L’amour peut être parfois une forme de cannibalisme très agréablement pimentée. Tu vois, on commence toujours par se dévorer des yeux, ce qui est que tu le veuilles ou non, une programmation du plaisir que donne le regard sur le plat, puis on se mordille, on se goûte et même on se lèche. On dit en parlant d’amour qu’on aime les plaisirs de la chair et en parlant de la chair on évoque sa tendreté ou selon certains endroits privilégiés sa fermeté. N’est-ce pas tout un langage culinaire ?
Il n’y a plus de temps pour fuir, ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, et cet instant sera maintenant et jamais, il sera jusqu’à la fin… encore Alessandro Barrico… Julien pensa qu’en lui prêtant ce livre, c’était comme un message, un signe, qu’elle avait voulu lui adresser. Ou bien c’était lui qui le voyait comme cela, et ce n’était peut-être qu’une simple coïncidence, mais si surprenante. Il le sentait qu’elle le cherchait parfois le temps pour fuir, et aussi la force pour résister, il les avait vus ces yeux qui devenaient plus sombres quand elle s’enfuyait.