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EAN : 9782251450544
320 pages
Les Belles Lettres (27/10/2021)
4.17/5   3 notes
Résumé :
« Telle est la sombre grandeur proposée désormais à l’historien contemporain : consacrer ses efforts à discréditer les auteurs anciens en montrant à quel point ils avaient été tributaires de leurs aveuglements ; souligner les lacunes, la myopie, l’extravagance de leurs jugements ; débusquer préjugés de classe et stéréotypes de genre ; dresser l’inventaire, la généalogie de leurs successives réinterprétations par chaque génération.
Tenir en revanche leurs œuvr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
SUJET N°1 :
Qu'est-ce que la démocratie ?

SUJET N°2 :
Démocratie classique et démocratie moderne

SUJET N°3
Commentaire de texte :
"Il faut faire de la politique, mais il faut savoir qu'il n'y a pas que la politique. Parce que la France n'est pas seulement une réalité politique. Parce qu'elle est aussi une famille de familles réunie par une espérance partagée, la foi qui nous fut longtemps commune. Il nous appartient de nous conduire en héritiers de cette famille qu'illustre le cortège immense de nos héros et de nos saints. Cela exige d'entretenir en nous l'amour et la connaissance de notre Histoire ; l'admiration pour nos cathédrales, nos églises romanes, nos châteaux et nos sanctuaires, les palais de nos rois, les alignements de nos buis, les quatrains de nos poètes, les merveilles de notre littérature, la geste de nos héros, la douceur de nos collines. La France est ce pays dont les paysages portent plus qu'aucun autre, peut-être, la marque et la patine du long travail du temps. Où les routes serpentent dans la carte du Tendre, où les montagnes couronnées de neige plongent leurs parois brutes dans l'azur enchanté de la plus belle des mers ; où les forêts elles-mêmes élèvent leurs futaies comme la voûte d'ombre d'une cathédrale ; où surgissent, de la moindre colline, de somptueux châteaux ; où les coteaux taillés en espaliers pour y accueillir des alignements de vignes surplombent des fleuves qui tendent le miroir de leurs eaux argentées vers le bleu profond du ciel. Elle est ce pays qui a vu naître la chanson de geste et les comédies de Molière, l'amour courtois des fabliaux et les Pensées de Pascal, les bergeries de Rousseau, les tragédies de Corneille et les raffinements délicieux et pervers De Laclos. On y a bâti le Mont-Saint-Michel et la basilique de Vézelay, Notre-Dame de Paris et la cathédrale de Beauvais, Cluny, Cîteaux, Fonfroide, Fontainebleau, Chantilly et Versailles. On y a inventé les jardins de Le Nôtre et joué Les Plaisirs de l'île enchantée ; créé Les Indes galantes, La Damnation de Faust et le Prélude à l'après-midi d'un faune ; mis en musique le cantique de Racine sur un air de Gabriel Fauré, la légende Rebecca sur une composition de César Franck ; on y a sculpté Notre-Dame de Grâce et l'Ange de Reims ; conçu le portail de Conques et la Porte de l'enfer de Rodin ; peint le retable du Maître de Moulins, les ports de Claude Lorrain, la promenade du chancelier Séguier et la mort de Sardanapale, Impression soleil levant et Les Coquelicots ; on y a écrit La Princesse de Clèves et La Comédie humaine, Une saison en enfer et À la Recherche du Temps perdu, Madame Bovary et La Chartreuse de Parme, Booz endormi et Le Dormeur du val, Les Fleurs du mal et le Diable au corps, La Reine morte et le Hussard sur le toit, Antigone, Aurélien et Voyage au bout de la nuit ; on y a tourné Le Schpountz et La Grande Vadrouille, La Kermesse héroïque et Les Tontons flingueurs, Baisers volés et Plein Soleil, Un taxi pour Tobrouk et Que la fête commence, Tous les matins du monde et La Grande Illusion, Les Enfants du paradis, Drôle de drame, les Diaboliques et Flic ou voyou. On y a multiplié les grands crus, les fromages, inventé la baguette, mis au point la recette du turban de filets de sole à la carmélite, le buisson de mauviettes en cerises et la poularde en demi-deuil. On y a donné corps et âme à Cyrano et D Artagnan.
Il nous appartient d'entretenir en nous et d'insuffler à nos descendants la fierté de l'héritage reçu en même temps que l'humilité de nous reconnaître débiteurs de ceux qui nous l'ont transmis."
Extrait du Cabinet des Antiques - Michel de Jaeghere - Pages 534 à 535

Si on considère que c'est de la philosophie vous avez 4 heures.
Si on considère que c'est de l'histoire vous avez 4 ou 3 heures selon votre série.

Pour y répondre la meilleure des solutions est se plonger dans cet ouvrage, et autant le dire tout de suite l'érudition dont fait preuve l'auteur ne connaît, aucune limite.
Car c'est du grand art que de réussir à rassembler dans une seul et même ouvrage des sources aussi différentes, diverses et diversifiées qui vont de l'Antiquité (avec par exemple Aristote, Cicéron, Euripide, Hérodote, Saint Augustin ou Xénophon) au oeuvres médiévales, modernes et contemporaines (Tocqueville, Chateaubriand, Condorcet, Hitler, Montesqieu ou Rabelais).
Et l'auteur réussit ce pari avec maestria. Alors certes par moment le propos peut être plus incisif et sujet à discussion. Mais on ne pourra jamais reprocher le manque d'argumentation et de clarté dans chacun des sujets abordés.
C'est magnifiquement écrit, jamais ennuyeux et c'est une source de connaissances inépuisables à laquelle l'auteur nous propose de nous abreuver.
Nous sommes très loin des idées lancées à l'emporte-pièce par des démagogues en mal de notoriété ou de reconnaissance voire les 2 à la fois, et pour qui l'important est plus sûr la forme que le fond.

À propos sur le titre même le Cabinet des Antiques, il pourrait faire référence au livre d'Honoré de Balzac qui désigne le milieu de cette vieille noblesse de province, ruinée par la Révolution et oubliée par les Bourbons restaurés.
Mais la référence est tout autre, et c'est l'auteur qui nous donne la clé

"Louis XIV avait à Versailles son cabinet de Médailles, qu'il ouvrait volontiers à ses visiteurs de marque, comme faisaient tous les princes, les riches aristocrates de son temps. Mazarin avait sa propre galerie d'antiques, qu'il parcourait, à la fin de sa vie, en disant : « Il faut quitter tout cela ! » Ces trésors suscitaient alors une admiration d'autant plus vive que les élites étaient nourries depuis l'enfance par la lecture, l'étude des auteurs de l'Antiquité classique, la méditation des exemples de comportements et de situations que proposait l'histoire antique, où l'on croyait pouvoir trouver des réponses universelles. Rabelais s'est moqué de cette éducation passéiste et livresque."
Et de poursuivre
" Nos Modernes ont choisi d'aiguiser plutôt les esprits par le calcul, les chiffres, la tyrannie des mathématiques et des sciences naturelles, convaincus qu'il y avait plus de sagesse dans la connaissance des ressorts cachés des lois de l'univers que dans l'improbable quête de celles de la nature humaine. Cette révolution a suscité les progrès indiscutables de la science, de la médecine, les facilités des transports, la circulation numérique de l'information, l'amélioration exponentielle de notre confort. Elle nous a fait bénéficier d'une pluie de gadgets sans lesquels nous n'imaginons plus notre vie quotidienne. Elle nous a éloignés des interrogations sur les ressorts de l'âme humaine. Sommes-nous bien certains de n'avoir rien perdu au change ? "

Une chose est certaine c'est que ce livre a pour lui de nous emmener aux sources de notre civilisation, et de nous proposer un voyage engagé, riche et sinueux, mais tellement passionnant.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La démocratie athénienne repose certes sur des principes très différents de ceux qui fondent le régime dans lequel nous vivons. Par la place qu’elle fait aux lois divines, à la loi naturelle, à l’autorité des traditions, elle en est même parfois le contraire. S’autoriser de la beauté de l’Acropole ou du génie de Platon pour justifier le triomphe de la démocratie contemporaine, c’est se parer à peu de frais des plumes du paon. La démocratie athénienne est un régime politique qui a eu ses grandeurs et ses faiblesses, ses avantages et ses inconvénients, ses ombres et ses lumières. Le drame est qu’il semble bien qu’elle ait tenu ses ombres de ce qu’elle a de commun avec nous, tandis qu’elle a dû ses grandeurs à tout ce qui nous sépare d’elle. La démocratie athénienne n’est pas le despotisme, mais il se pourrait bien que ce que nous lui avons emprunté, insensiblement, nous y mène.
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La mondialisation économique (avec l’apparition de sociétés multinationales dont les moyens d’agir, désormais analogues ou supérieurs à ceux d’un État, sont mobilisés en faveur de l’ouverture des marchés à leurs productions) et la révolution technologique qui a vu l’apparition d’Internet et le règne des « Gafa », ont démultiplié, depuis, les risques de manipulation de l’opinion en rendant les nouveaux acteurs capables de faire naître et de développer à loisir des désirs irrésistibles, des peurs incontrôlables, qui, fondés sur l’image et le mimétisme, échappent à toute argumentation. La surinformation née de l’apparition des chaînes d’information permanente et de la multiplication des réseaux sociaux aggrave le phénomène en saturant les esprits de connaissances inutiles et contradictoires. Comme la crise engendrée par la pandémie de Coronavirus l’a montré ad nauseam, elle provoque l’amnésie (le flot des nouvelles informations chassant les précédentes à un rythme toujours plus soutenu) en même temps que l’affolement du discernement, la dictature de l’émotion fugitive. L’ensemble rend presque inévitable la stigmatisation de ceux qui prétendraient opposer à la satisfaction des revendications nouvelles ou à la prévention des grandes peurs relayées par les mêmes canaux, la barrière de règles immuables, le respect de principes millénaires, encore considérés, il y a peu, comme consubstantiels à notre civilisation. Il encourage leur désignation comme autant de boucs émissaires, coupables d’entraver le progrès de l’humanité, son irrésistible marche en avant vers un monde sans détermination, sans souffrance, sans contrainte. À terme, se profile l’appel à la violence, symbolique ou réelle, contre ceux qui prétendraient faire obstacle, par des considérations désuètes (des préoccupations morales hors d’âge, des précautions justifiées par le souci d’un avenir qui « n’a pas d’électorat ») au mouvement irrésistible de l’histoire.
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Sans doute encore les exigences de la cancel culture font-elles chaque jour sentir plus étroitement leur emprise sur la liberté de pensée et d’expression, exigeant de nous désormais que soient reniées les figures de notre passé, revisités les épisodes de notre histoire, bannis les héros de notre littérature pour avoir participé, consciemment ou inconsciemment, au « racisme systémique » qui a assuré trop longtemps la domination patriarcale et oppressante de l’homme blanc ; que nous fassions nous-mêmes, en tant qu’Européens, et dans la pure tradition des procès de Moscou, notre autocritique en demandant pardon, à genoux pour notre injuste hégémonie (larmes et sanglots sont appréciés : ici s’arrête la culture du ricanement, le « droit au blasphème », on ne plaisante plus) ; que nous abandonnions nos manières de penser, de parler et d’écrire pour les soumettre à un reformatage qui va jusqu’à la grammaire, jusqu’à l’orthographe ; que nous acceptions, corrélativement comme une punition rédemptrice (en même temps qu’un bienfaisant enrichissement) l’invasion de nos pays par des masses déracinées du tiers-monde ; que nous consentions, plus généralement, à sortir sur la pointe des pieds de l’histoire en espérant trouver la justification de nos fautes dans l’abolition de notre être.
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Sur la colline de l’Acropole, à l’heure où les ombres s’allongent, les murs du temple d’Érechthée prennent une couleur de pêche mûre. Les cariatides qui soutiennent le baldaquin du tombeau de Kekrops, le roi légendaire d’Athènes, semblent vibrer sous la caresse du couchant. Au loin, la mer scintille entre les caps qui ferment le port du Pirée. Les îles se dissipent dans la brume, Salamine devient imperceptible et le ciel flamboyant embrase la surface de l’eau ; l’horizon se brouille, il n’y a plus d’autre ligne droite que celles des colonnes et des frontons des temples. Sur le mur de la cella du Parthénon, la foule en procession pour les Panathénées s’immobilise.
On dirait que le soleil oblique, en précisant les ombres, souligne des contours que l’on avait crus à peine esquissés dans la pierre. Au Nord, les hoplites et les cavaliers ont revêtu leurs habits de fête. À l’est, les dieux attendent leurs hommages dans l’ombre, impassibles et muets.

[...] je sais bien qu’il s’agit là d’une illusion d’optique. Que les motifs des monuments de l’Acropole, les caissons de leurs plafonds, les personnages des frises, des frontons, étaient rehaussés de couleurs vives. Que la blondeur chatoyante qui nous émerveillé est celle de la pierre d’un monument en ruine, décapé par le temps. Mais si la disparition des couleurs a transformé l’aspect des édifices, elle ne les a pas dénaturés. En les privant de la polychromie qui en soulignait le décor, elle les a rendus à leur seule architecture, elle y a intégré les chefs-d’œuvre de la sculpture qui lui avaient été surajoutés. Elle nous en a révélé, plus encore qu’à leurs contemporains, peut-être, le sublime. Car, à l’égal des pyramides de Gizeh, du Panthéon de Rome, de Sainte-Sophie de Constantinople, le Parthénon est l’un de ces rares monuments qui se suffisent par leurs proportions, leurs formes ; qui n’aient nul besoin, justement, d’être décorés parce qu’ils parviennent, par leurs propres forces, à la plénitude.
(INCIPIT)
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Le soir venu, je retourne chez moi et j’entre dans mon cabinet, je me dépouille sur la porte de mes habits de paysan, couverts de poussière et de boue, je revêts mes habits de Cour ou mon costume, et vêtu décemment, je pénètre dans le sanctuaire antique des grands hommes de l’Antiquité. Reçu par eux avec bienveillance, je me repais de cette nourriture qui, seule, est faite pour moi, et pour laquelle je suis né. Je ne crains pas de m’entretenir avec eux, et de leur demander compte de leurs actions. Ils me répondent avec bonté ; et pendant quatre heures de temps, je n’éprouve aucun ennui, j’oublie mes peines, je ne crains ni la pauvreté, ni la mort, je me transporte en eux tout entier.

Machiavel, XXVI ème  lettre à Francesco Vettori,10 décembre 1513.
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