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Citation de belette2911


Début 1944. L'Hitlérisme sent l'approche de sa fin. A l'Ouest, et plus particulièrement en France, les peuples épris de liberté harcèlent sans cesse les troupes d'occupation.

A l'Est, l'armée russe inflige défaite sur défaite à l'envahisseur. Au cœur même de l'Allemagne, l'aviation alliée pilonne et détruit systématiquement l'arsenal nazi.

Ressemblant à la fois à un bandit traqué et à un sadique, pour revigorer le fanatisme des masses, le nazisme doit faire une nouvelle démonstration de force et de violence.

Fidèle à son habitude, il choisit de préférence une victime faible et inoffensive.

Dans la nuit du 14 au 15 mars 1944, les troupes allemandes occupent la Hongrie. Leur premier soin - mis au point depuis de nombreuses années - est de consigner à leur domicile les Juifs du pays.

Cette mesure, exécutée avant la fin même de la matinée, permet peu de temps après de rassembler et de parquer en divers points du pays cette population afin de la déporter plus aisément vers les camps de la mort.

C'est ainsi que le docteur Nyiszli a été déporté à Auschwitz en même temps que les habitants juifs de sa ville.

Les récits sur les camps et plus spécialement sur Auschwitz sont assez nombreux et du fait même de leur nombre ont contribué à créer une saturation.

Cependant je crois pouvoir affirmer que le journal du docteur Nyiszli relate certains faits qui, quinze ans après l'ouverture des dossiers des camps, demeurent encore mal connus.

En effet, alors même que les témoins et acteurs SS des scènes qu'a vues et vécues l'auteur ont été exterminés méthodiquement par ordre du haut-commandement allemand, afin que nul ne puisse raconter ce qu'il a vu, lui qui - par un hasard miraculeux - a pu échapper aux exécutions.

Le SS Obersturmführer docteur Mengele, médecin chef du Camp d'Auschwitz, a désigné le docteur Nyiszli pour les fonctions de médecin légiste et anatomiste des Sonderkommando.

Il faut savoir que ces derniers formaient un enclos isolé du reste de l'immensité du camp, où n'entrait personne d'étranger au service, fût-il SS.

L'inscription « Lasciate ogni speranza voi ch'entrate » qui aurait pu figurer sur l'immense portail du crématorium concernait non seulement le contingent quotidien des chambres à gaz, mais aussi le personnel des déportés du Sonderkommando qui étaient relevés tous les quatre mois, « relevés » étant dans ce cas un euphémisme qui signifie « exterminés ».

Avant la fin de la guerre, le même sort a été réservé au personnel SS des crématoriums.

C'est de ce commando des « morts vivants » que le docteur Nyiszli a échappé. Il nous porte le témoignage de ce qu'il y a vu et vécu.

Il est utile de savoir comment, au moment où le procès Eichman s'achève, six millions d'hommes sont morts parce que leurs ascendants proches ou éloignés étaient de religion israélite. Il s'agit là de crimes que ne peuvent atténuer ni le temps, ni le repentir, ni d'autres crimes commis ailleurs.

En consignant les faits relatés dans son journal, le docteur Nyiszli a voulu dresser sur le plan de l'histoire un monument qui rappelle une des périodes les plus sombres de l'Humanité.

J'aimerais qu'on puisse appliquer à son récit les vers d'Horace : « Exegi monumentum ierie perennius » et que son œuvre soit à travers les temps un memento du sinistre égarement d'une masse fanatisée.

(Préface du traducteur)
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