silencieuse Isis debout dans sa barque sacrée me tendit la clé
sous la Lune immense les pleureuses nues ont émergé du Nil
plus tard le disque solaire aux ailes d’épervier
m’a montré les fleurs momifiées et les fresques ciselées
[…] le petit bateau s’est glissé comme un pétale
mes lèvres sont scellées
je ne puis plus boire tes philtres dans mes coupes d’ivoire
je ne puis plus crier dans les chambres de pierre
l’exorde est achevé
un corail semblable à une main ouverte doigts tendus
sort du sable comme un geste d’adieu
mer, viens happer le pauvre Arlequin illuminé
ma mer viens me happer, car j’en ai terminé
la farce de l’auguste
non ne me lèche pas les pieds sois gentille mer
je te fais allégeance
n’hésite pas
dans l’éternel ressac emporte-moi
un parfum d’éternité
j’invoquai l’éternité socratique
écoute le clown sacré au délire prophétique
fardé de craie blanche et ocre
dans les longs corridors de la douleur
vagabonds dans les miroirs cylindriques du Temps
êtres de la planète 61 de la Constellation du Cygne
je vous convie sur la Terre petite planète sublunaire
boule bleue méchante dérisoire et turgide
chaotique et désuète peuplée de primates anachroniques
qui se déchirent perplexes prétentieux et sarcastiques
j’aime les hérésies éphémères en robe de bure
sous les verrières gothiques
nourries de miel sauvage parmi les aloès et les armoises
et les anamorphoses des chandelles de cire
sur la châsse séculaire
oublierai-je les tempêtes et les larmes
celles qui ont fertilisé les champs inachevés
je suis un vieux clown qui meurt devant la mer
et j’ai encore beaucoup pleuré hier