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Citation de Musa_aka_Cthulie


Les personnages du théâtre élisabéthain sont souvent très stylisés, encore marqués par des types fortement contrastés, aux contours nettement délimités et en nombre relativement restreint : le scélérat (villain), le mélancolique, le bouffon, le vengeur, le soldat fanfaron (braggart soldier) héritier du miles gloriosus de la comédie latine, font partie d'une sorte de galerie de rôles obligés. Le trait est souvent accentué jusqu'à l'outrance, notamment dans le contraste entre les générations : les jeunes gens sont souvent encore des adolescents et les parents des vieillards parfois presque séniles, si bien que l'on a l'impression d'avoir affaire à des relations entre grands-parents et petits-enfants plutôt qu'entre parents et enfants.
La définition des caractères est assez rigide et quelque peu figée, ce qui lui confère un certain systématisme : il y a adéquation parfaite entre ce que les personnages sont et ce qu'ils font. Les comportements, déterminés par des règles inspirées de la Rhétorique d'Aristote et des Caractères de son disciple Théophraste, ainsi que la théorie des humeurs [...], peuvent être déduits avec une quasi-certitude. Cela n'exclut pas pour autant les comportements imprévisibles, mais lorsqu'ils se produisent, ils sont perçus comme étant en contradiction avec le caractère. Or, une telle contradiction ne peut se résoudre qu'au bénéfice du caractère, qui prévaut toujours sur le comportement, tout comme le sens des mots l'emporte toujours sur l'intention dans laquelle ils ont été prononcés. La conclusion qui s'impose "naturellement" dans ces cas-là est celle d'un revirement de caractère aussi complet que soudain. Le théâtre élisabéthain ne met pas en scène de personnages évoluant de manière progressive : lorsqu'ils changent, c'est en leur contraire. L'une des illustrations les plus frappantes de ce type de revirement est fournie par le personnage de Iago, flanqué de l'épithète quasi-homérique de honest, qui se révèle à la fin de la pièce une incarnation du mal absolu.

Chapitre 4 : Le théâtre élisabéthain : tradition et innovation
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