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Citation de migdal


Parmi ceux qui survécurent à Jacob Pietersz et à ses compagnons de mutinerie, rares furent ceux qui connurent une fin heureuse.
Ce fut pourtant le cas de Johannes Van der Beeck. Torrentius, au nom duquel Jeronimus fut accusé du meurtre de cent
quinze personnes des deux sexes et de tous les âges, ne purgea que deux des vingt années de prison auxquelles il avait été condamné pour hérésie - et encore, dans des conditions de détention plus que confortables, puisqu'il disposait d'une bonne ration de vin et pouvait recevoir des visiteurs dans sa cellule. Sa femme Cornelia, dont il était pourtant séparé depuis quatorze ans, fut parmi les plus assidus de ses convives. Elle avait l'autorisation de venir lui tenir compagnie jusqu’à deux semaines d'affilée.

Torrentius pouvait compter sur des alliés puissants, en Hollande comme en Angleterre. Parmi ses relations figurait le prince Frederik Hendrik d'Orange en personne, stadholder de la République de Hollande, qui tenta sans succès d'obtenir la libération du peintre peu après sa condamnation. Le roi Charles Ier d'Angleterre, un autre illustre admirateur de Van der Beeck, semble n'avoir pas été trouble outre mesure par ses hérésies. En 1630, il écrivit en Hollande pour demander que Torrentius soit envoyé à la cour d'Angleterre. Contre l'avis des bourgmestres de Haarlem, Frederik Hendrik accepta de lui accorder son pardon et, en retour, Charles promit que dans son royaume le peintre «serait autorise a exercer son art, mais pas sa langue impie». Sir Dudley Carleton, l'ambassadeur d'Angleterre qui fut chargé d'escorter Van der Beeck pour le ramener à la cour royale, s'en fit une opinion relativement favorable, puisqu'il le décrivit comme n’étant « certes pas aussi angélique que le prétendent ses amis, mais pas aussi diabolique qu'au dire de ses ennemis». La grâce de Torrentius fut signée le 11 juillet 1630, quatre jours après l'arrivée des premiers vaisseaux de la flotte des Indes à Rotterdam, et bien avant que la nouvelle du naufrage du Batavia - et donc le rôle qu'avait pu y jouer le peintre, en tant qu'inspirateur de Cornelisz - ait eu le temps de s’ébruiter. On peut se demander si la décision de gracier Torrentius eût été maintenue, au cas où la flotte serait arrivée une semaine plus tôt.

De 1630 à 1641 ou 1642, Van der Beeck vécut à la cour d’Angleterre où il semble avoir «fourni plus de motifs de scandale que de satisfaction » selon la formule de Horace Walpole. Il peignit relativement peu. Finalement, la pension qu'il recevait du roi fut supprimée pour cause de guerre civile et le peintre regagna discrètement la Hollande. N'ayant plus un sou vaillant, il dut se faire entretenir par sa vieille mère jusqu’à sa mort, qui survint en février 1644. Les autorités calvinistes l'avaient soit oublié, soit pardonné, car le célèbre hérétique de Haarlem fût enterré en terre consacrée, dans les murs de l'église nouvelle d'Amsterdam.
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