Michel Klen

À l'instar de Germaine Tillion, les grandes résistantes qui ont réussi à survivre à l'enfer des camps de la mort ont voulu apporter leur témoignage. Témoigner pour ne pas que l'Histoire oublie.

Non, la femme n'est pas un objet de défoulement sexuel pour l'homme. Elle n'est pas un bien de consommation dont le mâle conquérant peut user et abuser au gré de ses pulsions.

Durant le conflit, les femmes ont prouvé (et se sont prouvé) qu'elles étaient parfaitement capables de faire, elles aussi, ce que les hommes accomplissaient en temps de paix.

Les femmes travaillent dans maintes usines jusque-là réservées à la main-d'oeuvre masculine : fabrication de caillebotis pour les tranchées, ateliers de réparation de chaussures, fabrication de casques... Il n'y a pas que les usines qui se "féminisent". À Paris, tandis que le conflit s'éternise, on voit de plus en plus de conductrices de taxis et de tramways. La présence de femmes au volant ne choque plus. La gent féminine est aussi utilisée pour livrer le charbon et distribuer le courrier. Les mentalités sont obligées d'évoluer sous la pression des événements.

Est-ce qu'on détruit la nature aujourd'hui pour vivre maintenant ou est-ce qu'on la protège pour essayer de vivre demain ?

l'actrice Marlene Dietrich, qui aimait particulièrement revêtir la tenue masculine, débarque gare Saint-Lazare à Paris en pantalon et béret. On lui refuse l'accès au restaurent - le Caneton - . Motif invoqué : la star portait un vrai pantalon d'homme s'ouvrant sur le devant !
Pour une femme, une telle attitude était assimilé à un travestissement, une conduite interdite par la préfecture de police de Paris. En 1969, alors que les femmes s'étaient mises massivement en pantalon, la préfecture jugera quand même qu'il était encore trop tôt pour supprimer l'interdiction.
En fin de compte , l'abrogation de l'ordonnance interdisant aux femmes le port du pantalon sera décrétée en ... 2013 !!

C'est dans cette posture qu'elle va porter la loi sur l'interruption volontaire de grossesse.
Le sens du combat qu'elle va mener tient dans sa déclaration à la tribune de l'Assemblée nationale le 26 novembre 1974 : - Je m'excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d'homme : aucune femme ne recourt de gaité de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes -
Dans ce sujet de société hyper sensible, il est impératif de mettre un terme aux 350.000 avortements clandestins par an qui sont pratiques en France et qui se terminent souvent tragiquement 300 femmes meurent chaque année !
La loi Veil qui sera finalement adoptée 284 voix pou, 189 contre n'est en aucun cas une disposition législative ouvrant la voix a une vaste permissivité sexuelle, mais elle apporte une solution a un problème de santé publique.
Pendant les débats houleux à la Chambre, Simone Veil est confronté à un torrent de paroles haineuses.
Un député dénonce - une barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut.. par les nazi. - Un autre se demande si on allait jeter les bébés comme jadis - dans les fours crématoires.
La palme de l'ignominie revient à ce parlementaire centriste qui compare l'application de cette loi avec les médecins nazis qui pratiquent la torture et la vivisection humaine !
Devant son domicile parisien, des cris d'hostilité venimeuses sont lancés.

Elle reçoit des centaines de lettres ordurières. Son véhicule personnel est couvert de croix gammées !
Comment oser insulter une femme qui a vécu l'enfer des camps de concentration et dont une partie de sa famille a été victime de l'idéologie nazie !
Simone Veil la survivante de la Shoa ne versera pas de larmes. Elle ne pliera pas à l'infamie.

Les nazis n'ont réussis à l'anéantir, ce ne sont pas des députes odieux, des contestataires fielleux et des propos détestables qui auront raison d'elle. Impassible, Simone Veil continuera sa lutte pour le droit des femmes .
Aujourd'hui, son action est reconnue est exemplaire.

Là aussi , Simone Veil, était en avance sur son temps. Son action d'avant garde a été reconnue par les pouvoirs politiques de toutes tendances et la société française et même au-delà.
À l'occasion de sa réception à l'Académie française en 2010, Jean d'Ormesson lui rend hommage qui résume bien la place éminente de cette femme d'exception dans l'Histoire : - Il y a en vous comme un secret : vous êtes la tradition même de la modernité incarnée. Je vous regarde Madame : vous me faites penser à ces grandes dames d'autrefois dont la dignité et l'allure imposaient le respect. Et puis je considère votre parcours et je vous vois comme une de ces figures de proue en avance sur l'histoire.

La chercheuse Marie Curie, Prix Nobel de physique en 1903 et Prix Nobel de chimie en 1911, a révolutionné certains aspects de la médecine de guerre en mettant sur pied une unité de petites voitures équipées d'un appareil à rayons X. Baptisées - petites curies - , ces véhicules peints en gris et marqués d'une croix rouge ont sillonné les arrières des champs de bataille pour porter secours aux blesses et mettre a disposition des médecins le dispositifs de radiographie permettant de localiser avec précision les projectiles à extraire.

Cette invention d'un grand génies scientifiques de l'époque a permis d'éviter des gangrènes, des amputations, et sauvé de nombreux soldats.
Suite au succès, de cette opération, Marie Curie sera nommée directrice des services radiologiques de l'armée. Avec sa fille Irène âgée de 18 ans, elle forma alors des infirmières dans cette nouvelle spécialité de radiologue sur le terrain.
Au total, l'illustre chercheuse a mis en place des structures efficaces de jeunes femmes radiologiques et 150 postes fixes de radiologie dans les hôpitaux militaires.

Apres la guerre Marie Curie continue ses recherches avec sa fille. Mais manquant d'argent, elle reçoit une aide financière conséquente d'une fondation américaine animée par une journaliste, Mary Mattingly, qui a lancé une souscription auprès des femmes américaines. L'opération est un succès. À force d'avoir été exposée à des éléments radioactifs, Marie Curie sera atteinte d'une leucémie et décèdera le 4 juillet 1934 à67 ans.

Elle n'aura pas le temps de voir sa fille Irène et son gendre Frederic Joliot recevoir, le 4 novembre 1935, le quatrième prix Nobel - chimie - de la famille.

- L'ouvrière, toujours debout, saisit l'obus, le porte sur l'appareil dont elle soulève la partie supérieure. L'engin en place, elle abaisse cette partie, vérifie les dimensions c'est le but de l'opération, relève la cloche, prend l'obus et le dépose à gauche.
Chaque obus pesse sept kilos. En temps de production normale, 2500 obus passent en 11 heures entre ses mains. Comme elle doit soulever deux fois chaque engin, elle soupèse en un jour 35.000kilos.
Au bout de trois quarts d'heure, je me suis avoué vaincue.