, les chantiers transitoires, vastes espaces techniques rapidement improvisés. Là, l'homme qui «sait» réussit, par un savoir qui est toujours d'ordre technique et néglige tout art de maîtriser les projets, les finances, les équipes... Rien d'étonnant si usine et management constituent des points faibles de sa prospective.
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Conformisme vis-à-vis des idees reçues ; confusion entre connaissance et denominations ; absence de remises en cause ; fonctionnement par certitudes excluant l'expérimentation... Au total, on le voit, I'état d'esprit de notre conteur rappelle plus la scolastique que la démarche cartésienne. Si on y joint le goût des procédés anciens, on perçoit que la relation de Verne face au milieu naturel est de l'ordre de la croyance plus que de la compréhension. Ainsi se marque la profonde différence entre sa pensée et l'esprit scientifique. Ses affirmations sur l'avenir sont des actes de fois, non des prévisions au sens classique. Et parfois, il en va de même du présent, comme en témoigne son avis Sur l'interprétation des apparences physiques.
Michel Ardan «porte sur son visage les signes de la combativité, la passion des choses surhumaines». L'affirmation dépasse le simple portrait romanesque. C'est que, parmi les préjugés du siècle, figurent les théories sur la physionomie. Gall, mort l'année même ou Verne est né, a légué un système : de telle bosse du crâne, de telle protubérance osseuse, on pourrait déduire les traits de caractère de chaque individu. La «discipline» poussée à l'époque par C.Lombroso. À sa suite, Verne truffe ses récits de notations de ce genre. Elles retiennent d'autant plus l'attention qu'elles relèvent de ces fausses sciences que Verne dénonce ailleurs avec pertinence et talent.
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Verne converse avec ceux de ses amis qu'il appelle des «savants». Ce sont eux qui lui suggèrent qu'un jour on naviguera sous l'eau, qu'on ira dans l'espace... Jacques Arago, son ami, a mené une expédition de géodésie en Afrique ; ce qu'il en relate inspire les Aventures de trois Russes et de trois Anglais. De même, au cours d'une conversation avec le journaliste A. Marx, ce dernier rappelle le passage d'une comète en 1863, à proximité de la Terre. II lui rapporte ses angoisses : et si le choc avait eu lieu... ? La trame d'Hector Servadac est née. Quant à Vingt mille lieues sous les mers, l'idée en aurait été suggérée - prétendent certains - par George Sand, amie d'Hetzel ; mais Verne a assisté aussi, quelques annees auparavant, à l'expérimentation d'Hollelt qui a essayé un engin submersible dans la Seine, du Louvre à la Cité.
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Tout cela aboutit à un «état de l'art» qui condense le savoir contemporain. Et, chaque fois, à un livre «charmant comme un roman et instructif comme une livre de science», reconnaissait un critique dès la parution de Cinq semaines en ballon. Plus que la prospective (terme qui n'existait pas à l'époque), Verne pratique l'information quotidienne, dans une démarche que nous appellerions aujourd'hui veille technologique ou intelligence économique. Écoute systématique, surveillance dans tous les azimuts garantissent le résultat, quitte à ce que la prophétie y perde de son mystère. Là où on attribuait le coup de génie à une prémonition surnaturelle, on rencontre besogne monotone, qui explore méthodiquement les possibilités du moment. On comprend les romans, même «de la Science», n'engagent pas souvent leurs personnages au-delà de ce que les connaissances existantes permettent de concevoir. Non sans les exagérer au besoin - romanesque oblige !
Du coup, Verne peut se ressentir comme un champion de la prospective. Telle que nous la concevons aujourd'hui, elle présente deux aspects contrastés : une indiscipline intellectuelle, selon laquelle il convient de penser de facon dissonante - et on retrouve toutes les extravagances verniennes ; mais aussi une discipline exigeante qui impose une approche méthodique pour exploiter au mieux un savoir déjà public.
Oserions-nous prétendre que Verne n'a jamais rien inventé ? L'affirmation ne dévalorise nullement ses récits ; elle souligne au contraire une de leurs forces : contrairement à la «science-fiction», ils ne se contentent jamais de vagues élucubrations. Et le souci de faire sérieux et documenté revêt la fantaisie d'une vertu paradoxale, l'authenticité.
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«Ingénieurs, mécaniciens et autres savants». La formule, due à Verne lui-même, confirme la place de ceux qu'aujourd'hui nous appellerions plus volontiers des «scientifiques». Expression ambiguë, car Verne n'établit aucune distinction entre ceux qui possèdent la connaissance amont et ceux qui en maîtrisent les applications pratiques. Il ne montre d'ailleurs d'estime que pour ceux dont les connaissances présentent un intérêt pratique – nous l'avons vu pour les mathématiciens. Que se dégage un personnage hors du commun joignant un savoir technique à un tempérament de fer, et le voici promu savant et le récit d'aventures, roman de la Science.
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