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Bibliographie de Michel Nodin   (3)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Léon-Paul Fargue (1876-1947)
Poésies, Gallimard

Une odeur nocturne, indéfinissable et qui m'apporte un doute obscur, exquis et tendre, entre par la fenêtre ouverte dans la chambre où je travaille.
Mon chat guette la nuit, tout droit, comme une cruche... Un trésor au regard subtil me surveille par ses yeux verts...
La lampe fait son chant léger, doux comme on l'entend dans les coquillages. Elle étend ses mains qui apaisent; J'entends les litanies, les choeurs et les répons des mouches dans son aréole. Elle éclaire les fleurs au bord de la terrasse. les plus proches s'avancent timidement pour me voir, comme une troupe de nains qui découvre un ogre...
Le petit violon d'un moustique s'obstine. On croirait qu'un soliste joue dans une maison très lointaine... Des insectes tombent d'une chute oblique et vibrent doucement, sur la table. Un papillon blond comme un fétu de paille se traîne dans la petite vallée de mon livre...
Une horloge pleure. Des souvenirs dansent une ronde enfantine...
Le chat se fend à fond. Son nez dessine en l'air quelque vol invisible... Une mouche a posé ses ciseaux dans la lampe...
des bruits de cuisine s'entassent dans une arrière-cour. Des voix contradictoires jouent à pigeon-vole. Une voiture démarre. Un train crie dans la gare prochaine. Une plainte lointaine et longue s'élève...
Et je pense à quelqu'un que j'aime, et qui est si petit d'être si loin, peut-être, par-delà des pays noirs, par-delà des eux profondes. Et à son regard qui m'est invisible...
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Charles Beaudelaire (1821-1867)
Petits Poèmes en prose

Les Fenêtres

Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.
Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mure, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.
Peut-être me direz-vous : "Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? " Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir qui je suis et ce que je suis ?
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Arthur Rimbaud (1854-1891)
Poésies

Le buffet

C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et versa dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement les grandes portes noires.
Octobre 70.
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Jules Laforgue (1860-1887)
Poésies

Spleen

Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.
En haut ciel gris et rayé d'une éternelle pluie,
En ba la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.

Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah ! Sortons, je verrai peut-être du nouveau.

Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...

Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul, je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
7 novembre 1880
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Joachim du Bellay (1522-1560)
Les Regrets

J'aime la liberté, et languis en service,
Je n'aime point la Cour, et me faut courtiser,
Je n'aime la feintise, et me faut déguiser,
J'aime simplicité, et n'apprends que malice ;

Je n'adore les biens, et sers à l'avarice,
Je n'aime les honneurs, et me faut les priser,
Je veux garder ma foi et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice ;

Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J'embrasse le plaisir, et n'éprouve qu'ennuis,
Je n'aime à discourir, en raison je me fonde ;

J'ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager,
Ne suis-je pas, Morel, le plus chétif du monde ?
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Raymond QUENEAU (1903-1976)
L'instant fatal

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu'on les aime
pour écrire un poème
on sait pas toujours ce qu'on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler un poème
mais d'autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d'extrême
on poème.
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