À un premier niveau d’analyse, le multiculturalisme semble désigner une caractéristique de fait des sociétés contemporaines, composées d’individus de milieux sociaux, de convictions religieuses, d’origines ethniques ou nationales différents. Dans ce sens descriptif, qu’on peut qualifier aussi de « démographique », il est synonyme de diversité. Mais cette multiculturalité qui caractérise la période contemporaine est-elle réellement nouvelle ? Les sociétés humaines ont été de tout temps culturellement et ethniquement différenciées, que cette différenciation ait été appréhendée en termes d’ethnie, de « race », de culture ou d’ethnicité.
« Multiculturel » et « multiculturalisme » sont des termes récents. L’adjectif est recensé pour la première fois dans la langue anglaise en 1941 où il désigne une société cosmopolite, composée d’individus sans préjugés ni attaches pour qui les nationalismes d’antan ne signifient plus rien [Lacorne, 2003]. Le substantif apparaît au début des années 1970 en Australie et au Canada pour qualifier des politiques publiques dont le but est de promouvoir et de valoriser la diversité culturelle, ainsi que de réévaluer les appartenances et identifications minoritaires. Tous les ouvrages dont les titres contiennent le mot « multiculturalisme » dans les années 1970-1980 sont soit canadiens, soit australiens [Glazer, 1997]. C’est seulement en 1989 que le terme est introduit dans l’Oxford English Dictionary. Depuis, il a bénéficié d’une popularité croissante.