AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Eppupuce


Calé contre l'évier en inox de la maison où nous nous trouvons pour la soirée, une bière à la main, je regarde, sans vraiment la voir, la foule aller et venir. Pour une fois que l'on décide de se pointer à une fête, il a fallu que Jagger traîne sa squaw dans son sillage. Je grince des dents en l'observant, elle, papillonner autour de mon pote. Des p'tits culs, y'en a cinquante au mètre carré et ce con n'arrive pas à se sortir l’Amérindienne de la tête. Déjà un an que cette nana lui a mis le grappin dessus et plus le temps passe, plus il ne jure que par et pour elle. En oubliant ses frères. En m’occultant moi. Un cul est un cul, une chatte... une chatte. Avec nos cuirs, nos bécanes et cette espèce de tension mystère qui nous entoure, nous avons pourtant l'embarras du choix, qu'à tendre la main pour ramasser... CQFC. Faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Habillé d'un jean usé, d'une paire de boots et d'un tee-shirt troué, y’a qu’à les voir me tourner toutes autour ce soir. Des abeilles jouissant devant un pot de miel. OK, je reconnais, même si c’est à contrecœur, qu'elle est plutôt mignonne malgré ses petits seins. De longs cheveux noirs et lisses, de grands yeux de biche effarouchée et une bouche qui donne envie de s'y enfoncer... Pocahontas, quoi.
Un ricanement s'étrangle dans ma trachée alors que je bois une énième gorgée de ma mousse. Depuis notre arrivée, j'ai cessé de les compter. La brume qui commence à m'envelopper me dit bien que j'aurais dû stopper ma conso au minimum sept ou huit cannettes plus tôt. Foutaises ! Pour remédier à ma future gueule de bois, j'en décapsule une nouvelle et l'avale à grandes lampées en fixant le couple avec insistance. Qu’il soit limite en train de baver devant elle me ruine la tronche. On est des Sanmdi’s Angers, merde ! Les serviteurs du Baron, Prince des Déchus et des Macchabées . Enfin, quasiment... encore une année à jouer les Prospects pour en faire enfin totalement partie. Alors je lutte contre l'envie de l'attraper par le colbac et de le secouer jusqu'à ce que Jagger comprenne que c'est à lui de mener la danse... Certainement pas à une petite meuf. Jamais. Laisser une gonzesse aux commandes signe le début des emmerdes. Quant à être amoureux comme ce cave paraît l'être, c'est la mort assurée. Je le sais pour avoir assisté aux premières loges à cette foutue déchéance. Tout à coup, il l'embrasse rapidement et ramène sa fraise vers moi, les yeux brillants. Ronchonnant, je croise les bras sur mon torse fin en dépit de mes efforts afin de lui donner un semblant de musculature.
— Qu'est-ce que tu veux, mec ? T'as besoin d’un tampon ?
— Quoi ? rit Jagger à gorge déployée en buvant sa bière.
— Bah ouais... il va finir par te pousser un vagin à force de rester avec elle H24.
Ses iris bleus voilés par l'excitation et l'alcool pétillent. Il prend appui à mes côtés et m'envoie un grand coup de coude dans le flanc me tirant une grimace. Il n'y est pas allé de main morte, bordel !
— Sois pas jaloux, bro... Tu veux être ma régulière ou quoi ?
— T'es malade, putain... je grogne en balançant ma teille dans l'évier sans me soucier de la tête de Sélina dont l’œil noir me poursuit.
Tu veux pas de problème, meuf ? N'invite pas des mecs que tu ne peux ou plutôt ne sais canaliser. Parce qu’après tout, je suis MadMadsen, non ? Depuis mon arrivée dans la famille Deverreaux à l’âge de onze ans, tout le monde me mate d'une drôle de façon. Déconcertée et pensive au mieux. Souvent hautaine et dubitative. Ces curieux sont devenus au fil du temps des nuisibles... Aussi, pour me blinder, j'ai choisi la fuite en avant. En résumé, un gros con doublé d'un baratineur en puissance. Et je l'assume pleinement. Je triche, je vole, je mens et maintenant je baise... mais toujours avec un immense rictus insouciant. Montrer les dents avant que l’on essaie de vous bouffer, voilà ma religion.
— Bon tu veux quoi ? Je me doute bien que t'as pas lâché ta planche à pain pour que dalle ? maugréé-je, une clope entre les lèvres.
— Arrête frère... Elle n'est pas si plate que ça, lance Jag avec un énorme sourire lui donnant une allure plus niaise encore qu'elle ne l'est déjà.
— Pitié, dis-moi qu’au moins tu la sautes, je soupire après avoir recraché la fumée de ma taffe par les narines. Que t'aies pas l'air branque pour rien...
Jagger se tourne à demi vers moi, le regard assombri, la bouche pincée... avant d'éclater de rire et de choquer sa bière contre la mienne. Enfin ! Il reste un brin de testostérone chez ce connard...
— Que ouais, gros ! Si tu savais ce qu'elle est bonne... OK, ses seins sont petits, mais ils tiennent parfaitement dans mes mains et...
— Et ? je ne peux m'empêcher de demander tout en reluquant Awan qui se trémousse sur la piste improvisée dans le salon.
— Et je devrais apprendre à fermer ma grande gueule. Elle m'arracherait les burnes si elle savait ce que je viens de te bombarder...
À son tour, il allume une cigarette, tire frénétiquement dessus, puis recrache la fumée :
— Écoute, les gonzesses veulent jouer à cette connerie de placard...
— De quoi tu te plains, tu vas tripoter ta nana entre les manteaux et les balais... Si ça, ce n'est pas la classe ma caille.
— Sauf que Boss m'a appelé. Une course à faire, il sait choisir son moment le Vieux... J'en ai pas pour longtemps. Fais-en sorte qu'Awan n'y aille pas sans moi. Elle a trop bu, je ne veux pas la laisser sans protection. Si un mec essaie... je ne sais pas... quoi que ce soit, tu le bousilles, OK ? Pigé, mon pote ?
Commenter  J’apprécie          00









{* *}