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Citation de Sepo


"Appelé à comparaître devant diverses commissions, j'avais pu fournir, par dizaines, les motifs qui m'avaient amené au communisme, mais ce qui, dans le mouvement, m'avait par-dessus tout fasciné, ensorcelé même, ç'avait été le volant de l'Histoire près duquel je me suis trouvé (ou ai cru me trouver). En effet, nous décidions alors réellement du sort des gens et des choses; et cela justement dans les universités: comme en ces temps les membres du Parti au sein des assemblées professorales se comptaient sur les doigts d'une seule main, les étudiants communistes, au cours des premières années, assumaient à peu près seuls la direction des facultés, décidant des nominations de professeurs, de la réforme de l'enseignement comme des programmes. L'énivrement que nous goûtions est appelé d'ordinaire griserie du pouvoir, cependant (avec un grain de bonne volonté) je pourrais choisir des mots moins sévères: nous étions envoûtés par l'Histoire; nous étions ivres d'avoir senti son corps sous nos fesses; dans la plupart des cas, ça finissait par tourner par une vilaine soif de puissance, mais (de même que toutes les affaires humaines sont ambiguës) il y avait en même temps là-dedans la belle illusion que nous inaugurions, nous, cette époque où l'homme (chacun des hommes) ne serait plus en dehors de l'Histoire ni sous le talon de l'Histoire, mais la conduirait et la façonnerait."

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