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4.33/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Michel Habart est un français anticolonialiste qui publié en 1961 aux Editions de Minuit "Histoire d'un parjure" qui provoqua une violente polémique sur l'état de l'Algérie en 1830 et les débuts de la conquête par la France.

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Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Histoire d'un Parjure" de Michel Habart aux Editions Héritage.


Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les témoignages sont formels. En 1830, tous les Algériens savaient lire, écrire et compter, « et la plupart des vainqueurs, ajoute la commission de 1833, avaient moins d’instruction que les vaincus ». Les Algériens sont beaucoup plus cultivés qu’on ne croit, note Campbell en 1835. A notre arrivée, il y avait plus de cent écoles primaires à Alger, 86 à Constantine, 50 à Tlemcen. Alger et Constantine avaient chacune six à sept collèges secondaires, et l’Algérie était dotée de dix zaouia (universités). Chaque village ou groupe d’habitants avait son école. Notre occupation leur porta un coup irréparable. Du moins, les avions-nous remplacées ? Mgr Dupuch nous répond, en déplorant qu’en 1840 il n’ait trouvé que deux ou trois instituteurs pour toute la province d’Alger. En 1880, on ne trouvait encore que treize (je dis bien treize) écoles franco-arabes pour toute l’Algérie. « Nous avons, dit notre grand orientaliste George Marcais, gaspillé l’héritage musulman à plaisir. »

Telle était la barbarie de ces barbaresques. Certes, les mœurs parfois frustes d’un peuple resté à l’écart, certains traits orientaux, le comportement expéditif de leur administration, leurs routines, leur indifférence au confort, leurs superstitions, leur pointilleuse dévotion choquaient nos sensibilités occidentales. Mais l’Algérie avait sa culture. Cet héritage méritait d’être préservé. « Le propre d’une civilisation n’est-il pas de savoir en accepter une autre sans la détruire ? » demandait Hamdan. En fait, ce fut une véritable extermination culturelle.

La commission d’enquête met ici les points sur les i : « Nous apportions à ces peuples les bienfaits de la civilisation, et de nos mains s’échappaient les turpitudes d’un ordre social usé. Nous avons débordé en barbarie les Barbares qu’on venait civiliser. » La discipline turque leur apparut sous nos pouvoirs comme une nostalgique oasis. Rovigo est aussi brutal : « Notre seule supériorité sur eux, c’est notre artillerie, et ils le savent. Ils ont plus d’esprit et de sens que les Européens, et on trouvera un jour d’immenses ressources chez ces gens-là, qui savent ce qu’ils ont été et qui se croient destinés à jouer un rôle ». « Ce qu’il faut, dit Tocqueville, c’est donner des livres à ce peuple curieux et intelligent. Ils savent tous lire. Et ils ont cette finesse et cette aptitude à comprendre qui les rend si supérieurs à nos paysans de France. » (pp. 137-139)
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On tente encore de faire de l’Algérie une ancienne colonie turque. Mais le doulatli et l’odjak algériens, depuis le début du XVIIIe siècle, ne dépendaient pas plus de la Porte que l’empereur germanique ne dépendait du pape. Le doulatli était partout reconnu comme souverain. En réalité, les Turcs étaient les « portiers » de l’Algérie – et les moins coûteux qu’il se pût trouver. On oublie trop que les Algériens, voisins des Espagnols, furent pendant des siècles obsédés par l’angoisse de subir le sort des Guanches et des Caraïbes. Ximenes, le cardinal d’Espagne, leur en avait donné un avant-goût en 1509, lors de la prise d’Oran : il y fit brûler et égorger les Maures par milliers, pendant qu’il se recueillait en son oratoire, remerciant le Seigneur des Armées de ce triomphe de la Croix sur le Croissant. Le célèbre Cortez, l’ange exterminateur des Indiens d’Amérique, était un des chefs de l’armée d’invasion que Charles Quint lança contre Alger trente ans plus tard. C’est pour ce se protéger contre cette effroyable menace que les Maures, qui n’avaient pas oublié les horreurs de la Reconquista, firent appel à la marine turque. Ils n’étaient pas marins et l’étendue de leurs côtes les ouvrait sans défense aux incursions maritimes.

En 1572, devant une nouvelle menace, ils demandèrent au roi de France Charles IX de les « recevoir en sa protection ». Charles IX décida de leur renvoyer son frère, le duc d’Anjou, et lui manda des instructions tout à fait pertinentes : « … qu’il ne leur soit fait aucun déplaisir en leurs mosquées et religieuses, ni en leurs personnes et biens. » Parlant du doulatli de l’époque, « il faut, ajoute-t-il, une fois la menace espagnole écartée, protester de lui rendre son pays » – et « le gracieusement traiter » pour pouvoir se retirer sans dommage, « dextrement »… « comme il est bien mal aisé qu’autrement il se puisse faire, vu l’insolence de l’homme de guerre français, lequel se rend insupportable en pays de conquête. » Finalement, les Algériens hésitèrent, les Turcs aussi. Le projet n’alla guère plus loin. Quelques mois plus tard, le duc d’Anjou poussait le roi au massacre de la Saint-Barthélémy, montrant que sa foi était tout aussi « ardente » que celle du cardinal d’Espagne. « Cette calamité du XVIe siècle », que les Algériens redoutaient tant de l’Espagne, devait, deux siècles et demi plus tard, leur venir de ceux que, jusque-là, ils tenaient pour leurs meilleurs amis parmi les Chrétiens, et qu’ils avaient sauvés de la famine aux temps de la République. (pp. 141-143)
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Les témoignages sont formels. En 1830, tous les Algériens savaient lire, écrire et compter, et la plupart des vainqueurs, ajoute la commission de 1833, avaient moins d'instructions que les vaincus.
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