La vraie révolution c'est quand tu comprends enfin les choses, quand tu agis non pas pour changer les choses, mais parce que tu ne peux plus faire autrement.
Noah le sentait, le pressentait, l’histoire qu’ils raconteraient, celle que certains avaient déjà commencé à narrer avant même d’avoir la plus petite vétille tangible, serait complètement artificielle. Elle se construirait à travers une mosaïque de représentations, qui définiraient au final, un être hybride, n’ayant jamais existé, qui ne serait qu’un amalgame de fantasmes en vogue, agrémenté d’un soupçon de réalité factuelle. On alimentait l’audimat. On lui bourrait la gueule jusqu’à la nausée avec un flot d’informations qui ne s’arrêtait plus, qui ne s’arrêterait plus jamais. Les médias occupaient le temps d’antenne comme on occupe un pays, de force, sans commisération et sans projet d’armistice. Pour ces ogres insatiables, la jeunesse ne faisait pas recette très longtemps, sauf quand elle mourait. Sur les ondes, les jeunes pleins de vie étaient oisifs, sans avenir, alors qu’un jeune, mort, se transfigurait en une âme magnifique privée d’un destin inouï.