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Citation de belette2911


La conscience de la liberté et le désir de grands espaces qui réveillent mes dernières énergies ont remplacé l'état de hors-la-loi. Malade dans mon corps et brisé dans mon âme, je prends le chemin du retour.

Ma route n'est pas facilitée et ma nostalgie persiste, car partout à la place des villes florissantes ce ne sont que ruines consommées par le feu et fosses communes des cimetières.

Je redoute la réalité et je crains de ne retrouver, dans mon foyer dévasté, ni parents, ni l'amour bienfaisant de ma femme, de mon enfant et de ma sœur.

Les brimades, les chagrins, les horreurs des crématoriums et des bûchers, les huit mois passés dans le Kommando des morts vivants ont estompé en moi le sentiment du bien et du mal.

Je sens qu'il faudrait me reposer, retrouver des forces. Mais je me demande si cela a un sens. D'une part, la fièvre de ma maladie me consume, tandis que le passé sanglant glace mon cœur.

Mes yeux ont accompagné deux millions d'innocents jusqu'aux chambres à gaz, et j’ai été témoin des horreurs des bûchers.

J'ai ouvert des centaines de cadavres sur l'ordre d'un médecin à la fois génial et dément, afin qu'une science bâtie sur des théories fausses profite du champ d'investigations illimité qu'étaient les milliers de victimes envoyées à la mort et pour que la même fausse science trouve sa justification.

J'ai coupé de la chair sur les cadavres de jeunes filles saines et j’en ai préparé de la nourriture pour les cultures de bactéries du docteur Mengele.

J'ai plongé les cadavres des estropiés et des nains dans du chlore ou bien je les ai fait bouillir durant des jours afin que des squelettes bien préparés parviennent dans les musées du Ille Reich pour justifier, devant des générations à venir, la nécessité qu'il y avait de détruire un peuple.

J'ai senti à deux reprises les ailes de la mort lorsque j’étais couché devant les armes des compagnies chargées d'exécutions sommaires.

J'ai dit adieu aux corps de trois mille camarades morts et ensanglantés, et je suis resté seul porteur des secrets.

J'ai marché durant des centaines de kilomètres à travers les champs de neige en luttant contre le froid pour devenir le prisonnier d'un autre camp de concentration.

J'ai parcouru un long chemin.
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