AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Erik35


C'est le hasard et une bonne action qui ont conduit cette femme sophistiquée entre les murs lugubres du bureau du coroner pour identifier le cadavre d'un itinérant. Le barreau incite chaque année ses membres à accepter et à plaider sans honoraire une cause. Une forme de charité qui a l'avantage de donner accès à la justice à des gens qui n'en auraient pas les moyens. Surtout au tarif horaire exigé par Audrey. Cela permet en même temps à la profession d'avoir la conscience tranquille.
Audrey opte d'habitude pour des affaires qu'elle sait gagnées d'avance et qu'elle pourra mener rondement. Mais, cette fois, en lisant un article du Globe and mail de Toronto, elle est tombée sur une histoire qui l'a interpellée sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Le journal racontait comment, au début du XXè siècle, les jeunes Autochtones avaient été envoyés de force par le gouvernement canadien dans des établissements d'enseignement. Au lieu de les éduquer comme on l'avait promis aux parents, les pensionnats visaient plutôt à assimiler les enfants. Le journal expliquait ainsi que plus de cent cinquante mille membres des Premières Nations, Inuit et Métis avaient été arrachés à leurs familles, délibérément coupés de leur culture et soumis à une forme de lavage de cerveau. Dans ce que le Canada appelait les pensionnats autochtones, beaucoup d'enfants avaient subis des sévices, et des agressions sexuelles.
Comme bon nombre de ses compatriotes, Audrey ignorait jusque-là que, sur cent trente-neuf pensionnats ouverts au pays, douze l'avaient été au Québec. Comment un peuple qui lutte contre l'assimilation depuis trois cents ans a-t-il pu lui-même tenter d'en acculturer un autre ? L'idée lui avait parue d'autant plus choquante que les pensionnats étaient dirigés par le même clergé qui, dans le passé, s'était imposé contre l'intégration forcée des francophones. L'article mentionnait, et cela avait frappé la curiosité de l'avocate, qu'une entente avait été conclue entre Ottawa et les Autochtones à la suite d'un recours collectif. Elle prévoyait une indemnisation totale de 1.9 milliard de dollars pour les anciens pensionnaires. Mais le journal rapportait qu'un certain nombre d'entre eux ne réclamaient pas leur dû, comme s'ils avaient disparu dans la nature.
Commenter  J’apprécie          80





Ont apprécié cette citation (7)voir plus




{* *}