AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de belette2911


Dans mon logement, je ne trouve pas ma place. Je vais et je viens sans but entre des murs muets. Mon passé est chargé de souvenirs sanglants et de chagrins profonds tandis que l'avenir m'apparaît sombre.

Comme si j'étais mon propre fantôme, j'erre, inquiet, dans les rues autrefois familières. Je ne suis secoué de ma profonde léthargie que lorsqu’il me semble rencontrer les miens parmi les passants.

Je supporte sans plaintes les douleurs de ma maladie et, prostré, je compte les mois qui passent ; nous sommes en octobre, déjà six mois se sont écoulés depuis ma libération.

Frileux, je m'assieds un après-midi près de ma cheminée et dans l'obscurité de la pièce j'essaye de trouver un peu de soulagement dans le rayonnement du foyer.

C'est l’heure crépusculaire et je laisse errer mes pensées sur tout ce que j'ai vécu.

La sonnerie retentit et tout de suite après la porte s'ouvre. Ma femme et mon enfant entrent. Elles ont été libérées dans le fameux camp d'anéantissement de Bergen-Belsen et c'est de là qu'elles reviennent en bonne santé.

Elles n'ont pu raconter que cela ; ensuite, elles n'ont cessé de sangloter durant des heures. Je n'ai pas essayé d'arrêter leurs pleurs.

Tant de souffrances, tant de peines refoulées ne pouvaient être contenues plus longtemps. Nous nous comprenions sans rien nous dire, et ce que nous éprouvions ne pouvait pas se dire avec des mots.

Maintenant, la vie reprend tout à coup un sens. Je recouvre mes forces et un vaste champ d'action s'ouvre devant moi. Je vais travailler de nouveau.

Ce sera désormais pour quelqu'un et pour quelque chose. Comme ce sera bon de pouvoir maintenant soulager les autres! Mais je ne veux plus jamais disséquer de cadavre.

Miklos Nyiszli
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}