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Critiques de Michel Fiffe (11)
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Copra, tome 2

Prise d'autonomie

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Ce tome fait suite à Copra, tome 1 (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2013/2014, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Michel Fiffe.



Dans le quartier général de Copra, Sonia Stone est en train de mouiller un linge pour l'appliquer sur son œil au beurre noir. Elle contemple son visage tuméfié dans le miroir au-dessus du lavabo. Elle noue le linge autour de son front, pour faire tenir le pansement sur son œil. Puis elle se dirige vers le lit où se trouve le reste de ses vêtements, et finit de s'habiller. En son for intérieur, elle repense à la formation de l'équipe clandestine Copra, au fait qu'elle ait perduré plus longtemps que prévu, au fait que ces membres soient des repris de justice sacrifiables, au fait que Vitas soit mort. Lloyd frappe à la porte et entre. Il vient demander quand Benny est incinéré. De son côté, comte Compota est en train de méditer, mais la douleur à sa blessure au ventre le rappelle à la réalité. Il est rejoint sur le balcon par Gracie Kriegeskotte qui vient papoter un peu. Puis elle lui indique qu'elle va aller faire un petit somme, et qu'il est le bienvenu pour la cérémonie dans une demi-heure. Guthie est en train de dormir dans son lit, quand elle est réveillée par une force spectrale qui essaye de s'introduire en elle autour de son globe oculaire gauche. Elle se réveille et constate que Patrick Dale est à ses côtés, en train d'écouter de la musique sur son téléphone. Elle échange quelques mots avec lui, et il lui tend une oreillette pour qu'ils écoutent ensemble. Rax tourne comme un lion en cage dans sa chambre. Quand il voit passer Sonia Stone dans le couloir, il se précipite vers elle pour savoir quand elle va tenir parole. Elle lui parle sèchement car elle a d'autres chats à fouetter.



Sonia Stone monte à l'étage et passe devant Vincent et Xenia qui sont attablés. Elle arrive dans la chambre de Francis Castillo qui est assis sur le rebord de son lit. Elle lui indique que ça va être à lui de présider la cérémonie. Enfin, elle entre dans la chambre de Boomer, allongé, en train de gémir de douleur. Lui aussi, elle le remet à sa place, cette fois-ci en faisant usage de la force. Une fois la cérémonie passée, Sonia Stone donne son feu vert pour la mission consistant à ramener les morceaux de l'artefact dans sa dimension d'origine, permettant ainsi à Rax de rallier ladite dimension. Bien évidemment rien n'est simple, et rien ne se passe comme prévu. Une fois téléportée entre les dimensions, l'équipe Copra tombe dans un guet-apens, tendu par Dydy et son homme de main Kilgore. Le combat s'engage. Pendant ce temps-là, Vincent est resté entre les dimensions pour maintenir le passage de retour, et il est lui aussi attaqué, mais par des spectres divers et variés. Rax parvient à neutraliser Kilgore, mais il est frappé par un rayon émis par Dydy. Il se retrouve à terre, et son opposant en profite pour prendre la poudre d'escampette.



Pas sûr que le lecteur ait été très motivé pour revenir pour ce tome deux, du fait de certaines caractéristiques fleurant bon l'amateurisme dans le premier tome. Néanmoins cet hommage à l'équipe Suicide Squad version John Ostrander & Luke McDonnell libérait des saveurs assez particulières pour rester en bouche et donner envie d'un deuxième service. Dès le début de sa lecture, le lecteur relève les mêmes caractéristiques évoquant l'amateurisme et le fait en autodidacte. Ça commence avec l'irrégularité du lettrage. Il donne l'impression d'avoir été réalisé par une personne capable de tracer des traits horizontaux pour assurer le bon alignement des lettres, mais incapable de reproduire la même forme avec une régularité suffisante. Cela donne parfois des mots aux lettres un peu trop tassées, rendant difficile le déchiffrage. Toujours dès la première page, la qualité de la représentation des décors est très fluctuante, souvent avec une approche simpliste et naïve. Ainsi pour la représentation de la chambre de Sonia Stone, le lecteur a doit à un lavabo avec des robinets réalistes, puis à un entrelacs très fantaisiste de tuyauterie pendant du plafond, à des murs nus, à une chaise à la forme simpliste, à un lit un peu plus crédible. Tout du long de ces épisodes, il éprouve cette sensation de perspective construite de manière maladroite et basique, de fonds de case très souvent vides, de représentations parfois enfantines.



Cette sensation de dessinateur au savoir-faire peu développé se retrouve dans d'autres éléments : en page 2 & 3, un ennemi tire des mini-fusées d'un canon portatif, et le diamètre des deux projectiles est trop gros pour qu'ils aient pu passer par le canon. Certaines expressions de visages sont maladroites, voire malmènent un peu les proportions d'un crâne humain. Dans le même temps, la narration visuelle reste lisible et parfois agréablement surprenante. De temps à autre, Fiffe décrit un environnement dans le détail, ou bien parvient à en créer un très original : le tapis amenant le corps dans le four crématoire, les matières ectoplasmiques de la dimension dans laquelle se trouve Vincent, le dessin en double page montrant une vue du dessus des gratte-ciels au-dessus desquels Rax se trouve emporté, le salon spacieux d'une demeure luxueuse, le bar dans lequel Lloyd Weber et Boomer vont prendre un verre. En outre, le lecteur se rend compte qu'au-delà de décors parfois simpliste ou inexistant, l'artiste fait preuve d'une belle inventivité pour ses mises en page, en particulier pour sortir de l'enchaînement de cases rectangulaires, pour des dispositions plus sophistiquées, accompagnant et accentuant les mouvements et les déplacements. Il remarque régulièrement que l'usage des superpouvoirs pendant les combats physiques donne également lieu à des expérimentations heureuses à l'encre, ou avec les couleurs.



Sans nul doute, la qualité de la narration visuelle a augmenté depuis le premier tome, même si elle présente des caractéristiques parfois naïves ou peu professionnelles. Le lecteur ne sait trop qu'en penser : une volonté de sciemment donner une apparence bricolée, ou une volonté impressionnante de réaliser un comics par soi-même en palliant ses limites techniques de dessinateur par une inventivité remarquable. Il retrouve cette même interrogation dans l'utilisation transparente de superhéros et supercriminels de l'univers partagé DC et de celui de Marvel. Lloyd Weber reste un décalque de Deadshot (Floyd Lawton), Count Compota de Count Vertigo, Rax de Rac Shade, Vincent de Stephen Strange, Xenia de Clea, Francis Castillo de Frank Castle (Punisher), et Boomer de Boomerang (George Harkness). L'avantage d'utiliser des décalques réside dans le fait que l'auteur peut ainsi s'en servir comme des béquilles, avoir des personnages prêts à l'emploi et déjà consistants, sans avoir à consacrer tout son premier tome à les présenter et les étoffer. L'inconvénient apparaît dans le goût de prémâché, d'ersatz, de produit dérivatif. Cette sensation perdure dans le premier épisode de ce deuxième tome car l’auteur rappelle qui est qui, faisant remonter à la surface les éléments empruntés sans vergogne à DC et, dans une moindre mesure, à Marvel. Le lecteur se dit : ah oui, ces personnages-là, ou pire il ne dispose pas de ces références et se demande pourquoi ces personnages ont des histoires personnelles qui semblent à la fois trop alambiquées, à la fois artificielles et sortir de nulle part.



Le sentiment perdure pendant la première partie du deuxième épisode qui rappelle le retour de Rac Shade dans sa propre dimension. Puis il s'estompe progressivement, d'abord avec l'ennemi original dans l'épisode 3, puis avec la mission confiée à Lloyd Weber, accompagné par Boomer. D'un côté, Fiffe reste dans le cadre des aventures de la Suicide Squad d'Ostrander & McDonnell ; de l'autre côté, il s'aventure en dehors des histoires qu'ils ont pu raconter, et commence à mieux mettre à profit le caractère de ses personnages. Lloyd reste très proche de Floyd Lawton, mais Boomer apparaît plus complexe que George Harkness (Captain Boomerang), avec en particulier un complexe d'infériorité qui se manifeste de manière vicieuse. Le lecteur se rend compte qu'il apprécier l'intrigue pour elle-même, plutôt que comme une variation du comics originel. Son ressenti rebascule de l'autre côté quand Sonia Stone s'en prend à son supérieur hiérarchique avec un aplomb aussi impressionnant que son bluff, dans une situation tendue qui dégénère bien évidemment. Tout du long, l'auteur donne accès aux pensées de Sonia Stone, alternativement avec celles de Lloyd, pour une autre forme de sentiment d'infériorité, teinté de résignation, mêlé avec une forme de confiance en soi qui leur permet de manipuler d'autres personnes, ou de les considérer comme ayant moins de valeur qu'eux. Les émotions du lecteur alternent entre la compassion, une admiration à contre cœur, et une réelle répulsion.



Le lecteur aborde ce deuxième tome avec plus ou moins d'entrain, selon qu'il est très friand de ce comics original, ou qu'il y voit plus un ersatz de Suicide Squad avec des dessins malhabiles. Les deux premiers épisodes le confortent dans son avis initial. La suite fait évoluer son ressenti : Michel Fiffe gagne en confiance, à défaut de gagner en technique de dessin. Il ose s'éloigner du modèle initial pour des aventures plus originales. Il sait mieux diriger ses acteurs pour que leur personnalité s'exprime plus, sans tomber dans un cynisme de façade.
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Copra, tome 2

Prise d'autonomie

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Ce tome fait suite à Copra, tome 1 (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2013/2014, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Michel Fiffe.



Dans le quartier général de Copra, Sonia Stone est en train de mouiller un linge pour l'appliquer sur son oeil au beurre noir. Elle contemple son visage tuméfié dans le miroir au-dessus du lavabo. Elle noue le linge autour de son front, pour faire tenir le pansement sur son oeil. Puis elle se dirige vers le lit où se trouve le reste de ses vêtements, et finit de s'habiller. En son for intérieur, elle repense à la formation de l'équipe clandestine Copra, au fait qu'elle ait perduré plus longtemps que prévu, au fait que ces membres soient des repris de justice sacrifiables, au fait que Vitas soit mort. Lloyd frappe à la porte et entre. Il vient demander quand Benny est incinéré. de son côté, comte Compota est en train de méditer, mais la douleur à sa blessure au ventre le rappelle à la réalité. Il est rejoint sur le balcon par Gracie Kriegeskotte qui vient papoter un peu. Puis elle lui indique qu'elle va aller faire un petit somme, et qu'il est le bienvenu pour la cérémonie dans une demi-heure. Guthie est en train de dormir dans son lit, quand elle est réveillée par une force spectrale qui essaye de s'introduire en elle autour de son globe oculaire gauche. Elle se réveille et constate que Patrick Dale est à ses côtés, en train d'écouter de la musique sur son téléphone. Elle échange quelques mots avec lui, et il lui tend une oreillette pour qu'ils écoutent ensemble. Rax tourne comme un lion en cage dans sa chambre. Quand il voit passer Sonia Stone dans le couloir, il se précipite vers elle pour savoir quand elle va tenir parole. Elle lui parle sèchement car elle a d'autres chats à fouetter.



Sonia Stone monte à l'étage et passe devant Vincent et Xenia qui sont attablés. Elle arrive dans la chambre de Francis Castillo qui est assis sur le rebord de son lit. Elle lui indique que ça va être à lui de présider la cérémonie. Enfin, elle entre dans la chambre de Boomer, allongé, en train de gémir de douleur. Lui aussi, elle le remet à sa place, cette fois-ci en faisant usage de la force. Une fois la cérémonie passée, Sonia Stone donne son feu vert pour la mission consistant à ramener les morceaux de l'artefact dans sa dimension d'origine, permettant ainsi à Rax de rallier ladite dimension. Bien évidemment rien n'est simple, et rien ne se passe comme prévu. Une fois téléportée entre les dimensions, l'équipe Copra tombe dans un guet-apens, tendu par Dydy et son homme de main Kilgore. le combat s'engage. Pendant ce temps-là, Vincent est resté entre les dimensions pour maintenir le passage de retour, et il est lui aussi attaqué, mais par des spectres divers et variés. Rax parvient à neutraliser Kilgore, mais il est frappé par un rayon émis par Dydy. Il se retrouve à terre, et son opposant en profite pour prendre la poudre d'escampette.



Pas sûr que le lecteur ait été très motivé pour revenir pour ce tome deux, du fait de certaines caractéristiques fleurant bon l'amateurisme dans le premier tome. Néanmoins cet hommage à l'équipe Suicide Squad version John Ostrander & Luke McDonnell libérait des saveurs assez particulières pour rester en bouche et donner envie d'un deuxième service. Dès le début de sa lecture, le lecteur relève les mêmes caractéristiques évoquant l'amateurisme et le fait en autodidacte. Ça commence avec l'irrégularité du lettrage. Il donne l'impression d'avoir été réalisé par une personne capable de tracer des traits horizontaux pour assurer le bon alignement des lettres, mais incapable de reproduire la même forme avec une régularité suffisante. Cela donne parfois des mots aux lettres un peu trop tassées, rendant difficile le déchiffrage. Toujours dès la première page, la qualité de la représentation des décors est très fluctuante, souvent avec une approche simpliste et naïve. Ainsi pour la représentation de la chambre de Sonia Stone, le lecteur a doit à un lavabo avec des robinets réalistes, puis à un entrelacs très fantaisiste de tuyauterie pendant du plafond, à des murs nus, à une chaise à la forme simpliste, à un lit un peu plus crédible. Tout du long de ces épisodes, il éprouve cette sensation de perspective construite de manière maladroite et basique, de fonds de case très souvent vides, de représentations parfois enfantines.



Cette sensation de dessinateur au savoir-faire peu développé se retrouve dans d'autres éléments : en page 2 & 3, un ennemi tire des mini-fusées d'un canon portatif, et le diamètre des deux projectiles est trop gros pour qu'ils aient pu passer par le canon. Certaines expressions de visages sont maladroites, voire malmènent un peu les proportions d'un crâne humain. Dans le même temps, la narration visuelle reste lisible et parfois agréablement surprenante. de temps à autre, Fiffe décrit un environnement dans le détail, ou bien parvient à en créer un très original : le tapis amenant le corps dans le four crématoire, les matières ectoplasmiques de la dimension dans laquelle se trouve Vincent, le dessin en double page montrant une vue du dessus des gratte-ciels au-dessus desquels Rax se trouve emporté, le salon spacieux d'une demeure luxueuse, le bar dans lequel Lloyd Weber et Boomer vont prendre un verre. En outre, le lecteur se rend compte qu'au-delà de décors parfois simpliste ou inexistant, l'artiste fait preuve d'une belle inventivité pour ses mises en page, en particulier pour sortir de l'enchaînement de cases rectangulaires, pour des dispositions plus sophistiquées, accompagnant et accentuant les mouvements et les déplacements. Il remarque régulièrement que l'usage des superpouvoirs pendant les combats physiques donne également lieu à des expérimentations heureuses à l'encre, ou avec les couleurs.



Sans nul doute, la qualité de la narration visuelle a augmenté depuis le premier tome, même si elle présente des caractéristiques parfois naïves ou peu professionnelles. le lecteur ne sait trop qu'en penser : une volonté de sciemment donner une apparence bricolée, ou une volonté impressionnante de réaliser un comics par soi-même en palliant ses limites techniques de dessinateur par une inventivité remarquable. Il retrouve cette même interrogation dans l'utilisation transparente de superhéros et supercriminels de l'univers partagé DC et de celui de Marvel. Lloyd Weber reste un décalque de Deadshot (Floyd Lawton), Count Compota de Count Vertigo, Rax de Rac Shade, Vincent de Stephen Strange, Xenia de Clea, Francis Castillo de Frank Castle (Punisher), et Boomer de Boomerang (George Harkness). L'avantage d'utiliser des décalques réside dans le fait que l'auteur peut ainsi s'en servir comme des béquilles, avoir des personnages prêts à l'emploi et déjà consistants, sans avoir à consacrer tout son premier tome à les présenter et les étoffer. L'inconvénient apparaît dans le goût de prémâché, d'ersatz, de produit dérivatif. Cette sensation perdure dans le premier épisode de ce deuxième tome car l'auteur rappelle qui est qui, faisant remonter à la surface les éléments empruntés sans vergogne à DC et, dans une moindre mesure, à Marvel. le lecteur se dit : ah oui, ces personnages-là, ou pire il ne dispose pas de ces références et se demande pourquoi ces personnages ont des histoires personnelles qui semblent à la fois trop alambiquées, à la fois artificielles et sortir de nulle part.



Le sentiment perdure pendant la première partie du deuxième épisode qui rappelle le retour de Rac Shade dans sa propre dimension. Puis il s'estompe progressivement, d'abord avec l'ennemi original dans l'épisode 3, puis avec la mission confiée à Lloyd Weber, accompagné par Boomer. D'un côté, Fiffe reste dans le cadre des aventures de la Suicide Squad d'Ostrander & McDonnell ; de l'autre côté, il s'aventure en dehors des histoires qu'ils ont pu raconter, et commence à mieux mettre à profit le caractère de ses personnages. Lloyd reste très proche de Floyd Lawton, mais Boomer apparaît plus complexe que George Harkness (Captain Boomerang), avec en particulier un complexe d'infériorité qui se manifeste de manière vicieuse. le lecteur se rend compte qu'il apprécier l'intrigue pour elle-même, plutôt que comme une variation du comics originel. Son ressenti rebascule de l'autre côté quand Sonia Stone s'en prend à son supérieur hiérarchique avec un aplomb aussi impressionnant que son bluff, dans une situation tendue qui dégénère bien évidemment. Tout du long, l'auteur donne accès aux pensées de Sonia Stone, alternativement avec celles de Lloyd, pour une autre forme de sentiment d'infériorité, teinté de résignation, mêlé avec une forme de confiance en soi qui leur permet de manipuler d'autres personnes, ou de les considérer comme ayant moins de valeur qu'eux. Les émotions du lecteur alternent entre la compassion, une admiration à contre coeur, et une réelle répulsion.



Le lecteur aborde ce deuxième tome avec plus ou moins d'entrain, selon qu'il est très friand de ce comics original, ou qu'il y voit plus un ersatz de Suicide Squad avec des dessins malhabiles. Les deux premiers épisodes le confortent dans son avis initial. La suite fait évoluer son ressenti : Michel Fiffe gagne en confiance, à défaut de gagner en technique de dessin. Il ose s'éloigner du modèle initial pour des aventures plus originales. Il sait mieux diriger ses acteurs pour que leur personnalité s'exprime plus, sans tomber dans un cynisme de façade.
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Copra, tome 1

Dérivatif et pur

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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2012/2013, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Michel Fiffe. Il a également réalisé le lettrage. La série a bénéficié d'une réédition en recueils par Image Comics.



Quelque part dans une petite ville fermière des États-Unis, une équipe d'individus dotés de superpouvoirs prend en charge un colis remis par le cousin du chef de l'équipe : un objet bien embêtant. L'équipe s'appelle Copra et elle est composée de Sniper, Brawler, Wir, Guthie, Lite, Gracie Kriegeskotte, et de leur chef Man-Head (Benicio Sandoval). Ils repartent en fourgon, à l'intérieur duquel la tête transpercée d'un artefact en forme d'éclair est placée sous une cloche avec un appareillage électronique évitant toute émission d'énergie. Les membres discutent entre eux, pendant que Marty conduit, Man-Head occupant le siège passager. Soudain une masse semble tomber du ciel au beau milieu de la route : il s'agit de Tiro. Marty a freiné pour éviter la collision : Vitas se trouve sur le toit du véhicule et il transperce le conducteur avec sa longue épée. Un soldat tient Man-Head en joue avec un lance-flamme. Le véhicule étant arrêté, les membres de l'équipe décident que l'un d'entre eux doit sortir pour voir ce qui se passe. C'est Lite qui s'y colle et il est immédiatement attaqué par Thana qui manie une lame aiguisée. Elle est accueillie par Gracie qui la cueille en plein saut. Burl enlève sa prothèse de main et découvre un canon dans son avant-bras : il fait feu sur Gracie. Wir s'élance comme un malade sur Burl, pendant que Guthie sort l'arme au poing. Man-Head neutralise celui qui le tenait en joue, et un combat généralisé s'engage. Finalement, Vitas parvient à s'introduire à l'arrière du véhicule, à tuer Sniper & Brawler, et à s'emparer du crâne transpercé par l'éclair. Mission accomplie.



Vitas ressort du véhicule et fait signe à ses quatre acolytes qu'il est temps de partir. Une dernière chose : il reste un peu de vie dans la tête et elle veut quelque chose. Vitas la tourne vers la ville et une décharge d'énergie se produit depuis l'éclair vers la ville : celle-ci est la proie d'un incendie généralisée et est détruite. Le crâne se désagrège et le morceau de métal en forme d'éclair continue d'émettre des radiations d'énergie. Man-Head constate la destruction de la ville et commence à s'élancer vers elle. Mais il est saisi au col par Wir qui parvient encore à prendre Gracie et Guthie avec lui et à s'envoler le plus loin possible pendant qu'il se produit une énorme explosion à l'endroit où ils se tenaient. Sonia Stone conduit sa voiture de nuit et se rend à une église. Elle y pénètre et retrouve ce qu'il reste de l'équipe Copra dans ce lieu qui leur sert de base. Elle exige un compte-rendu de la mission qui a tourné au fiasco, et qui de surcroît n'avait pas été autorisée. Benicio Sandoval se lance : l'appel de son cousin qui avait découvert qu'un fermier du coin s'était livré à un rituel de sorcellerie qui avait mal tourné.



Michel Fiffe a une trentaine d'années quand il entame cette série qu'il autopublie, et réalise entièrement tout seul. Le lecteur ne sait pas trop comment réagir face à ce qu'il découvre : une tripotée de personnages exotiques, n'existant que par leur superpouvoir et les couleurs de leur costume, une narration visuelle avec des dessins sortant de l'ordinaire de ceux des superhéros, une intrigue qui ne fait jamais de pause, et comme un air de déjà-vu. Qu'il soit un grand connaisseur des comics DC ou Marvel, ou pas, le lecteur se dit qu'il y a comme un air de connu. Des individus dotés de superpouvoirs, majoritairement des criminels, une cheffe pas commode, des missions à haut risque dont il est quasi certains que tous ne reviendront pas vivants… Bon sang, mais c'est bien sûr ! Suicide Squad ! Il identifie d'ailleurs sans peine Deadshot (Floyd Lawton) personnage créé en 1950 par David Vern Reed, Lew Schwartz et Bob Kane. Il se rend compte que le personnage de Vin est également un décalque très proche de Doctor Strange, que Castillo est Punisher (Frank Castle). L'artiste ne représente pas des personnages évoquant de loin le costume ou les pouvoirs des originaux : ils sont quasiment identiques. Sous réserve qu'il connaisse l'itération des années 1980 de l'Escadron du Suicide, le lecteur reconnaît facilement d'autres personnages : Rax pour Rac Shade (personnage créé par Steve Ditko en 1977), Comte Compota pour Comte Vertigo, et bien sûr Sonia Stone pour Amanda Waller (personnage créé en 1986 par John Ostrander, Len Wein et John Byrne). Avec l'arrivée de cette dernière dans l'église, le doute n'est plus permis : Michel Fiffe réalise un hommage direct et premier degré à la version de Suicide Squad (1987) par John Ostrander & Luke McDonnell. C'en est même troublant que les avocats de DC Comics ne lui soient pas tombés sur le râble tellement il reprend les mêmes concepts et certains costumes à l'identique.



Le lecteur en déduit que l'auteur a considéré la version de Suicide Squad de 1987 comme un genre à part entière, et qu'il a décidé de réaliser une histoire en mettant en œuvre les conventions associées, qui définissent ce genre. Le lecteur retrouve donc ce goût de mission impossible, d'agents pouvant y rester, de déroulement partant en vrille du fait d'imprévus. Il ne manque à l'appel que les mésententes entre les membres de l'équipe, pouvant aller jusqu'à la trahison sur le champ de bataille. Le scénariste tente bien de temps à autre d'ajouter une petite touche de personnalisation : la jeunesse de Patrick Dale pas forcément encore à l'âge adulte, la perte des siens par Benicio Sandoval, la liaison qu'il avait avec Sonia Stone, et quelques autres. Mais tout cela n'a pas grande incidence sur le déroulement des événements, leur étrangeté et le risque d'y laisser sa peau. Tout commence avec un mystérieux artefact magique, puis avec la soif de pouvoir du supercriminel Vitas qui fut autrefois un membre de Copra. Il faut l'arrêter coûte que coûte, soit pour se venger de la destruction de la ville et de la famille de Sandoval, soit pour éviter qu'il ne provoque une catastrophe encore plus grande, soit pour mériter son salaire, ou peut-être sa réduction de peine, encore que Fiffe n'expose pas trop ce dernier point.



En regardant la couverture, le lecteur identifie donc sans peine le costume de Deadshot, celui de Bronze Tiger, et la veste M de Rach Shade. Il peut être un peu surpris par l'absence de décor en arrière-plan, mais cela fait mieux ressortir les personnages, et par la variété des épaisseurs des traits de contour, sans raison apparente. Pour une raison inexpliquée, l'artiste a fait le choix d'un papier légèrement jauni, parfois d'un léger marron, peut-être un clin d'œil au papier journal bon marché des années 1980, comme s'il s'agissait d'un comics de cette époque ayant subi le passage du temps, une volonté de faire vintage, ou de faire bon marché. Il retrouve dans les dessins de la première page, cette étrange hétérogénéité dans les traits de contours, en épaisseur et en netteté. Il comprend que cela peut faire ressortir comme une sorte de fourrure pour le costume de Man-Head, mais pour le reste ? Mystère. Il remarque également que la morphologie des uns ou des autres semble mal assurée par endroit. Il note comme une forme de naïveté dans la narration visuelle, que ce soient les décors, les accessoires, ou certaines postures. À nouveau il peut y voir au choix un parti pris esthétique fait sciemment pour évoquer des comics plus artisanaux, ou une limite de l'artiste.



Le lecteur est vite happé par le tourbillon d'aventures échevelées, et il en oublie de s'attarder sur la structure de l'intrigue ou sur les caractéristiques des dessins. De temps à autre, il sent son regard s'attarder sur une case, au contraire parce qu'elle apparaît singulière, plus marquante. C'est le cas par exemple pour le costume de Gracie, pour l'apparence de Vitas qui semble tout droit sorti des ennemis de la Doom Patrol de Grant Morrison, de l'explosion qui détruit la ville, de la séquence où Vin jette un sort avec Xenia pour sonder l'artefact en forme d'éclair, de Gracie en train de sauter d'un immeuble à un autre dans une pose évoquant Miho dans Sin City de Frank Miller, ou d'un combat bien chorégraphié. Si tant est qu'il s'agisse de limitations artistiques qui rendent certaines cases ou certaines proportions un peu gauches, l'artiste fait mieux que compenser avec une maîtrise remarquable des conventions visuelles des comics de superhéros, introduisant ainsi une variété de plans, et chacun remarquablement adapté à l'action en train de se dérouler. De la même manière, l'intrigue semble parfois sauter dans une nouvelle situation sans avoir pris le temps d'acter les conséquences de ce qui vient de se produire, de prendre connaissance des répercussions. Là encore, l'auteur fait plus que compenser par son inventivité et le rythme du récit. Dans le texte de postface, il explique que Walt Simonson lui a exposé le principe de briser la barrière Kirby : produire les pages rapidement, sans jamais se retourner, sans jamais revenir en arrière pour en modifier une. Cela peut expliquer pourquoi le récit fonctionne parfois sur le principe de la fuite en avant, sans s'appesantir sur les événements passés.



Voilà un premier tome bien étrange, pour une série très originale. Michel Fiffe réalise un hommage transparent et entièrement assumé à la version de 1987 de Suicide Squad par Ostrander & McDonnell, en ajoutant quelques personnages comme bon lui semble, au travers d'une narration visuelle parfois mal assurée, ce qui en apparence peu donner l'impression d'un récit amateur (fan fiction). Mais dans le même temps, il crée une œuvre résolument originale qui n'appartient qu'à lui, une sorte de récit de superhéros conceptuel, entièrement tourné vers l'action, les hauts faits et le spectaculaire, sans contrainte de plausibilité ou même de structure narrative trop rigide, ce qui peut s'avérer parfois un peu décontenançant.
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Copra, tome 1

Attention ça déménage ! Michel Fiffe dans cet album réinvente le comics. Et c'est délirant, crade et très très drôle. Les dessins ne sont pas lisses, ce que j'ai apprécié. J'ai également, et bizarrement, adoré l'absurdité des dialogues. Copra, c'est une bande d'individus dangereux et hostiles, réunis pour aider le gouvernement. Ils s'auto-décrivent comme "le courroux divin perpétré par des assassins minables". A la fin de cet album, l'auteur explique avoir écrit le tome 2, et sans doute aussi le tome 1, selon une méthode qui consiste à "ne pas se laisser paralyser par ses exigences, ni parfaire ses dessins au point de les rendre exsangues. Il s'agit de comprendre le principe d'une date de rendu et de travailler dans cette limitation en avançant vite mais avec régularité et sans jamais rien bâcler". A la lecture, on ressent vraiment cette méthode qu'il appelle "Franchir le mur de Kirby" car l'histoire avance tambour battant, et semble s'inspirer seulement de l'intention du moment, tandis que le groupe est pris dans l'engrenage d'une trahison au cours d'une opération clandestine. 
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Bloodstrike: Brutalists

Ce tome peut se lire indépendamment de l'historique des membres de l'équipe Bloodstrike, mais il gagne en sens pour les lecteurs disposant d'une idée de ce que fut ce titre. Il comprend les épisodes 0, 23 et 24, initialement parus en 2018, écrits, dessinés et encrés par Miche Fiffe qui a également réalisé la mise en couleurs et le lettrage. Il met en scène des personnages créés par Rob Liefeld en 1993. Le tome se termine avec une postface de 2 pages écrite par Michel Fiffe, une page d'annotations établissant les liens avec la série initiale, une histoire de 7 pages de comics sur le recrutement de Chapel (réalisée par Paul Maybury), un récit de 3 pages mettant en scène Lethal (réalisé par Chuck Forsman, et des fausses couvertures réalisées par Ed Piskor, Benjamin Marra, Giannis Milonogiannis, Buster Moooy, Andrew MacLean, Matthew Allison, Zack Soto, Rob Liefeld, Dan Fraga (*3).



En février 1988, l'équipe Bloodstrike est en plein combat contre une phalange de la Confrérie de l'Homme (Brotherhood of Man). Elle se compose de Cabbot, Fourplay et Shogun. Ces deux derniers meurent sur le champ de bataille. Cabbot ramène leur corps au projet Born Again. En octobre 1988, à Baltimore, John Locke voit surgir 3 individus armés en costard noir chez lui. Il meurt d'une crise cardiaque. Pour se débarrasser de son corps, les hommes en noir le confient au projet Born Again. Par manque de moyens, les médecins responsables du projet utilisent le corps de John Locke faute de mieux pour en faire Deadlock. Juin 1989, John Locke réussit à s'évader pour quelques heures du projet Born Again occasionnant un carnage sur quelques civils. Octobre 1989, Deadlock fait partie d'une mission de Bloodstrike à l'extérieur. Ils se font massacrer par Youngblood sous forme de trio (Diehard, Chapel et Vogue).



Épisode 23 - Aux environs de Los Angeles, Tag (une des membres de Bloodstrike) s'ennuie un peu entre 2 missions et profite du temps pour fréquenter les bars pour lever un mec. Sa dernière conquête se rend compte qu'il a contracté une étrange maladie de peau, et il retourne au bar pour essayer de retrouver cette poulette peu saine. De son côté, le détective privé Heaton enquête sur des cadavres de femmes retrouvé en Virginie rurale, sans bras ou sans yeux. Pour ces 3 individus, leurs recherches les conduit à un établissement appelé Dents Noires. Épisode 24 - l'individu appelé Bloodstrike a dû faire demi-tour vers la base sous-marine qu'il vient de quitter pour aller récupérer les corps de ses camarades (Shogun, Fourplay, Deadlock et Tag) qui ont trouvé la mort dans la mission qu'ils viennent d'accomplir. Alors qu'il se tient devant ce qu'il reste d'eux, il est attaqué par un Katellan. Avant qu'il ne puisse se défendre et riposter, il survient un événement étrange, même pour lui. Histoire supplémentaire 1 - Chapel est recruté par Battlestone pour être intégré dans l'équipe de Youngblood. Histoire supplémentaire 2 - Lethal décide d'adopter un enfant (Franky) après l'avoir sauvé des griffes d'un tueur.



Ce tome n'est pas pour tout le monde ; il est à réserver à des lecteurs avertis, à bien des égards. En le feuilletant rapidement le lecteur se rend compte que les dessins dégagent une apparence marquée d'amateurisme, avec des contours en traits fins contredisant la force des coups des portés, des décors en carton-pâte, des acteurs qui jouent mal et des costumes de superhéros outrageux, même pour des supercriminels. Dans la postface, Michel Fiffe explique qu'il rend hommage à l'une des créations de Rob Liefeld, et d'une manière plus générale aux personnages qu'il a créés lors du démarrage de l'éditeur Image Comics. En 1992, les 7 créateurs qui vendent le plus chez Marvel décident de quitter l'éditeur et de s'installer à leur compte en formant Image Comics : Todd McFarlane, Jim Lee, Whilce Portacio, Marc Silvestri, Erik Larsen, Jim Valentino et Rob Liefeld. Le premier comics à paraître est le numéro 1 de la série Youngblood réalisé par Liefeld, réédité dans Youngblood. À la suite de quoi, Liefeld s'empresse de reproduire le modèle de salariés de Marvel, en créant des personnages et en les confiant à d'autres créateurs payés comme de la main d'œuvre, Extreme Studios publiant des séries comme : Avengelyne, Badrock, Bloodstrike, Bloodpool, Brigade, Team Youngblood, Youngblood Strikefile, Supreme, Glory ou Prophet.



Comme le dit Michel Fiffe, il est facile de se moquer de ces comics au scénario lacunaire et riquiqui et aux dessins tout en poses avantageuses et à la technique elle aussi lacunaire. Mais pour les adolescents de 1992, Rob Liefeld proposait une alternative aux superhéros trop institutionnels de DC et Marvel, avec des individus à l'énergie inépuisable, violents, et refusant tout compromis. Il se souvient également de l'apport de Keith Giffen en tant que scénariste sur la série Bloodstrike, car il avait insufflé un semblant de consistance aux personnages, sans rien perdre de leur immédiateté. Enfin, il explique l'étrange numérotation, venant combler les trous de la série initiale. Ses 3 épisodes s'insèrent ainsi dans la continuité, avant a reprise de la série en 2012 par Tim Seeley & Francesco Gaston dans Bloodstrike Volume 1: Reborn Under a Bad Sign (épisodes 26 à 30).



Michel Fiffe réalise donc un hommage à cette énergie de Rob Liefeld, avec un exercice de continuité de haute volée. Bien sûr, cette dernière dimension ne parle qu'aux lecteurs ayant apprécié la série initiale. L'auteur conserve intact le principe de la série : des superhéros à la moralité aux abonnés absents, des individus qui forment un groupe paramilitaire et qui tirent sur tout ce qui se bougent, des individus morts et ramenés à la vie, qui peuvent mourir sur le champ de bataille et qui seront ramenés à la vie ensuite indépendamment de leur volonté. Au-delà de l'exercice de continuité, admirable pour un fan, mais vain pour un lecteur de passage ou qui ne s'est pas investi dans les histoires de 1993, le lecteur plonge dans des histoires éprouvantes. Il lui faut de la patience pour comprendre les enjeux et pour apprécier la démarche de l'auteur. Il commence par être décontenancé par l'amateurisme apparent. Le lettrage est parfaitement lisible, mais très irrégulier. La mise en couleur fait bien ressortir chaque élément par rapport aux autres, mais avec des choix de couleurs erratiques. Les dessins donnent l'impression de changer de registre d'une page à l'autre, et de malmener la morphologie de plusieurs personnages. De ce point de vue, l'hommage aux productions Extreme Studios dépasse la réalité, jusqu'à pouvoir paraître plus moqueuse que louangeuse.



Au fil des séquences, le lecteur constate que Michel Fiffe sait dessiner ses personnages comme des superhéros Marvel le temps d'une case. Quand il observe les croquis des couvertures, il voit des compositions bien construites. De temps à autre, il tombe sur une page impressionnante : Deadlock en train de massacrer des innocents dans l'épisode 0, Tag découvrant les victimes du tueur dans l'épisode 23, le cadavre de Deadlock luttant contre ses blessures pour accomplir une dernière action dans l'épisode 24. Il en déduit que Michel Fiffe dispose des compétences techniques pour réaliser des dessins moins marqués par un manque de cohérence d'une case à l'autre, et qu'il a choisi ce mode de représentation pour rendre compte de l'énergie juvénile déployée par Rob Liefeld dans ses propres comics. Il a la confirmation de cette intuition s'il prend du recul pour voir considérer la narration visuelle sur le plan du découpage et des prises de vue, car elle atteste d'une construction élaborée.



Michel Fiffe a donc réalisé un hommage avec une forme naïve pour restituer son impression de lecture à la découverte des épisodes de la série initiale. Chaque épisode est centré sur un personnage (Cabbot pour le 0, puis Tag pour le 23, et à nouveau Cabbot pour le 24), ce qui permet de raconter une histoire en 1 épisode. Dans le numéro 0, l'auteur montre comment l'organisation gouvernementale du Projet Born Again a pu en venir à accepter d'intégrer un individu aussi instable que Deadlock, comment il est traité comme un simple cobaye sans son mot à dire sur ce qui lui arrive. Les 2 scientifiques effectuent même un commentaire indiquant qu'ils doivent rendre leur projet à temps quitte à prendre des risques inconsidérés. Le deuxième épisode montre Tag effectuant une enquête sur une série de tortures et de meurtres abjects, découvrant comment le gouvernement couvre l'affaire pour des raisons d'argent. Mais dans le même temps, son propre compas moral est fortement faussé et elle n'hésite pas à exercer une vengeance terrible. En caricaturant la violence et en privilégiant l'action sur la réflexion, Fiffe dépeint des individus réagissant sur la base de leurs émotions, oublieux des conséquences, et redressant les torts en tuant sommairement. Ce recueil mérite bien son titre de Brutalists, et joue avec les conventions des récits de Rob Liefeld qui écrivait souvent au gré de l'inspiration, sans plan préétabli. Le lecteur reste déstabilisé parce que dans la réalité les exactions commises par les institutions ou les multinationales ne sont pas si éloignées que ça de ce qui est montré comme étant à fond dans l'exagération. Le troisième épisode enfonce le clou sur l'utilisation d'êtres vivants (même s'ils sont déjà morts plusieurs fois) comme des cobayes dénués de libre arbitre, tout en mettant en scène l'instinct de vie comme plus fort que la pulsion de mort. Les 2 histoires courtes participent de la même approche outrancière, tout en conservant une touche d'humanité chez Chapel et Lethal qui restent les produits de la société et des circonstances dans lesquelles ils ont grandi.



Ce recueil est à réserver soit aux fans de Michel Fiffe, soit aux lecteurs étant tombé sous le charme dégénéré de la première version de l'équipe Bloodstrike, tellement outrancière qu'elle en devenait surréaliste. Pour ceux-là, ces épisodes offrent une lecture sortant de l'ordinaire, jouant sur les conventions de l'ultra-violence, tout en insufflant une forme de personnalité à des coquilles vides de tout sens. 4 étoiles pour des récits qui ne se suffisent pas à eux-mêmes.
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Panorama

À la croisée des chemins entre histoire de super-héros (à grands pouvoirs, grands bouleversements), BD alternative sur la quête de repères de jeunes adultes et délire body-horror que ne renierait pas une frange du manga, Panorama se forge page après page son identité propre. Barrée, imprévisible, gore mais attachante. Caustique, un peu nihiliste par moments, mais aussi très drôle dans sa propension à ne jamais faire dans la demi-mesure, et par ses clins d’oeil au vaudeville et à la romance.
Lien : http://www.bodoi.info/panora..
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Copra, tome 3

Copra est certainement l'une des séries les plus intéressantes du moment, de par ses multiples intrigues, le travail de fond sur le background de chacun, mais aussi par la grande richesse graphique de Fiffe lui même qui fait preuve d'une très grande audace dans ses constructions de page, sa gestion des bulles de textes, ses cadrages… Une très grande maîtrise de la narration.


Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Copra, tome 2

Le trait fait partie intégrante du style Fiffe, cette impression d'encre poussiéreuse ajoute une touche étrange à l'ensemble et je dois bien dire que c'est absolument magnifique !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Panorama

Copra est un album exigeant mais qui par ses qualités innombrables s’impose comme un vrai chef-d’œuvre. Des maîtres du comics comme Brian Michael Bendis ne s’y trompent pas. Cité en exergue du bouquin, on découvre en quelques phrases élogieuses tout le bien qu’il pense de Michel Fiffe, et les fans du genre seraient bien inspirés de lui laisser un chance malgré son âpreté apparente.
Lien : https://www.actuabd.com/Copr..
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Panorama

L’Américain Michel Fiffe, auteur indé de la série “Copra”, compose dans “Panorama” une histoire d’amour empruntant au fantastique. Quand les sentiments provoquent d’ahurissantes mutations…
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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Panorama

Il y aurait peut-être besoin de décrypter des éléments deçi delà, mais j'aurais plutôt envie de conseiller de se laisser porter par ces atmosphères, à la découverte d'un artiste qui n'a pas fini de faire parler de lui (bientôt chez Delirium d'ailleurs) ! Une curiosité intrigante qui donne envie d'en lire davantage !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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