Café matinal
La nuit, quand pavoise la lune,
je rêve de ce soleil brun,
de ce louis qui devient fortune
dans la cassette de mes mains.
Voiles dehors, il chante, il fume.
C'est le bol de vie qu'il me tend.
Bon an mal an, je me consume,
à la jeunesse il se suspend :
Sa jeunesse de brésilien,
muscles d'or, entrain sans limites
où parfois se loge un parfum
d'Arabie qu'on dit saoudite. . .
Tout ce qu'on peut loger dans l'homme
à l'année ou sur le moment,
de bonnes, de mauvaises pommes
au verger cru des sentiments,
je m'en décharge en te buvant,
ô café, mes noires délices !
toi que je veux l'ami complice
du dernier matin qui m'attend.