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Citation de Aquilon62


Sur la colline de l’Acropole, à l’heure où les ombres s’allongent, les murs du temple d’Érechthée prennent une couleur de pêche mûre. Les cariatides qui soutiennent le baldaquin du tombeau de Kekrops, le roi légendaire d’Athènes, semblent vibrer sous la caresse du couchant. Au loin, la mer scintille entre les caps qui ferment le port du Pirée. Les îles se dissipent dans la brume, Salamine devient imperceptible et le ciel flamboyant embrase la surface de l’eau ; l’horizon se brouille, il n’y a plus d’autre ligne droite que celles des colonnes et des frontons des temples. Sur le mur de la cella du Parthénon, la foule en procession pour les Panathénées s’immobilise.
On dirait que le soleil oblique, en précisant les ombres, souligne des contours que l’on avait crus à peine esquissés dans la pierre. Au Nord, les hoplites et les cavaliers ont revêtu leurs habits de fête. À l’est, les dieux attendent leurs hommages dans l’ombre, impassibles et muets.

[...] je sais bien qu’il s’agit là d’une illusion d’optique. Que les motifs des monuments de l’Acropole, les caissons de leurs plafonds, les personnages des frises, des frontons, étaient rehaussés de couleurs vives. Que la blondeur chatoyante qui nous émerveillé est celle de la pierre d’un monument en ruine, décapé par le temps. Mais si la disparition des couleurs a transformé l’aspect des édifices, elle ne les a pas dénaturés. En les privant de la polychromie qui en soulignait le décor, elle les a rendus à leur seule architecture, elle y a intégré les chefs-d’œuvre de la sculpture qui lui avaient été surajoutés. Elle nous en a révélé, plus encore qu’à leurs contemporains, peut-être, le sublime. Car, à l’égal des pyramides de Gizeh, du Panthéon de Rome, de Sainte-Sophie de Constantinople, le Parthénon est l’un de ces rares monuments qui se suffisent par leurs proportions, leurs formes ; qui n’aient nul besoin, justement, d’être décorés parce qu’ils parviennent, par leurs propres forces, à la plénitude.
(INCIPIT)
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