La maison amie
Elle attendait de tout son toit
son poids de soleil et d'amis,
des marguerites dans les doigts,
du blanc sur la table et les lits.
On y croquait l'olive verte,
on y poignardait le gigot
en laissant la fenêtre ouverte
le grand air n'est jamais de trop.
D'abord on parlait doucement
puis l'on faisait des mots
des sortes d'éclaboussements
de bonheur à chaque propos. . .
Café matinal
La nuit, quand pavoise la lune,
je rêve de ce soleil brun,
de ce louis qui devient fortune
dans la cassette de mes mains.
Voiles dehors, il chante, il fume.
C'est le bol de vie qu'il me tend.
Bon an mal an, je me consume,
à la jeunesse il se suspend :
Sa jeunesse de brésilien,
muscles d'or, entrain sans limites
où parfois se loge un parfum
d'Arabie qu'on dit saoudite. . .
Tout ce qu'on peut loger dans l'homme
à l'année ou sur le moment,
de bonnes, de mauvaises pommes
au verger cru des sentiments,
je m'en décharge en te buvant,
ô café, mes noires délices !
toi que je veux l'ami complice
du dernier matin qui m'attend.
Certitude
Je vis. Je suis bien.
Des festons d'oiseaux brodent mes matins.
Je sens le soleil, doux comme un museau
qui cherche ma main.
L'amitié m'emplit.
Je suis ce fruitier sans manque et sans pli
quand l'été revient.
J'écris grâce au grand courage des mots
qui me soutient.
Des enfants peuplent mon visage.
Sans peur je me jette au cou de mon âge. . .